JULIAN

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Je n'ai même pas la force de le frapper face à sa blague à deux balles tellement je suis ébahi par ce défilé de bombes en robe longue de cocktails rouge vif, épousant à la perfection chacune de leurs formes.

Elles surplombent maintenant la pièce, alignées, le visage caché par un masque fait de dentelle noire. Les mains derrière le dos, elles nous dévisagent de leurs iris aux couleurs de l'océan.

Seule la forme de leurs yeux est visible et je crois que je viens enfin de comprendre.

Je me souviens mot pour mot de la fin du mail : Un jeu à l'aveugle, rien que pour toi, mais sache que tes mains vont se régaler. Encore faut-elle qu'elles parviennent à trouver la bonne réponse.

Oh ma chérie, tu es maligne...

Je les observe tel un chasseur à la recherche de ''sa'' proie, et il ne me faut que quelques secondes pour planter mon regard sur le numéro gagnant.

Son corps est un vrai traître. C'est le seul qui tremble sur la lignée de brochette.

Je savais que mon plan fonctionnerait.

Déstabiliser l'adversaire est une chose que je maîtrise à la perfection...

Penser qu'une robe sexy et bandante ferait le poids face à ma détermination était une erreur monumentale.

Je gagne toujours chérie... et sans tricher en plus.

La fin de la chanson signe le début de la partie, et Barracuda s'exclame tout tremblotant.

— Mademoiselle, euh...

Méchant Julian ! Grâce à toi il va se faire fouetter par miss Arthur pour cette petite surprise inattendue.

Et je peux vous garantir qu'elle n'a pas fini de perdre tous ses moyens.

Tu voulais jouer, alors tu vas être servi bébé.

Barracuda se racle la gorge à plusieurs reprises, et parvient enfin à reprendre.

— Oui donc je disais, toutes ses jolies jeunes femmes sont identiques comme vous pouvez le constater. Vous devez donc trouver votre ''moitié'' parmi elles. Vous pouvez vous servir de vos mains pour comparer et trouver ainsi la bonne. Bien sûre, la poitrine, les fesses et leur petit papillon vous sont interdit.

Il sort d'où ce mec ? leur petit papillon ? non mais je rêve.

Clément ne se retient plus et part dans un fou rire à n'en plus finir, alors que je me contente de donner une petite tape sur l'épaule mon poète.

— On est bien d'accord que par ''petit papillon'' vous voulez dire ''chatte'' ? je lui murmure tout en ajoutant ce petit rictus bien moqueur.

Ok, bon apparemment ça ne le fait pas rire. Tant pis.

Je décide donc d'avancer sans que ma vue ne quitte celle que je veux, et surprises par le petit saut que je viens de faire pour grimper sur l'estrade, elles reculent toutes, sauf une.

Elle a compris que la partie était terminée pour elle.

Dix petits centimètres me séparent de cette beauté. Dans un geste tendre, mon pouce vient caresser la peau claire de sa clavicule droite. Elle grelotte sous la pression de mon doigt qui exerce des demi-cercles, et sans attendre, je viens coller mon torse contre le tissu fin qui va bientôt quitter cette enveloppe charnelle.

Ma main bifurque, toujours avec cette douceur exquise, vers sa nuque, alors que je continue de me délecter du pouvoir d'intimidation que j'ai sur le regard apeuré qu'elle me tend. La chair de poule qui l'envahit passe la barrière de mon épiderme, et un frisson limite désagréable, parcourt mes cinq doigts qui effleurent la zone sensuelle de son cou.

Non ce n'est plus le moment de reculer. 

J'inspire bruyamment et me penche vers son lobe pour abattre ma dernière carte.

—La partie de cache-cache est terminé ma Blanche-Neige. Ton défi a été un vrai jeu d'enfant.Tu es à moi, rien qu'à moi, ce soir. Et il est temps de t'avouer que mes goûts, sont un cran au-dessus des tiens, chérie. Tu vois cet homme ? As-tu une idée de sa présence ? je lui susurre avec provocation.

Elle secoue à peine la tête en guise de non, mais vu les tremblements qui grandissent en elle, je sais très bien qu'elle sait exactement pourquoi il est ici.

Alors j'ajoute :

—Ne t'en fait pas c'est un mec doux et attentif aux besoins d'une femme. Tu te doutais bien que mes fantasmes étaient bien plus originaux que les tiens. Et le plan à trois est tout en haut de ma liste. Alors, tu es prête ?

Sa respiration se fait rapide, trop rapide. 

De mes bras j'enserre sa fine taille pour sentir davantage le trouble de ma proposition. Mais le court sanglot à peine audible qui vient s'étouffer contre mon cou me stoppe dans ma lancée. intrigué, je me redresse et aperçois rapidement une larme solitaire logée sur le bord de ses paupières.

La faiblesse qu'elle me laisse entrevoir, qu'elle me laisse contempler, à cet instant, confirme l'idée que je m'étais fait d'elle.

Le côté fragile qui émane de ce petit corps chétif, pulvérise ma sphère où règne le contrôle absolu. Et j'ai bien peur, qu'à partir de ce soir, les règles du jeu vont prendre un nouveau tournant .

Cette femme me plaît, cela ne fait aucun doute.

Mes doigts s'enroulent avec délicatesse dans les quelques mèches brunes qui s'échappent de son chignon à l'allure de princesse, alors que j'essaye tant bien que mal de me focaliser sur mon souffle entrecoupé afin de réussir à dominer ma conscience.

L'envie de la serrer fort dans mes bras, de la choyer, de l'embrasser jusqu'à faire disparaître la peine que je lui ai infligé, voilà ce qui me démange à cette seconde précise.

Mais je ne peux pas... je ne suis plus cet homme.

Ce type-là n'existe plus !

Alors pourquoi ce foutu corps s'obstine à me faire ressentir ce degré de sensibilité que je déteste tant ?!

Si je pouvais trouver le bouton qui supprimerait à tout jamais cette petite voix, croyez-moi je n'hésiterais pas avant d'appuyer dessus.

Une longue et profonde inspiration suffit à me faire retrouver la raison, et je parviens enfin à faire abstraction de la fragilité de cette femme.

Du bout de mon nez, j'effleure avec sensualité les battements rapides s'échappant de sa carotide, un sourire victorieux flottant sur mes lèvres.

Je me redresse légèrement tout en fixant sa délicieuse poitrine, et lance d'une voix grave et autoritaire sans relever la tête :

— Maintenant que la victoire m'est acquise, je vais profiter des magnifiques règles que tu as instauré. Je suis un joueur, tu l'es aussi, alors il est l'heure de passer à la caisse, poupée. Deux hommes pour honorer ton corps de déesse, deux hommes prêts à te laisser une flopée de souvenirs indélébiles, n'est-ce pas merveilleux ma Blanche-Neige ? une belle pointe d'ironie et la voilà qui trésaille sous mes paroles.

Parfait...

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant