JULIAN

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Ce geste du pouce qu'elle effectue sur ma pommette gauche. Cette esquisse sur ma joue. Ce dessin qui s'anime sous son doigt... comme ma Charlie, le faisait.

Je devrais me détacher de cette proximité qui réveille mes vieux démons, mais je me surprends à incliner ma tête afin de me retrouver au plus près de sa paume.

Cette caresse, à cet endroit précis, a une signification toute particulière pour moi.

Je revois ma femme étendue sur le bitume, mon avant-bras maintenant l'arrière de sa tête. Je la revois apeurée et en larmes. Je la revois me caresser cette même pommette. Et je la revois, essayer de me graver de son pouce, un dernier petit croissant de lune... avant qu'elle ne rende, son dernier souffle.

Et comme si Blanche-Neige lisait dans mon esprit, elle retire rapidement ses doigts avec délicatesse. À la place, elle pose ses mains en coupe sur mon visage, toujours avec cette tendresse que je me surprends à apprécier chez une femme... autre que ma Charlie.

Elle se rapproche, encore, et toujours plus, mais quand je la sens trop proche de ma bouche, je bascule aussitôt ma tête de coté.

Je ne suis pas prêt, pour ça.

— Pas ma bouche, s'il te plaît. Je ne te demande que ça.

Ma voix est fragile et mon traître de corps qui se met à trembler, indique une certaine fébrilité que je déteste tant.

— Je ne te forcerais en rien, Julian. Sache-le. Tu peux partir à tout moment. Il te suffit juste de me le dire.

Je devrais me barrer, mais je ne le veux pas. Pourquoi ? Je l'ignore.Tout comme j'ignore pourquoi les caresses d'une inconnue, m'évoquent tant ma femme.

— Je veux que tu continues...

En réponse, elle colle sa poitrine nue contre mon torse, passe ses deux bras autour de mon cou, et avant que je ne comprenne ce qu'elle s'apprête à faire, elle a déjà ses jambes nouées à mon bassin.

— Pardon, j'aurai dû t'avertir. Mais vu ta musculature plutôt bien développée, je me suis dit que tu n'aurais pas de mal à supporter mon poids. Je ne suis pas trop lourde ?

Elle est parfaite...

— Chut... je lui souffle.

Je veux lui donner ce dont je ne suis plus habitué. Je veux prendre le temps d'apprécier sa peau, son odeur. Je veux que sa douceur, sa sensibilité, m'électrise de toute part.

Et je veux, pour l'heure qui va suivre, ressusciter une partie de moi endormie depuis ses cinq dernières années.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine et l'angoisse commence à envahir chaque parcelle de mon être au point de m'en déclencher la nausée.

J'ai l'impression d'être tombé à cheval et que la chute a entraîné une paralysie. Une paralysie morale, qui m'a fait changer du tout au tout. Prendre soin d'une femme, je ne sais plus comment faire, mais il faut que j'essaye.

J'ai besoin de savoir si l'ancien Julian fait toujours un peu partie de moi. Alors je commence par la plus simple des façons pour tenter une approche en douceur.

J'enfouis mon visage entre son cou et son épaule emprunt d'une légère appréhension, puis je laisse mon instinct me guider.

Hum...

La fragrance de vanille qui se dégage de son corps, est un pur délice. Cette odeur, à la fois enivrante et gourmande est tout simplement aphrodisiaque.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant