JULIAN

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— Rien n'est impossible Julian. Là, dans ta poitrine, je suis persuadé que tout est possible. Possible au point de te rendre à l'évidence que ton cœur n'a jamais cessé de battre. L'ignorer toutes ses années n'a pas suffi à le faire disparaître. Ni même à éradiquer toutes formes d'émotions qui font de toi l'être humain que tu es. Cette fois-ci tu n'arriveras pas à me faire flancher face à tes paroles blessantes. Tu tiens à moi, je le sais. Je le sens. Ne me mens pas. Pas à moi.

D'un calme olympien, sérieuse comme jamais, elle ne se démonte pas en prenant bien soin d'appuyer avec force sur chaque syllabe prononcée.

La pulpe de ses doigts finit par enfoncer le clou en redessinant avec une lenteur exquise la forme de ma bouche, sans que je ne trouve le courage de la contredire.

La contredire ne serait qu'un mensonge de plus.

Et lui mentir ne servirait à rien, car à cet instant, ma fragilité me prend au dépourvu.

Elle a raison. Et je suis foutue.

Pour la première fois depuis bien longtemps, je ne cherche pas à me raccrocher à ma bouée de raison. .

Pour la première fois depuis maintenant cinq ans, je ne cherche pas à résister au regard doux et électrisant de cette femme qui m'envoûte tel un sortilège le ferait.

Au contraire. Je plonge dans le vide de ses iris qui à eux seuls m'indiquent la sortie de mon labyrinthe qui jusqu'à ce jour me semblait inexistante.

Enfermé à jamais, je pensais l'être. Mais la puissance de ses mots, la chaleur de sa peau, le soleil de son rire viennent de se transformer en clé de délivrance.

Je peux être à nouveau heureux.

Je le peux.

Si seulement je le décide de tout mon être.

—Tu ne peux pas continuer à vivre en noir et blanc Julian. Ce n'est pas toi. Je veux retrouver la palette de couleurs vives de l'homme enfouit dans ton cœur. Il me manque. Et tu sais pourquoi il me manque ?

Les trémolos qui envahissent soudainement sa voix m'envoient une décharge électrique ce qui me fait aussitôt limite briser la planche de bois sur laquelle je suis assis.

Ne me dites pas que..

Bordel non...

— Car si je suis partie en Afrique ce n'est pas simplement pour vivre une expérience et embellir mon cv. Si je suis partie pendant neuf et long mois... c'est pour toi. Pour te protéger. Pour me protéger. Je...

— Stop ! ferme-la ! Je lance le souffle court.

Ma paume droite barricade ses lèvres trop blablateuses mais comme je le savais, j'ai à peine le temps de reprendre ma respiration qu'elle arrache ce qui lui barre la route et transforme la tempête en ouragan de cette voix fluette étouffée par un début de sanglot.

— Je suis amoureuse de toi Julian. Je te promets que j'ai tout tenté pour refouler ses sentiments qui n'auraient jamais dû naître. Je pensais qu'en m'éloignant de toi, ton image s'effacerait avec le temps. Je me suis même mise à croire que tu n'étais qu'un simple béguin et qu'en deux jours ce ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Mais ce n'est pas ce qui s'est passée. Neuf mois loin de toi n'ont servi à rien. A part m'enfoncer davantage dans cette tourmente où j'ai l'impression de devenir folle de jour en jour. Où j'ai l'impression que je mérite le pire châtiment qui soit pour ce que j'éprouve dans ce foutu cœur.

Amoureuse... de moi.

Sa tête cherche à s'enfouir contre mon cou, mais je ne peux pas.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant