JULIAN

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Mon cardio mériterait un bon coup de pied au cul. Au bord de l'asphyxie, je peine à réguler ma respiration. À seulement deux petits pas de la porte de -l'enfer-, mon corps refuse à s'engager davantage. Mes genoux étouffés par mes paumes, les yeux rivés sur le battant en bois, l'évidence est là. Une fois passé le seuil, notre lien que je pensais pourtant indéfectible, prendra fin avant même que je n'ouvre la bouche. 

Cet enfoiré de Jay a bousillé nos vies . Et à mon tour, je viens de bousiller ce qui me restait de plus précieux. Lui, mon frère de cœur. Elle, le remède à tous mes maux. Pourtant à cet instant précis, malgré la peur qui me noue le bide, je ne suis pas prêt à baisser les bras. Cette fois-ci Jay ne gagnera pas . Il m'a déjà trop pris. Même si mon cœur ne cicatrisera jamais de ses blessures, je me dois de prendre soin de lui. J'ai besoin de prendre soin de lui.

Meghan a gagné. 

Je suis de retour. Pour de bon. 

Enfermer ce type que je pensais trop fragile, n'était pas la bonne solution. Accepter de suivre une putain de thérapie. Accepter de pleurer des jours entiers jusqu'à épuisement. Accepter leur départ tout simplement. 

Voilà ce que j'aurai dû faire. 

Au final, j'ai choisi la fuite au deuil. Mais au moins j'aurai appris une chose. Quoi que l'on fasse, ce truc qui palpite dans votre poitrine, aura toujours le dernier mot. Et ça, Meghan l'a compris avant moi.  Mais ça ne lui donnait pas le droit de jouer comme elle l'a fait. Me parler, c'est ce qu'elle aurai dû faire. Mais elle ne l'a pas fait. Maintenant reste à réparer les dommages collatéraux avec Clément. 

Et le:'' Putain de bordel de merde!'' que j'entends au travers de la porte me donne une réponse bien précise, sur ce qu'il est en train de faire. Le doute n'est plus permis, il va me démonter la gueule. 

Si t'es derrière cette foutue porte, tu as intérêt à vite ramener ton cul Julian! 

Sa voix grave et autoritaire me fait aussitôt me redresser. Au pire j'ai assez de pognon pour passer par la case, chirurgie esthétique.

Avant même de saisir la poignée, la porte s'ouvre à la volée. Le carnet rose placé devant la tronche de mon pote, m'indique déjà la couleur de ma gueule à venir.

— C'est quoi ce bor-del ? il articule  en me balançant le cahier sur la gueule.

Contrairement à sa voix, à mon grand étonnement son visage ne respire pas la colère. Les larmes qui bordent ses cils me coupent toute envie de me défendre. 

— Pourquoi elle et pas moi, Julian ? il me demande le souffle court. Tu aurai dû t'appuyer sur moi par sur elle, putain! Je comprends rien, Ju... Il faut que tu m'expliques, car là, à cet instant précis, j'hésite entre te couper les couilles ou t'arracher les yeux.

P.s : Appeler le service d'étage pour m'apporter une poche avec des glaçons à l'intérieur, afin de conserver mon bout de queue.

— Je vais tout t'expliquer, mais laisse-moi entrer.

Rester serein est la meilleure solution. Clément est impulsif là ou je suis long à la détente. Le temps de ramasser le cahier sur la moquette rouge, il a disparu de mon champ de vision. 

Comment je vais lui expliquer tout ce merdier...

D'un pas décidé je pénètre dans la chambre. Assied sur le lit, la tête rivé vers le sol, il ne peut s'empêcher de prendre la parole à nouveau.

— Tu peux pas faire ça Ju. Pas avec elle. Tu peux pas...

Ses mains frottent vigoureusement son pantalon de smoking avant de brusquement se lever et de frapper dans le premier mur venu. Le trou qui apparait ne l'arrête pas. Son poing droit de nouveau en l'air, je le stoppe avant qu'il ne détruise chacun des murs.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant