Au-Delà Des Apparences

JULIAN

Mon discours terminé, je peux enfin me permettre d'affronter son regard qui me laisse soudain perplexe.

Une pointe de malice danse dans ses iris alors même qu'un long gloussement grave vient transformer la scène en cauchemar.

Je crois que je viens de geler sur place comme cette foutue Reine de Neiges.

Le silence à son comble, dans un mouvement de grâce, son masque quitte son visage pour laisser apparaître, ''un mec'', déguisé... en nana.

Bordel ! Si je pouvais me volatiliser, je serais déjà loin d'ici.

Ne me dites pas que j'ai tri-po-té un tran-sex-uel ?!

Je reste totalement pantois face à cette situation grotesque. Je n'ai même pas l'énergie suffisante pour me retourner afin de faire face aux rires tonitruants qui s'animent dans mon dos.

Mes doigts cessent aussitôt tout contact avec ce robot à deux facettes, et j'attends comme un con que quelqu'un veuille bien se donner la peine de débloquer la situation.

— Bonsoir beau jeune homme. Oh que oui j'aurais aimé que vous vous occupiez de mon corps, mais je n'ai pas été payé pour que vous satisfassiez mes envies. Je m'appelle Evie , je suis actrice, et j'ai été engagé par miss Arthur pour vous tromper sur la marchandise, me lance ce mec efféminé d'une voix rauque et enjouée.

Ma Blanche-Neige a donc des gênes semblables aux miens. Je ne vois pas d'autre explication possible.

Mon plan à trois, mon ton hautain, mon insolence, risque fortement de jouer en ma défaveur, et cette foutue bonne femme risquent encore une fois de me faire ravaler mon ego de pacotille.

Merde !

Mes cervicales se sont transformées en chewing-gum et ma tête bascule en avant en signe de consternation.

— Il est temps pour nous de vous laisser en compagnie de mademoiselle Arthur qui doit être aux anges.

Furieux, je retrouve soudain toute mon énergie et assène à monsieur muscle un regard puissant, limite violent, alors que cet abruti me sourit de plus belle.

Si le crime n'était pas puni par la loi, j'aurais découpé ce mec en petits morceaux pour ensuite répartir tous ses petits bouts sur des pics à brochettes.

— Je te laisse profiter de cette belle table de torture mon pote ! à demain monsieur ''soumis.''

Il me lance un clin d'œil remplit de sous-entendus, et me tourne le dos sans un mot de plus.

Lui aussi finira dans mon barbecue !

Je ne suis plus en état de parler, et tel un gosse qui vient de fauter, j'attends ma punition. Mes Blanches-Neiges ont fui l'estrade plus vite que leur ombre, et sans aucun doute possible, celle qui se positionne face à moi, est la mienne.

Ses fines mains retirent son masque, mais à mon grand regret, un autre s'y cachait dessous. Plus raffiné et plus petit, le tissu soyeux rouge me permet d'admirer son petit nez, en harmonie total avec ses traits, et sa bouche recouverte d'un rose bonbon.

Un véritable appel au péché...

Elle s'approche à pas lents, centimètre par centimètre, un rictus victorieux sur ses lèvres. Du bout de ses doigts, elle vient  effleurer ma pommette droite tout en inclinant sa bouche vers mon oreille.

— Julian, tu me déçois beaucoup. Je te pensais tellement plus intelligent. Ta réputation d'avocat n'est apparemment plus à faire, mais après ce petit échec, je suis certaine que ton image d'homme infaillible en a pris un petit coup. Pauvre chéri, je vais bien m'occuper de toi , ne t'en fais pas, me susurre-t-elle tout en me léchant le lobe du bout de la langue.