JULIAN

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ILS. NE. REVIENDRONT. JAMAIS.

Quatre mots, que je tente d'encaisser sans broncher depuis deux foutus jours.

Croire pendant cinq longues années que leur disparition n'était dû qu'à un simple cauchemar était ridicule.

''J'ai'' été ridicule.

M'enfoncer dans les ténèbres en pensant que la douleur fuirait tout mon être était aussi une belle erreur.

Grâce à elle, je me rends compte que j'ai tout foiré.

Mon petit bonbon... d'où tu sors ce caractère de feu ?!

D'où tu sors cette foutue force ?!

La claque phénoménale que j'ai reçu en pleine poire a réactivé le semblant d'humanité que je pensais à jamais disparu, et cette batte de Baseball imaginaire a réduit à néant mon armure que je croyais inébranlable. 

Je ne sais pas comment elle a fait pour trouver ''la'' faille, mais ce dont je suis certain, c'est que je ne peux plus continuer à vivre de la sorte sans me soucier de la souffrance que j'inflige avec égoïsme aux deux personnes les plus proches de ma vie.

Me détruire pour mieux gérer cette culpabilité oppressante, voilà le but ultime que je m'étais fixé.

Mais au final, cela n'a fait qu'amplifier mon mal-être et mon dégoût pour moi-même.

Alors comment revivre normalement après cet échec ?

Comment accorder à nouveau une chance à cette foutue vie ?! 

Des questions. Des questions toujours laissées sans réponses.

Affalé sur le petit banc faisant face au dressing, je me laisse aller en fermant les paupières. Son odeur, ses fringues, son visage rayonnant encadré sur les pans des murs de la pièce, me font autant de bien que de mal.

Clément a raison. Charlie ne disparaîtra jamais de mon esprit. Elle est gravée en moi, sur moi, pour toujours.

Inconsciemment, je passe mes doigts à l'endroit où elle seule avait sa place et je souris... Je souris en inclinant la tête vers l'avant tout en frôlant le tatouage qui englobe mon pectoral gauche. Le signe de '' l'infini '' avec la lettre ''L'' dans une boucle et La lettre ''C'' dans la deuxième.

— Pour toujours mes deux amours. Pour l'éternité, je murmure

— Julian...

Mon petit bonbon...

Je relève lentement mes yeux en sa direction et lorsque je lis le bordel qui valse dans ses pupilles d'une perfection sans pareil, je viens tapoter le cuir afin de lui faire comprendre que je la veux près de moi.

Elle hésite, alors je lui accorde un tout petit rictus amusé. Sa lèvre inférieure semble souffrir de l'attaque de ses dents ce qui me faire sourire instantanément.

— Viens là Meghan, j'ordonne tout en désignant mes cuisses.

Elle étire ses lèvres avec appréhension et j'adore ça. Sa timidité me fait fondre. À peine arrive-t-elle à ma hauteur que mon bras droit entoure sa taille toute fine.

Un petit cri de surprise et la voilà enfin à l'endroit où je voulais qu'elle soit.

Je bascule son dos contre mon torse nu et plante mon menton sur le haut de son crâne.

À cet instant précis, je sais que j'ai pris la bonne décision.

— Pardon mon petit bonbon. Ne m'en veux pas s'il te plaît. J'avais besoin de réfléchir à certaines choses. Besoin de savoir si je méritais une sorte de seconde chance. Tes mots Meghan... je crois que je t'ai haïs sur le moment.

Ses doigts serrent les miens, mais de mes pouces je viens la rassurer en caressant les siens.

— Tes paroles m'ont fait l'effet d'une bombe. Une bombe qui m'a fait remettre ma vie en question. Sans compter que Clément en a rajouté une couche derrière.

Et cette foutue Blanche-Neige qui a fini par avoir ma peau, elle aussi.

Mais ça, elle n'a pas besoin de le savoir. C'est encore trop tôt. Trop tôt pour tout lui dire.

Je la sens se contracter sous moi, mais à part sa respiration haletante et bruyante qui brise le silence, elle reste étonnamment muette.

— J'ai déconné. Beaucoup déconné. Je me suis comporté comme un putain d'égoïste et je te demande pardon pour ça mon petit bonbon. Tu as perdu toi aussi une part de toi et pourtant tu as fait passer ta douleur au second plan pour t'occuper de la mienne. Tu avais raison, toutes ses nanas n'ont été qu'un foutu pansement. Un pansement le temps d'un orgasme. Tous ses corps sans tête voilà comment je me les représentais. Des objets capables de supprimer pendant quelques minutes l'impression de mort omniprésente. Pendant ses quelques minutes je m'échappais de cette douleur lancinante.

— Je ne voulais pas te faire du mal, tu...

Je la coupe en posant l'une de mes mains sur sa bouche.

— Non Meghan. Au contraire je crois que j'avais besoin de ça. Pour me réveiller de ce foutu déni. Char... Charlie est partie en emportant notre bébé avec elle. Je ne les reverrais plus avant un bon bout de temps. Rien que de dire ça, j'en crève. Mais cette fois je suis réaliste.

J'essuie rapidement du plat de ma main une larme orpheline avant de reprendre.

— Il faut que j'essaye de me relever. Mais j'ai besoin de toi. J'ai besoin de tes coups de pied aux fesses et de ton caractère que je découvre de plus en plus. J'aime la femme que tu deviens Meghan. Tu es forte. Bien plus forte que tu ne le crois.

Son petit minois s'incline en douceur vers le mien et si habituellement je déteste la voir pleurer, ses larmes là me font du bien.

— Mon petit ange à moi... Je suis revenu, je murmure près de sa tempe.

Je la sens sangloter contre ma mâchoire alors je fais ce que je sais faire de mieux. Je l'enlace en la berçant comme j'ai toujours aimé le faire.

J'aime la sensibilité qu'elle dégage, j'aime son odeur florale et je crois que je l'aime toute entière.

Une vraie pierre précieuse. Ma petite pierre précieuse.

— Toujours d'accord pour m'accompagner miss Harper ? Je demande taquin.

Elle sourit je le sens, et mon cœur sautille comme un petit fou.

— ça dépend, tu as acheté ma bague?

La chipie. Elle ne perd pas la mémoire à ce que je vois.

— Oui. Je pense qu'elle devrait te plaire. Un beau solitaire au centre d'un anneau en or blanc.

D'après mes souvenirs tu avais flashé dessus lorsque tu m'as aidé à choisir celle de ta sœur.

Ses yeux écarquillés me déclenchent un fou rire et je rajoute:

— C'est mon petit cadeau pour te remercier d'être toi. Tu es ma bonne étoile et avec cette pierre je ne pourrais pas l'oublier.

Je glisse une de mes mains dans la poche arrière de mon jean et lui tend l'écrin.

— Passe-la à ton doigt que je vois si je ne me suis pas trompé sur la taille.

Elle ouvre la petite boîte et sa bouche forme le plus beau O de l'univers. J'ai l'impression d'avoir sur mes genoux une petite fille à qui l'on vient d'offrir le seul cadeau qui ne puisse exister.

L'alliance se mêle à la perfection à son annulaire gauche et le baiser qu'elle dépose sur mon front me rend bizarrement très nerveux. Une impression de déjà vue me submerge mais je ne dis rien.

Sa bouche descend le long de l'arrête de mon nez et lorsqu'elle atteint le bout en jouant avec, le ''merci'' qu'elle prononce du bout de ses lèvres et juste, exquis.

Elle me fait penser... à ma Blanche-Neige. C'est absurde, j'en suis conscient.

Mais je souris. Je souris face à mon idiote de réflexion.

Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant