JULIAN

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Mes épaules s'affaissent sous le sérieux et la détermination qui enrobent sa voix. 

Je ne suis plus apte à répondre de moi. 

La marge de négociation semble nulle, voir même impossible à la vue de ses doigts qui s'aventurent sur les boutons de ma chemise avec avidité. 

Je devrais la stopper, lui dire que c'est une très mauvaise idée, mais je ne suis plus en capacité de réagir.

Mes yeux ne quittent pas son visage qui lui est concentré sur mon torse, où les deux pans de coton flottent désormais sur mes flancs. La pointe érigée de ses seins ont beau me faire des appels de phare bien éblouissants, je ne céderais pas à leurs avances. 

Sous cette semi-obscurité, malgré ce dessert qui ne demande qu'à être dévoré, seule la teneur de ses prunelles m'importent.

Je vais tenir ma promesse, elle peut compter sur moi. Mais à ma façon.

Cette femme est ma Joconde. Une œuvre d'art d'un mystère absolu et d'une beauté rare. Précieuse et unique, je dois me contenter de l'admirer. Juste la contempler pour ne pas ternir son éclat d'une perfection sans pareil.

La salir ferait de moi un enfoiré de première. Elle est bien trop importante pour mon équilibre.

Pourtant ce soir, j'ai failli.

Ses lèvres ensorcelantes ont déjà eu raison de ma faiblesse. J'ai tenté de résister à l'appel du péché, mais j'ai échoué. Je me suis fait prendre à mon propre jeu . Quand ce fantôme du passé a limite assommé de ses mots la femme qui embrasent en ce moment même mon ventre de baiser ardents, je n'ai pas pu résister.

Le temps d'une soirée j'ai été son mari et elle, ma reine. La voir s'effondrer sous mes yeux, m'a fait ouvrir toutes mes vannes. Et sans réfléchir, j'ai réchauffé cette bouche tremblotante pour atteindre le centre de son cœur. Je voulais faire renaître son feu et lui redonner la force de s'affirmer. Mais quand sa langue a envahi ma base secrète, mes propres flammes ont foutu un sacré bordel dans tout mon être. J'aurai dû battre en retraite, mais c'était tellement bon et... tellement intense.

Putain après autant d'années d'abstinence, la première que j'envoie valser à l'intérieur ma bouche, est la propre sœur de ma femme !

—Meghan, je ne peux pas faire ça, je répond en saisissant avec autorité son menton de mon pouce et mon index.

Ses yeux clignotent comme des guirlandes lumineuses pendant un très court instant avant qu'elle ne se décide à réagir comme une furie.

—Je ne t'ai jamais rien demandé Julian ! pendant cinq ans j'ai subi tes frasques ! cinq putains d'années ou je t'ai ramassé à la petite cuillère ! cinq années merdiques ou je t'ai toujours fait passer avant ma propre douleur ! et maintenant que j'ai besoin de toi, tu refuses de m'aider ? elle rétorque haletante et pleine de rage.

Ses mots sonnent comme une lame bien aiguisée qui vient se planter en plein dans ma gorge. Je sais que j'ai été égoïste. Je sais que je n'ai pensé qu'à ma gueule.

Mais j'ignorais qu'elle avait aussi mal vécu ma propre auto-destruction.

Elle vient de frapper fort.

Tellement fort, qu'une pluie fine s'abat sur mon visage.

Je ne cherche pas à lui cacher mon état de vulnérabilité. Au contraire.

Elle m'a touché et elle doit le savoir.

De mon torse dénudé, elle remonte vers l'endroit où le barrage à céder. Elle caresse mon début de barbe avec prudence, puis m'oblige à fermer les paupières pour venir déposer un baiser sur chacune d'elles.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant