Julian

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Ma chemise noire et mon jean stone en place, j'inspire un grand coup avant de me décider à sortir de cette salle de bain luxueuse où marbre et bois étouffent ma simplicité. Assied sur le rebord de la baignoire d'angle à la dimension d'un lit king size, je termine de lasser mes converses sans quitter ce foutu miroir à la dorure impeccable qui me fait face.

J'ai mal au bide rien qu'en observant ce reflet, que j'ai appris à haïr. Mon visage.

Une gueule d'ange que je n'ai cessé d'exploiter pour éteindre mes émotions.

Le sexe a été mon arme destructrice. Une arme qui a flingué l'homme que j'étais.

Ne plus ressentir pour ne plus souffrir. Une devise qui en cinq ans ne m'a jamais quitté.

Une devise qui a commencé à tanguer lorsque miss tignasse rose a décidé de prendre la tangente.

Mon repère, ma petite boule d'énergie.

Un doudou qui réussissait à apaiser ma colère. Un doudou à l'odeur si particulière qui me permettait de trouver un sommeil réparateur.

Jouer avec ses phalanges du bout des doigts en regardant le plafond. Sentir son souffle régulier se fondre contre la base de mon cou. Flirter avec ses boucles qui finissaient souvent dans ma bouche au petit matin.

Un rituel qui faisait taire ma culpabilité durant quelques heures.

Meghan. Mon petit bonbon rose...

Comment ai-je fait pour être si aveugle ?

M'accrocher à toi comme à un radeau planté au milieu de l'océan, je n'aurai jamais dû.

Tout comme je n'aurai jamais dû éprouver cette douleur limite supportable lorsque tu m'as laissé en guise d'adieu un simple post it rose sur la cafetière,

''Pardon. Pardon Julian. N'oublie jamais ta promesse. Ton petit bonbon qui t'aime, mais qui a besoin d'espace.''

Si tu savais comme je t'ai détesté.

Baiser à épuisement afin d'effacer ce besoin de ta peau pour réussir à rejoindre les bras de Morphée.

Tripler mes conquêtes de la semaine, pour éviter que tes yeux noirs et pétillants n'entrent en collision avec mon esprit.

Me perdre dans des corps sans importance pour fuir un sentiment qui m'a pris au dépourvu...

Un sentiment qui m'a fait gerber chaque soir pendant un bon mois.

M'endormir avec mon portable posé sur ton oreiller, ton visage en guise de fond d'écran, relève de la pure folie. Tout comme composer ton numéro de portable à chacun de mes cauchemars nocturnes simplement pour entendre le son de la voix de ton répondeur. Ta voix si douce et enivrante.

Bordel pourquoi toi...

Ce matin-là, j'ai cru a une hallucination. Pendant une seconde, j'ai cru voir Charlie. Une seconde qui m'a paru interminable. Une seconde ou j'ai arrêté de respirer. Jusqu'à ce que tu prononces mon prénom de cette timidité que je te reconnais tant.

Adossé contre le montant de la porte, j'ai hésité à te la claquer au nez. Te pardonner le fait de m'avoir abandonné. Accepter que tu te pointes ici, chez moi, dans mon appartement et laisser à nouveau ton odeur traînée dans chaque pièce, non je n'étais pas prêt à l'accepter. Sauf que cet enfoiré de tic m'a trahi. Triturer le bracelet brésilien noir et blanc que tu m'as offert quelques années auparavant n'a pas échappé à tes deux billes ambre. Timide à mon tour j'ai préféré détourner le regard vers le plancher sombre luttant contre l'envie de te serrer dans mes bras.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant