JULIAN

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C'est impossible... 

Blanche-Neige ne peut pas être, elle. 

ça n'a aucun sens putain !

— Dis-moi que j'ai faux sur toute la ligne, et je te croirai mon petit bonbon, j'articule péniblement sans parvenir à me défaire de la lueur coupable qui inonde ses prunelles sombres.

''Je t'en supplie petit cœur, contredis-moi. Rassure-moi. Mens-moi, bordel ! "

Sa fossette pincée entre mes doigts, je la force à garder ses yeux rivés aux miens. Fut un temps ou lire à travers ses larmes étaient un vrai jeu d'enfant. Hors  à cet instant précis, je me refuse à interpréter le bordel qui dévale ses joues tel un torrent en colère. J'ai besoin d'entendre sa vérité. Est pas celle que ma tête souhaite envoyer droit dans ma poitrine. Pour une fois j'aimerai me tromper sur toute la ligne. Perdre mon don de clairvoyance. Mais son silence... son putain de silence commence à donner raison à ma foutue caboche. 

L'oxygène inondant mes poumons fuient à la vitesse de la lumière. Juste le temps pour ma bouche de tendre la dernière perche afin de me sortir du trou noir qui commence à m'étouffer.

— Ne me fait pas ça bordel. Ne me replonge pas dans l'enfer Meghan. Pas toi. Je t'en supplie, pas toi.

Comme un foutu chiot qui aurai perdu sa maman, je chiale sans le moindre filtre. Ses mains tentent une approche sur mon visage, mais je ne peux pas. Je ne peux plus. Ses lèvres commencent à bouger mais aucun son n'en sort. 

 C'est pas grave, j'ai compris. 

Avec le peu de force qu'il me reste, je parviens à me remettre sur mes pieds. 

— Ne pars pas, je vais t'expliquer.

Tiens, une qui a retrouvé sa langue. Ses doigts enroulés autour de mes poignets me donnent la gerbe. Au vue de la grimace que je lui accorde, je retrouve vite ma liberté

Le rire étouffé  de cet enfoiré de Jay parvient à mes oreilles. 

Ton tour va venir mon pote, ne t'en fait pas. 

D'abord je croque ma souris et ensuite je boufferai mon fromage. 

Les paumes enfoncées dans les accoudoirs de sa chaise en velours, j'emprisonne son corps fluet sans lui laisser une chance de filer à l'anglaise. Son souffle erratique contre ma bouche, je savoure déjà les mots qui vont passer la barrière de mes lèvres. Au moment ou je m' apprête à  lui arracher une bonne partie de son cœur, le mien m'envoi une bonne décharge électrique qui me pousse à fermer les yeux.                              

Je crois qu'il n'a vraiment rien compris celui-là.  Contente toi de t'arrêter de battre bordel ! 

Une chaleur s'immisce soudain à travers ma chemise.Un parfum aussi. Ne me dites pas que... Je tente d'ouvrir mes paupières mais elles aussi se refusent à m'obéir. L'impression d' être maintenant dans un sauna me fait suffoquer. Je sens mes battements cardiaques vouloir s'extirper de ma poitrine. Un mal rapidement apaisé par cette caresse que mon cœur semble prendre pour un remède. 

— Arrête ça tout de suite, je grogne incapable de retirer ses propres doigts logés sur ma poitrine. 

Cette fille est une sorcière, je ne vois que ça. 

— Tu es amoureux de moi Julian. Je le sens. Là, tout contre ma paume.

Sa voix est clair comme de l'eau de roche. Plus de pleurs à l'horizon. J'aimerai réussir à rire, à me moquer de ses mots, mais son contact encore présent me coupe l'herbe sous les pieds. 

Mais à quoi elle joue, bordel ?!  

J'inspire un bon coup avant de parvenir enfin  à ouvrir mes parasols.  Si mon regard respire la colère, le sien respire, l'espoir ? 

Sérieusement? 

Comme un loup affamé je m'approche de ma proie de  façon à la faire reculer au fin fond de sa chaise.  Mais elle ne cille pas. Elle reste assise bien droite, sa main toujours scotchée à ma foutue chemise. 

— Cap ou pas cap ma Blanche-neige? 

Mon sourire machiavélique semble avoir l'effet escompté. Sa respiration se coupe.

— Cap, elle me répond en frôlant mes lèvres.

L'impression d'avoir un poignard planté dans le ventre me prend encore par surprise. Déboussolé par ce rapprochement inattendu  je tente le coup de poker.

— Alors Cap de t'effacer de ma vie à jamais. Considère-moi comme mort tout comme tu l'es pour moi à compter d'aujourd'hui. En rentrant au bercail , je veux que tu prennes toutes tes affaires et que tu foutes le camp de chez moi. Je suis certain que ce cher Canard Wc à ta droite ce fera un plaisir de t'accueillir à cuisses ouvertes, ma chérie...

— Hé, lui parle comme ça enfoiré !

Parfait je n'attendais que ça. J'entends un vague : non ne fais pas ça Julian. Mais là en toute honnêteté, ça me démange depuis bien trop longtemps.

Debout, les bras le long du corps , ses petits poings semblent indiquer qu'il veut jouer dans la cour des grands. Vu que Clément va me péter la gueule d'ici peu de temps autant me défouler avant. 

Avant même qu'il ne fasse un pas vers moi, je lui balance la table ronde en plein dans sa face. Pas le temps de dire aie que je lui envoie mon coude en plein dans le nez.

— Tu m'as pété le nez ! 

Accroupis au sol , il s'empare de la nappe pour essuyer le sang qui pisse.

— t'es toubib non ? alors répare toi !

Surpris que Meghan ne court pas à son secours je me tourne juste assez pour m'apercevoir qu'elle n'est plus là. Sauf qu'elle n'est pas partie comme une voleuse.  La feuille  posée sur sa chaise attire mon attention comme un foutu aimant.

J'aimerai pouvoir la déchirer comme elle a déchiré mon cœur. Mais ma curiosité gagne la partie. J'attrape furieusement ce bout de papier, et mes yeux se mettent aussitôt à flirter avec l'écriture fine et arrondie que je reconnaîtrais entre mille.

'Mon Cœur t'attend sur ton lit. Au revoir Julian''

Je savais que ça allait arriver. J'ai à peine le temps d'atteindre les chiottes au fond de la salle que mon estomac se déverse dans le premier lavabo venu.

Au revoir Mon bonbon rose...

















Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant