JULIAN [ épilogue 2/3]

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— Abby, je souffle entre mes dents, un léger sourire inondant  le coin de mon visage.

Mon avant-bras sur les reins de Meghan, j'inspire profondément avant d'affronter le regard de ses deux bonnes femmes. 

— Tu as sauvé mon cœur, mon petit bonbon, alors je te demande maintenant de me faire confiance. Tu veux bien ? je chuchote en déposant un léger baiser dans son cou. 

Elle acquiesce timidement sans cesser de fixer le fantôme de son frère. Un fantôme qui encore aujourd'hui, reste la seule pièce maîtresse capable de faire battre à nouveau un cœur bien précis.

Huit mois qu'elle et moi discutons chaque jour.

Assez pour la convaincre de tout avouer à Clément. 

Mon plan est loin d'être simple. J'en suis bien conscient.

Mais pour ce type, je suis prêt à tout. 

Quitte à ce qu'il me raye de sa vie.

Mes doigts glissés dans ceux de ma moitié, je me retourne vers celle que je considère comme une vraie guerrière. 

Mon visage transpire le bonheur quand ses deux émeraudes croisent les miens. Son sourire n'a pas changé. Un magnifique mélange d'insolence et timidité. 

Abby. Notre Abby.

Sans demander mon reste, je parcours les quelques mètres nous séparant, avant de la serrer dans mes bras aussi fort que possible.

Je la sens se tendre à mon contact. Mais cela ne dure pas longtemps. À son tour, elle entoure ma taille de ses bras, avant de fondre en larmes contre ma chemise.

— Abby, ma Abby, ça va aller, je murmure contre son bandana jaune qui recouvre sa tête. Ma petite poupée...

Abby et moi avons toujours eu un lien assez spécial. Deux pièces rapportées où la vie ne nous aura pas fait de cadeaux. Il y a cinq ans, je n'étais pas ce même type  à l'assurance sans faille. Plutôt  réservé, je n'étais pas très expressif. Contrairement à Abby qui était un vrai rayon de soleil. Toujours le sourire aux lèvres, elle était le clown de la bande. Mais derrière ce soleil éblouissant,  se cacher une petite fille bien plus fragile qu'en apparence. Abandonnée à la naissance, elle n'a pas eu un début de vie facile. Pourtant je ne l'ai jamais vu pleurer sur son sort. Jamais.

Jusqu'à il y a peu.

Jusqu'à ce le destin s'acharne sur elle.

— Tu as pris la meilleure décision qui soit , Abby, je la berce pendant qu'elle s'effondre contre ma poitrine.

Je ne vais pas laisser le choix à Clément. 

Je veux qu'il ouvre ses putains d'yeux ! 

Je veux qu'il lui avoue sa putain de vérité !

Lui seul pourra la sauver. 

— Abby, tu va bien ? 

Dos à moi, je peux percevoir toutes les interrogations de Meghan.

 Elles ont tellement changé toutes les deux...

Meghan est à présent une femme forte, où Abby  est devenue un petit oiseau fragile tombé de son nid. 

Avec toute la douceur du monde, je relâche mon étreinte. Un petit pas de côté et je laisse Meghan prendre ma place. Avec  appréhension, elle s'avance vers celle, qui fut un temps un peu sa deuxième maman. 

Ses doigts tendus en l'air, Abby ne se fait pas prier pour les lier aux siens.

— Tu es tellement jolie, Meghan. Tu m'a manqué, tellement manqué. 

En larmes toutes les deux, elles fondent l'une sur l'autre. 

Contre le mur en pierre de l'immeuble, je contemple la bouffée d'amour qui se joue devant moi. 

Le destin n'a qu'à aller se faire foutre. Je suis le destin.

— Je n'arrive pas trop tard, j'espère!  nous coupe une voix grave et chantante, une bouteille de champagne en main.

Mais le destin semble se foutre de ma gueule...

Sur la dernière marche de l'escalier en colimaçon, mon frère de cœur marque un arrêt. Dos à Abby, il ne voit pas son visage. 

Pourtant je sais, qu'il sait. 

Un certitude qui se confirme, quand la bouteille vient heurter violemment le sol en carreau de ciment.

















Au-Delà Des ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant