Au-Delà Des Apparences

JULIAN ( Epilogue 1/3)

Les cartons empilés dans le sas d'entrée de notre appartement,  je glisse un dernier regard en direction de la pièce maitresse de mon cœur. La seule -qui pendant des années- a su me persuader qu'elle était encore de ce monde. Notre chambre. 

L'odeur de sa peau flotte encore entre ses quatre murs. 

De mes doigts je viens dessiner dans le vide, les traits de son visage encore si présent dans mon esprit. Rien ne s'effacera. J'en suis maintenant persuadé. Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres à l'instant où mon annulaire gauche se met à me chatouiller.  Un signe de plus qui ne fait que me confirmer qu'ils seront à jamais avec moi. 

Où que j'aille.

— Je t'aime Charlie. Ne l'oublie jamais. Prends soin de notre petit ange.

Ma main sur la poignée, je referme avec douceur la couverture de mon premier livre. 

Cette pièce inondée d'amour, sera sans aucun doute possible l'endroit préféré des nouveaux acquéreurs. 

Un couple d'une vingtaine d'années à peine diplômé. 

Je mentirais si je vous disais les avoir choisi pour leur offre. 

Loin d'être au prix, je n'ai pu me résoudre à  refuser  leur proposition. 

Au premier regard, j'ai su que c'était eux. Comme un goût de déjà-vu. 

Mais cette fois, j'en suis persuadé, avec une fin digne d'un conte de fée.

— Tu es prêt, Julian ?

Un sourire sur le coin de la bouche, j'acquiesce à cette voix qui aura eu ma peau. Une voix à la tendresse toujours aussi envoûtante. 

Six mois où nos vies ont pris une sacrée claque. 

Une raclée, où j'ai réussi l'impensable. 

La protéger, coûte que coûte.

Jay a tout avoué. Meurtre avec préméditation. 35 ans de sureté. 

Un verdict  loin d'être à la hauteur de ce à quoi je m'attendais. 

Soyons honnête, même s' il avait bouffé la perpétuité, ce ne serait toujours pas assez.

Le seule solution aurait été que la fiction rejoigne la réalité. 

American Nightmare, le retour...

Tout au long du procès, mes yeux auraient dû rester fixés sur cet enfoiré. Ma haine aurait dû l'emporter haut la main. 

Mais ce ne fut pas le cas. 

Blottie contre ma poitrine, il n'y avait qu'elle. 

Juste elle, ses larmes, et mes - je t'aime - . 

Hors de question de la laisser plonger à son tour dans l'obscurité. Clément à ma droite serrant ma main à chaque jour de procès a compris.

Compris que cette fois, je serais le plus solide des trois. 

Je suis revenu. 

Et ça fait un bien fou. 

— Oui je suis prêt, je lui répond plus pour moi que pour elle.

Sans un mot de plus, je la rejoins sur le pas de la porte avant de me saisir de ses petites mains.

— Cadenasse-moi ce livre, mon petit bonbon, 

La voix tremblante, je ne lui laisse pas le temps de rétorquer. Un tendre baiser sur son front lui donne mon feu vert. 

Les yeux rivés sur l'imposante porte en bois, elle insère avec précaution la clé dans la serrure, avant de la tourner deux fois. Même de dos, je peux sentir les questions qui envahissent sa petite tête à cette seconde précise.