Au-Delà Des Apparences

MEGHAN

Cher journal,

Deux jours que Julian ne m'adresse plus la parole, et deux jours qu'il dort sur ce maudit canapé enveloppé dans cette petite couverture bleue et blanche tricotée par ma sœur pour la naissance de leur bébé.

Hier soir, avant qu'il ne s'endorme, j'ai de nouveau tenté d'engager un semblant de dialogue avec lui. Mais encore une fois il ne m'a pas laissé le temps d'ouvrir la bouche. Le dos tourné, il s'est contenté de me cracher au visage cette phrase qui ne cesse de tourner en boucle dans mon esprit.

'' Laisse-moi seul.''

Juste trois mots. Trois mots froids et distants. Trois mots qui m'empêchent de fermer l'œil depuis maintenant 48 heures.

Et s'il avait tout découvert ?

Non c'est impossible. Je ne peux pas le croire.

Pas après la réponse si profonde et intense qu'il a adressé à Blanche-Neige. Un message tellement puissant que la fleur bleue que je suis en a littéralement fondue en larmes.

Triste et heureuse à la fois je ne pensais pas cela possible, mais je sais à présent que ça l'est.

J'aurai tellement désiré que ses paroles me soient destinées à moi... et non à elle.

Ma crainte s'est confirmée, et il me faudra sans aucun doute redoubler d'efforts pour le convaincre qu'il n'a pas fait le bon choix.

Lire et relire cette sorte de poème, je ne fais que ça. De jour comme de nuit je laisse mes yeux s'imprégner de ses mots, je laisse mes pensées divaguer. Sa bouche sur la mienne, ses mains bien à leur place sur mon visage, son corps fusionnant avec le mien.

Je me condamne à un avenir incertain, je le sais. Je le sais, mais je n'abandonnerais pas pour autant.

Cette femme qui l'a envoûté c'est moi et uniquement moi. Et son cœur comme je le souhaitais, lui a enfin fait défaut.

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 Blanche-Neige, ma Blanche-Neige,

Je ne sais pas ce que tu m'as fait mais tu as réussi là où toutes ses femmes ont échoué. C'est peut-être bête ce que je vais dire, mais tu me fais penser à moi. Derrière ton apparence de femme fatale sûre d'elle et limite prétentieuse, se cache ce que j'aurai dû m'abstenir de voir.

Tes fissures sont si nombreuses que mes yeux n'ont pu passer outre la sensibilité que tu dégages.

J'aimerais me convaincre que tu es néfaste pour moi, que tu vas me réduire en miettes, mais l'horloge qui pulse dans ma poitrine, me prouve que tu es tout, sauf néfaste.

Je ne connais rien de toi et pourtant je ne peux m'imaginer à cet instant couper les ponts avec toi. Tu m'attires, je ne vais pas te le cacher mais j'ai besoin de temps. Tu sembles tellement bien me cerner que j'ai la trouille. Oui, je n'ai pas de honte à l'avouer. Tu perturbes ma boîte de pandore comme si tu avais accès à tous mes maux et ça, ça me fait peur.

Mais tu es aussi un putain d'aimant qui m'empêche de prendre la distance vitale afin de ne pas revivre ce que je m'obstine à oublier. Ce que je m'obstinais à oublier...

Laisse-moi un peu de temps... juste un peu. Une petite semaine tout au plus.

Mais sache que je veux te revoir, c'est tout ce que tu dois retenir de ce message. Je ne veux pas te blesser, je ne veux pas voir de larmes couler sur ton beau visage, voilà pourquoi ce temps m'est nécessaire.

Je te demande juste un peu de patience ma Blanche-Neige.

Je te recontacte très vite.

Julian 

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Julian, mon Julian...

Si tu savais comme cette déclaration m'a inconsciemment détruite. 

Savoir à présent que je ne suis plus la seule femme à te comprendre, savoir que tu te confies à elle comme tu ne t'ait jamais confié à moi, me fait mal.

Et si cette femme existait réellement, je crois que j'aurai définitivement perdu pied.

J'aurai tellement aimé que tu fasses le lien entre elle et moi dès notre premier regard, dès notre premier effleurement...

Au-delà des apparences, Julian. 

Il faut que tu ouvres les yeux maintenant avant qu'il ne soit trop tard. Avant que tu ne tombes amoureux d'un mirage qui te laissera définitivement à terre.

Nous avons passé tellement de temps ensemble que je ne comprends toujours pas comment tu n'as pas pu faire abstraction de cette apparence pour percevoir la femme qui se cachait derrière ce masque. Mon rire, aurait dû te mettre la puce à l'oreille. 

Tu aurais dû le reconnaître !

Où peut-être la tu reconnus mais que ton esprit s'est fermé à cette idée... c'est une possibilité.

Et je veux croire en cette possibilité.

C'est pourquoi je vais tout faire pour inverser la situation. Il faut que je parvienne à semer le doute dans ton être tout entier. Il faut que je te pousse à faire un choix. Un choix dont je dois à tout prix en ressortir heureuse. 

Dont ''nous'' devons absolument en ressortir heureux.

Notre départ est prévu pour ce soir et je ne sais toujours pas si je suis censée encore t'accompagner. 

Mais ce dont je suis sûre, c'est que sans explications de ta part sur la barrière tu as instauré entre nous, je ne te suivrais pas.

Je ne suis pas un pantin et si tu ne l'a pas encore compris, je vais vite te le faire comprendre.