Au-Delà Des Apparences

Julian

Je suis en train de perdre pied. Totalement.

Lui donner l'espoir d'un ''nous'' possible, je n'aurai jamais dû.

Incapable de la fermer, j'ai prononcé la phrase de trop.

Une phrase à double tranchant, dont elle n'a pas encore conscience.

Une phrase qui je sais, changera à jamais notre relation si fusionnelle.

Mon petit bonbon. Ma Meghan.

Si seulement tu ne m'étais pas aussi vitale.

Si seulement je t'avais rencontré dans un contexte différent.

Si seulement tu n'étais pas sa petite sœur...

Tellement de ''si'', que la décision que je m'apprête à prendre sera irrévocable.

La toucher, je n'aurai jamais dû. Tout comme je n'aurai jamais dû apprécier la saveur de sa peau.

Un faux pas. Un seul foutu faux pas qui m'a fait chavirer corps et âme dans une autre réalité.

Un monde où mon cerveau merdique a osé imaginer un futur à ses côtés. Un futur bien loin d'un simple amour fraternel.

Putain... je n'ai rien vu venir.

Franchir cette ligne invisible parsemée de barbelés; sans aucun doute possible mon palpitant s'est fait la malle sans me demander mon accord.

Envoûté je le suis.

Et pourtant, je préfère prendre la tangente plutôt que d'accepter de me jeter à corps perdu dans un remake de Romeo et Juliette.

Maintenant reste à lui balancer tout ça dans la tronche, alors que je n'ai qu'une envie; croquer ses lèvres pleines que je ne quitte pas des yeux depuis deux bonnes minutes.

Rien qu'à son souffle rapide, je sais qu'elle n'attend que ça.

Mais ça n'arrivera pas. ça n'arrivera plus.

-Tu as gagné mon petit bonbon, je vais me reprendre en main. J'ai assez fait le con, tu as raison.

Ses doigts crispés sur mes épaules semblent déjà se douter que la suite ne sera pas rose. Mon sourire a disparu, le sien aussi.

-Je suis prêt à m'ouvrir de nouveau à une femme. Grâce à toi. Tu es mon ange gardien, je te l'ai toujours dit. La clef de mon bonheur, ça n'a toujours été que toi durant ses cinq dernières années. Mais je ne peux pas Meghan. Pas avec toi.

Parce que je crois que je suis en train de tomber foutrement amoureux de toi et ça me terrifie.

Mais ça je me retiens de le lui dire.

Je ne cherche pas à esquiver ses yeux. J'assume mes dires. Même si je suis loin d'assumer ce que me dicte mon cœur.

Dans tous les cas cet enfoiré me fait un peu trop défaut en ce moment.

Un coup de défibrillateur ne serait pas de trop.

Sa bouche s'entrouvre puis se referme aussitôt. Je sais ce qu'elle pense. Que cette fois, je ne plaisante pas. Et elle a raison. Pas de larmes à l'horizon, juste une détresse palpable dans ses grains de café.

Alors je n'attends pas plus longtemps pour enfoncer le clou jusqu'à la tige. Il faut que je fasse taire cette petite voix dans ma tête une bonne fois pour toute.

Ignorer ses foutus sentiments, je dois le faire.

- Tu es... bordel tu es la sœur de Charlie, Meghan. Sa petite sœur. Un petit joyau brut que je n'aurai jamais dû venir abîmer. J'ai fait le con hier soir. Putain, quel monstre irait baiser la sœur de sa propre femme ? dit moi Meghan ?