Meghan, qu'as-tu fait de cette jeune femme si parfaite à mes yeux...
Cette même phrase tourne en boucle, au fur et à mesure que les pages se tournent. L'arrière de mon crâne contre ce fichu matelas, je tente de ravaler les cris de fureur qui veulent fuir mes entrailles. Ce foutu carnet rose logé sur mes cuisses aura ma peau. Rien que par sa couleur. Cette couleur qui l'a représente tant. Mon petit bonbon rose. Un surnom que moi seul a le droit de prononcer. A ce jour, même Clément en ignore l'origine. Quand à Charlie, son travail au corps n'a pas eu raison de moi.
Mais aujourd'hui, je regrette.
J'aurai peut être dû laisser à Clément, le rôle qui lui revenait de droit. Mais la frimousse de cette nana m'a harponné de plein fouet. Comme un foutu aimant, impossible d'ignorer ses appels emplis de détresse à travers ses regards timides. Au fur et à mesure des années, notre lien s'est fait plus puissant. Aussi puissant que la gémellité de Charlie et Clément. Ma femme aussi parfaite était-elle, avait un mur que je savais infranchissable. Clément était ce mur. Il était son éponge magique. Le seul capable d'apaiser les nombreuses crises d'angoisse de ma Charlie.
J'aurai aimé être cette éponge. Oui j'aurai aimé.
Mais je l'aimais assez pour accepter de partager son cœur.
Nous étions ce quatuor qui se complétait.
Clément avait sa Charlie, et moi j'avais mon petit bonbon.
Un petit surnom qui- est né- à sa dix-septième année. Le jour ou elle m'a avoué être amoureuse. Le jour où j'ai réalisé que son propre cœur allait prendre son envol. A cet instant précis, j'ai voulu marqué mon empreinte. Adossé contre un tronc d'arbre au cœur de Central Park, Meghan contre mon torse, je me suis mis à lui chuchoter quatre mots aux pouvoirs indélébiles.
Mon petit bonbon rose ...
Je revois encore ses sourcils se froncer, sa bouche me demandant des explications. Ce n'était pourtant pas bien compliqué à comprendre. Alors je lui ai dit. Tout en chuchotis au creux de l'oreille, j'ai marqué son âme tout comme elle a marqué la mienne.
— Petite à chacun de tes bobos, tu demandais à ta mère un petit bonbon magique. Et chaque fois, je te retrouvais dans le jardin en pleurs car elle se fichait pas mal que tu souffres. A partir de ce jour là, j'avais toujours une petite poche de fraise tagada dans mon fute. Et aujourd'hui, peut être parce que tu en as trop mangé, tu es devenu mon propre petit bonbon à moi. Tu es la seule à panser mes petits bobos. Tu es ma jumelle rien qu'à moi, mon petit bonbon rose.
C'est à ce moment précis que j'ai su. Je serai toujours son éponge. Tout comme elle sera à jamais, mon unique petit bonbon.
Si j'avais su que Charlie en serai malade, j'aurai agi autrement. Si elle m'avait demandé de couper ce lien, je l'aurai fait.
Putain... Je sais pas si je l'aurai fait.
Moi-même je n'aurai jamais osé lui demander de choisir entre son frère et moi. Je l'aimais bordel ! et ça elle n'aurai jamais dû en douter!
Mais ses putains de mots qui continuent à défiler sous mes yeux humides, confirme mes torts. Sur toute la ligne. M'accrocher à cette femme comme à une bouée. Me nourrir de sa tendresse comme un accroc au crack . Etouffer son cœur de mes mains, pour la garder près de moi.
Je l'ai fait...
Sans même lui demander son avis, je lui ai tout pris.
Mais si j'avais su qu'elle tomberait amoureuse de moi.
Si j'avais su que ce traitre de cœur serait sensible à ses charmes...
Croire que cette foutue Blanche-Neige serait la réponse à tous mes maux, était une erreur. Ce n'est pas sa beauté qui a eu raison de moi. C'est sa putain de sensibilité ! Une sensibilité à vous couper le souffle. Une sensibilité que j'aurai dû reconnaitre. Que -j'ai- peut-être reconnu . Mais que mon subconscient a préféré ignorer.
Comment tout cela a t-il pu se produire...
Comment j'ai pu laisser ça, se produire !
Ma colère ne se limite pas à elle. Non. Je suis en colère contre ses foutus papillons, qui se décident soudain à faire la fête dans mon bide. Demain cela fera exactement cinq ans que ses traitres de papillons ont cessé leur battements d'ailes. Et sans mon consentement, voilà que ses enfoirés ont retrouvé toutes leur énergie.
Elle a réussi.
39 jours. Pas un plus.
Ressusciter mon cœur avant leur cinquième anniversaire.
Un chiffre symbolique, pour nos cinq précieuses années passées ensemble.
Un nombre parfait, où l'ancien Julian, aurait dû à jamais prendre son envol, loin de mes tripes.
Une chose est certaine, ce soir, nous serons fixés.
La jouer à la loyale.
Juste toi et moi.
Ton cœur contre le mien
Il est temps de terminer la partie.
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Au-Delà Des Apparences
Roman d'amourAvocat au caractère bien trempé, Julian ne lésine pas sur les moyens, quand il s'agit de sa carrière. Un pion après l'autre, il se joue des plus grands. Un appétit insatiable, qui ne se cantonne pas aux salles d'audiences. En quête perpétuelle d'...