Cinq minutes.
C'est le temps qu'il a fallu à ma grande gueule, pour renverser la vapeur. Un contre-interrogatoire mené d'une main de maître, sans la moindre petite objection au compteur. La partie adverse sous la flotte, je me félicite de mon audace sans borne. Mais pas uniquement.
La vérité toute nue ?
La jouer solo est un art, parfois fragile. Comme aujourd'hui. Une affaire qui ne donnait pas cher de ma peau. Assez, pour faire entrer en jeu... Junior. Le seul et unique bras droit, capable de bien des miracles. Jamais, il ne manque de me dégager la route en cas de forte tempête. Quitte à user d'une méthode peu orthodoxe. Si dévastatrice, qu'elle n'a laissé aucune chance à mon confrère. M'en tenir à ce seul KO, oui je pourrais. Mais m'asseoir sur ma fierté ? trop peu pour moi.
Cracher sur mon dos, était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée.
La salle vidée de tous ses curieux, je jette un rapide coup d'œil à mon bouquet final. Derrière son pupitre, un bon paquet de feuilles volantes entre ses mains, je jubile. La Juge Fleischer, aura bien le dernier mot. Le dossier de ma cliente fourré dans mon attaché-case, j'échappe un sourire fripon en direction du bizut du jour. Tassé dans son fauteuil, ses paumes massant fermement sa bedaine, sans le savoir il vient de lancer son propre compte à rebours.
— Un problème de digestion, Maître ?
L'insolence sur le bout de la langue, je laisse la magie opérer. Rouge écrevisse, un flingue à la place des yeux, sa maîtrise m'impressionne. Au point de vouloir maintenant, enflammer ses neurones. Sourire canaille en action, de mes doigts libres je viens gratter paresseusement mon sexe à travers mon Chino bleu marine. À la seconde où ses yeux se posent sur mon geste lourd de sens, un feu d'artifice — tout en murmures — , m'explose à la tronche.
— Enfoiré, c'est vous ! Je vais vous faire bouffer les pissenlits par la racine, Harper !
La bave au coin des lèvres, il bondit enfin de son siège tel un clown jaillissant de sa boîte. Furibard, son index s'écrase avec rage contre mon torse. Le regard noir, il ne me lâche pas d'une semelle.
Le berner ne sera pas chose aisée. Mais j'ai été à la bonne école...
— Dois-je contacter mon avocat, Howard ?
Une simple phrase, arrosée d'une pointe d'ironie, et son foutu doigt boudiné tente un forage à travers ma cage thoracique. Même pas mal, mon pote. De marbre, j'accepte en silence le message subliminal scotché à ses iris en feu : un avenir professionnel, plongé dans l'obscurité la plus totale. Une promesse, qui a le don de me faire sourire.
Si seulement, il avait connaissance de mon propre dossier...
Devant ma mine de sale gosse, ses membres ne sont plus que tremblements. Un clin d'œil en renfort, et son corps reprend fissa du service. Maladroitement, sa main libre se fait la malle dans la poche intérieure de sa veste de smoking. La seconde d'après, — l'objet sacré — s'écrase contre mon roc de ventre. Sans quitter du regard sa paire de billes, je me saisis de la pièce à conviction.
— C'est vous, n'est-ce pas ? il me demande abruptement, son index toujours collé à ma chemise.
Les sourcils froncés, je gère à la perfection ma palette à émotions. L'innocence dégoulinant sur les traits de mon visage, mes yeux étrécis se perdent sur l'image figée : Un sacré pénis, à la grâce saisissante.
En somme, peu d'informations. Pourtant, je sais exactement où il veut en venir.
Mon pouce flottant au-dessus du smartphone, je le fais languir. Au bout d'une longue et interminable minute, son sang froid a raison de lui. Sans douceur, il crashe mon doigt sur le petit triangle, avant de me postillonner dessus :
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Au-Delà Des Apparences
RomanceAvocat au caractère bien trempé, Julian ne lésine pas sur les moyens, quand il s'agit de sa carrière. Un pion après l'autre, il se joue des plus grands. Un appétit insatiable, qui ne se cantonne pas aux salles d'audiences. En quête perpétuelle d'...