JULIAN

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Figée, ses deux abysses noirs de rage, à mon grand regret, ne me quittent pas.

Ma révélation ne semble pas avoir eu l'effet escompté que j'attendais tant.

La fuite, voilà ce que j'espérais.

L'ancienne Meghan se serait barré à la vitesse de l'éclair.

L'ancienne Meghan aurait chialé toutes les larmes de son corps face à la dureté de mes mots.

Mais cette femme là, dont les pupilles ne cillent même pas d'un seul millimètre malgré toute la haine que je m'efforce de lui infliger, flingue ma volonté au point de me faire flancher le premier.

Les jets de flammes s'extirpant de mes orbites étaient censés la faire déguerpir. Sauf qu'à cet instant, il semblerait que mon brasier ne soit pas assez puissant pour foutre le feu à cette foutue ''Wonder Woman''.

Putain, où mon petit bonbon a bien pu dénicher cette cape de super héros avec cette force surhumaine livrée avec ?!

Totalement désemparé, ma tête bascule en avant venant s'abandonner tout contre l'une de ses épaules comme un pantin désarticulé.

Il serait tellement plus simple qu'elle en vienne à me détester et à me traiter de connard.

Tellement plus simple, pour une fois...

Mais avec elle, rien n'a jamais été simple.

J'ai beau tenter de me dégager de son emprise maléfique, ma volonté elle, s'effrite au moment même où ses doigts me mettent au défi de résister à son insolence sans limite.

Des caresses d'une légèreté sans pareil dans lesquels mes cheveux ne sont plus que chiffon. Dorloter l'ébène de mon cuir chevelu pour apaiser mes craintes, mes peurs. Sans compter ce silence mortel qui met à mal ma raison.

Qui met à mal mon horloge émotionnelle...

Si seulement elle ne me connaissait pas aussi bien.

Si seulement elle pouvait s'abstenir d'user ce qui me fait défaillir.

Mais bordel ce que j'aime ça...

Les fourmillements à travers chacun de mes pores le prouvent. Tout comme les halètements que j'essaie d'étouffer en mordant à sang la pulpe de mes lèvres.

Effleurer du regard son visage à la dérobée, je m'en languis.

Je m'en languis, mais je ne cède pas. Car si je cède, je sais que je suis foutu.

J'ai voulu jouer comme je le fais à la perfection depuis ses cinq dernières années.

Sauf que cette fois-ci, j'ai tout perdu.

Jusqu'à mon foutu calbut.

Combler nos failles emplies de peines en unissant nos corps, je n'ai pas pensé un seul instant à l'après.

Où le réveil me sortirait de ce songe si parfaitement parfait. Où la réalité reprendrait toute sa place.

Tel un uppercut reçu en pleine gueule, le présent a su percuter de plein fouet ma tête.

L'impression d'être plongé dans une eau trouble me prend soudain à la gorge et la seule solution que je parviens à trouver pour m'extirper des griffes de ce cauchemar est de venir  planter mes iris à nouveau dans les siens.

J'appréhende de ce qu'elle pourrait y lire mais je ne peux pas faire perdurer ce contact si... déstabilisant.

Blanche-Neige... ma Blanche-Neige.

Cette tendresse si profonde que je lui pensais si unique et qui m'a fait succomber vient d'être égalée par ce petit bout de femme qui accapare mes cuisses.

Si je n'étais pas aussi paumé je pourrais croire que miss Arthur a pris possession du corps de mon petit bonbon.

Certes, physiquement elles sont à l'opposés l'une de l'autre, enfin je le croyais, jusqu'à ce que Meghan enfile cette splendide robe sublimant la ''femme'' qui sommeillait en elle.

Mais à contrario de cette énigme de Blanche-Neige qui détient le pack complet de l'avion de chasse, mon petit bonbon, elle, possède bien plus. Une beauté naturelle dont seul un sourire suffit à illuminer ses traits comme tout bon maquillage le ferait. Un esprit enfantin qui respire à la fois la pureté, la malice et l'intelligence. Sans compter ce petit plus. Inestimable et inégalable.

Ce qui irradie, là, dans le fin fond de sa poitrine, compte bien plus qu'un cul sublime. Son âme est pure, sa sensibilité me subjugue.

Et je crois que je suis dans la merde.

- Julian, s'il te plaît ne me fait pas ça. Ne te referme pas. Pas avec moi.Ce regard froid je le connais bien trop. Pardonne-moi, je suis désolé. Tellement désolé pour tout ça. Je n'aurai jamais dû te forcer la main. Je sais que coucher avec moi n'était pas l'affaire du siècle comme tu viens gentiment de me le faire comprendre. Et je m'excuse pour ça aussi. Je n'ai pas un corps à faire pâlir les hommes j'en suis consciente mais...

Bordel comment peut-elle autant se sous-estimer ?!

Enfoiré de Jay !

Ses mots emplis de peine percutent tous mes sens et mes iris retrouvent vie instantanément.

Je la fixe comme jamais je ne l'ai fait. Je me laisse aller et la laisse lire ce qui devait rester enfermé à jamais. Je veux qu'elle s'aperçoive qu'à travers moi elle est d'une beauté à couper le souffle. Je veux qu'elle comprenne qu'elle m'a bouleversé bien plus qu'elle ne peut l'imaginer.

Et ça fonctionne car elle semble avoir perdu l'usage de sa langue.

Pour mon bien je sais pertinemment que je devrais la traiter comme toutes les greluches qui ont bénéficié d'un unique petit tour de manège entre mes jambes, mais je ne peux pas.

Je ne peux pas car si je la perdais, je crois que je me perdrais moi, à tout jamais.

Je perdrais ce degré d'humanité qui me reste. Je perdrais un bout de plus de ma Charlie...

Le seul héritage qu'elle ait bien voulu me laisser.

Le seul héritage auquel je n'aurai jamais dû toucher.

Un héritage empoisonné qui me rend autant vulnérable que monstrueux.

Charlie... Ma Charlie...

N'ai-je pas eu assez d'épreuves à surmonter sans rajouter ce dilemme qui se joue face à moi ?

Une bile amère menace soudain de s'échapper de mes entrailles, mais cette fois-ci je me surprends à me sentir plus fort que cette culpabilité qui ronge le positif de ma vie.

De ma main droite, je saisis la chaleur de sa nuque avec fermeté. Nos souffles se mêlent, nos nez s'entrechoquent avec douceur et sans quitter ses yeux qui semblent à nouveau briller de cet éclat que j'aime tant, je m'abandonne.

- Meghan que vais-je faire de toi... Tu ne te rends même pas compte de la beauté que tu possèdes. Et le pire dans tout ça, c'est que tu es tellement aveugle que tu ne vois pas non plus à quel point tu me déstabilises. Quand ta bouche est entrée en collision avec la mienne, j'ai perdu tout sens de la réalité. Je me suis laissé emporter et j'ai aimé ça. Tout comme j'ai aimé la nuit passée avec toi... à te regarder dormir si paisiblement dans le creux de mes bras. Je ne sais pas ce que je fous en t'avouant tout cela, mais en revanche ce dont je suis persuadé c'est que je tiens bien plus à toi que je ne le devrais. Bordel je crois que je perds la boule par ta faute...

Au fur et à mesure de ma pseudo déclaration son sourire n'a de cesse de s'élargir. Tout comme le mien qui fond au contact du sien.

- Et cette femme dont tu m'as dis être épris ? me nargue-t-elle.

- Elle existe. Mais elle m'a simplement ouvert les yeux sur ce que pourrait être ma vie si j'acceptais ce qu'elle veut bien m'offrir, j'avoue sans concession tout en déposant un tendre baiser sur son front.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant