Au-Delà Des Apparences

JULIAN

—Viens là petit volcan, je murmure éreinté mais heureux.

Et sans un mot de plus, elle se jette à corps perdu contre ma poitrine en laissant l'eau emporter ses démons.

L'image de nos deux corps entrelacés, à cet instant précis, m'apporte une chose dont je pensais ne plus avoir le droit de retrouver.

L'apaisement.

Un apaisement qui envoie mon esprit torturé à des années-lumière de cette chambre.

Un apaisement qui me fait enlacer encore plus fort ce petit bout de femme recroquevillée dans mes bras.

Ma force se trouve là, lovée contre mon torse, cela ne fait plus aucun doute. Elle est la seule à pouvoir soigner mes bobos invisibles à l'œil nu. La seule que j'autorise à pénétrer dans le périmètre de ma tempête destructrice.

L'unique femme qui pourrait me faire chavirer, avant même que je m'en aperçoive...

Putain mais qu'est-ce que je raconte ?!

Voilà que mon cerveau me fait à nouveau défaut.

Y a-t-il une date de péremption sur la bouillie qui compose notre boîte crânienne ? Vraisemblablement, oui. 

Á moins que cette créature soit à l'origine de mes brochettes de neurones carbonisées ?

— Julian... je suis désolé.

La voix chevrotante qui pulse tout près de mes oreilles, reconnecte comme par magie l'ensemble de mes câbles.

Je savais qu'un jour ou l'autre cette nana aurait ma peau.

Lui résister pour la faire craquer, je l'ai fait.

Mais au final... je crois que j'ai craqué, moi aussi.

Cette robe ensorcelante, ce côté joueuse, ses sourires capables d'illuminer une salle de spectacle, cette sensibilité à fleur de peau, et ce caractère si imparfait, m'ont rendu complètement fébrile.

Et ses lèvres, enivrantes à souhait, ont fini par bouleverser toutes mes certitudes.

Je mentirais si je disais que ma langue a rencontré la sienne uniquement pour emmerder cet abruti. Tout comme je mentirais si je déclarais ne pas avoir apprécié la saveur de son paradis.

Bordel, oui, j'ai eu envie de plonger dans sa base secrète depuis que ce bout de tissu s'est aimanté sur ses courbes de rêves !

Mon bateau a pris l'eau. La coque fissurée, je tente désormais de trouver la solution pour ne pas finir englouti par l'interdit. Sauf que ce petit son aigu et réconfortant, ne souhaite pas que je rejoigne le rivage le plus proche.

Ce petit son qui traverse chacune de mes terminaisons nerveuses, me pousse à me jeter sans gilet de sauvetage dans les profondeurs obscures et terrifiantes du trouble qui m'envahit.

—Julian, tu m'en veux c'est ça ? me relance-t-elle fragile en levant son minois en direction de mon visage.

J'ose un coup d'œil furtif et discret.

Un coup d'œil qui suffit à anéantir en une fraction de seconde mon intention de foutre un pied sur cette rive !

Je sais nager, et pourtant, j'ai envie de me laisser couler dans cet abîme couleur whisky.

Aussi terrifiante soit-elle.

De la pulpe de mon index, je viens câliner la petite fossette de son menton. Sous ma caresse, sa peau réagit, ses yeux s'abaissent et son souffle n'est plus que brise légère.