JULIAN

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Son souffle erratique s'écrase contre ma boite interdite, ses pupilles sont dilatées à leur maximum, mais elle ne réagit toujours pas.

Allez Julian, affirme toi bonhomme !

Mon père me répétait sans cesse cette phrase.

Tellement plus simple à dire qu'à mettre en œuvre, que la boule qui se forme dans ma gorge me fait marquer un temps d'arrêt.

Il faut que je réfléchisse .

Mais comment réussir à trouver ''la faille'' quand la nana face à vous, ne lâche pas son regard du vôtre, et qu'elle copule à son tour avec l'arête de votre nez ?

Bordel, elle m'intimiderait presque !

Je ne peux pas déclarer forfait, c'est impossible.

Je déteste laisser planer le doute, alors je fais ce que je ne devrais pas faire. Je fais ce que me dicte ma conscience pour mettre au tapis celle qui vient de donner un coup de pied bien placé sur mon indéfectible confiance.

Je relâche la pression sur son bras encore emprisonné, et plaque dans un bruit sourd mes deux paumes sur le carrelage de chaque côté de sa tête, sans lâcher la couleur whisky qui me fixe sans la moindre émotion.

La pluie qui s'abat sur nos corps hésitants semble avoir pris une vingtaine de degrés. Dans un geste vif et confiant, j'empoigne le haut de sa cuisse avec vigueur pour venir la coller  juste au-dessus de ma hanche.

Je vais trop loin, je le sais, mais tant que je n'aurai pas ma fichue réponse, je ne pourrais abdiquer. Je n'arrive pas à lire en elle, tout comme je ne parviens pas à savoir si elle joue la comédie

Je repère tellement facilement ce genre de chose d'habitude, que cette situation inédite me trouble.

Mes doigts palpent avec vigueur son épiderme d'une douceur exquise, et sans réfléchir une seconde de plus, mes lèvres viennent frôler son arc de cupidon dessiné à la perfection.

Mais jusqu'où va-t-elle me pousser à aller ? 

Il faut qu'elle me mette un frein, et vite !

Ma respiration se fait plus rude, mon estomac bouillonne et mes pulsations cardiaques sont à deux doigts de me provoquer une syncope.

Ce ballet sensuel me manque tellement, que je crois que je ne pourrais plus m'arrêter de moi-même. Ce royaume à la chair rose et pulpeuse éveille mon désir de possession.  

Cinq ans que je n'ai plus toucher ni même effleurer cette zone érogène, synonyme de danger. 

Un danger qui à cet instant me procure une adrénaline qui débranche instantanément ma conscience.

De gauche à droite, je flirte avec ses lignes d'une finesse parfaite. Une valse où deux plumes s'apprivoisent, sans jamais franchir la limite autorisée. Seul l'air qu'elle expire à le droit d'accéder à mon vaisseau. Chose que je n'ai encore jamais accepté venant d'une autre femme.

La sensation de plaisir me terrorise, tout autant qu'elle m'apaise. 

Une torture exquise aux goût de paradis.

— Julian...

Cette voix plaintive me fait vite retomber sur terre.

L'enfer est là, sous mes yeux.

Mes neurones se reconnectent. Mes jambes reculent d'elles même, alors que mes iris ne respirent plus que haine et colère.

Face à elle, haletant comme jamais, je reste planté en silence à un bon mètre de cette femme que je ne reconnais plus.

Qu'est-ce que j'ai foutu ? 

N'importe qui, mais pas elle.

Elle aurait dû me stopper, en me mettant une bonne droite, ou même en me castrant s'il le fallait.

L'ancienne Meghan l'aurait fait !

Je ne suis plus en capacité de parler, et je reste comme paralysé par mon moi intérieur.

Je me déteste, je suis le diable ! Comment j'ai pu faire ça ?

Je...

— Julian ça va aller. Ce n'était qu' un jeu. Juste un jeu Julian.

Le ton réconfortant et léger qu'elle m'accorde, ne fait qu'accentuer mon démon.

Je vais exploser, je le sens.

Mes yeux ne sont plus que charbons ardents, et je la supplie du fond de mon âme de se barrer loin de cette pièce. Loin de ma colère qui grimpe.

Mais elle ne semble pas avoir entendu mon supplice, et de ses doigts elle vient caresser mes épaules de cette tendresse que je me refuse de recevoir. Elle a peur, je le sens. Elle est totalement paumée, je le sens aussi. Mais je suis trop bouleversé pour tenter de la réconforter.

Sans un mot, je me détache de son emprise et m'extirpe de cet endroit maudit.

Je passe à toute allure un jean et une chemise blanche, et  fuis ma propre maison, en me convainquant que Blanche-Neige sera une distraction plus que parfaite.

Je ne suis plus en capacité de réfléchir, et c'est silencieux que je rejoins le club qui me fera oublier pendant quelques heures, le connard que je suis.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant