4 Kiara

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Je me gare dans la cour, je suis encore toute seule la voiture de mon père n'est pas là et c'est très bien comme ça, enfin je crois. Je rentre plus tard que d'habitude, j'ai passé plusieurs heures à la bibliothèque, j'ai tellement de retard à rattraper. Ça fait quatre jours que je vais à la fac et j'ai à peine vu mon père.

J'entre en claquant mon sac au sol, je vais chercher une bouteille d'eau dans la cuisine. Anita est en train de préparer le dîner.

— Ça a été les cours ?

— Salut Anita ouais, mon père rentre quand ?

Elle me montre une enveloppe posée sur le comptoir.

— Tard, il m'a demandé de te préparer ton repas.

Je l'attrape en soupirant, il me laisse encore de l'argent, c'est pas ça qui va remplacer sa présence.

— Merci, mais tu n'es pas obligée, je sais me débrouiller.

— Ça ne me gêne pas.

— Je monte, je mangerai plus tard, tu peux rentrer ça ira.

— Je partirai quand j'aurai fini, je te laisse tout dans le four.

— Merci.

Je récupère mon sac et je monte dans ma chambre, je regarde ce que mon père m'a écrit

« Désolé j'ai beaucoup de travail, commande-toi à manger si Anita fait ce que tu n'aimes pas »

Avec à l'intérieur 300 dollars. Il est sérieux. Il croit que j'ai l'intention de bouffer pour 300 dollars, je referme l'enveloppe et la range dans un tiroir.

Je m'installe sur mon lit, je sors mon cahier et je continue mon dessin, j'ai hâte de l'avoir sur mon corps, il est sombre et triste mais il est magnifique.

Je dessine pendant plusieurs heures sans m'arrêter, j'aime tellement ça. Mes souvenirs remontent de plus en plus comme à chaque fois qu'on est le soir, je ferme les yeux pour essayer de ne pas y penser, je revoie mon frère rempli de sang, j'entends ses hurlements de douleur. Il me supplie en pleurant de l'aider, il a dû sang partout, des morceaux de verre plantés dans le visage, une branche d'arbre dans l'abdomen. Ma mère qui a le ventre planté dans le pare brise, le sang qui coule autour de sa bouche, j'entends son dernier souffle résonner. Je sens l'odeur de l'essence, je sens la chaleur des flammes qui pénètre ma peau sans que je ne puisse bouger.

Je pousse un cri de rage en serrant mon poing, mes ongles s'enfoncent dans ma peau. Je n'arrive pas à retenir mes larmes.

— Je suis désolée, tellement désolée, murmuré-je pour moi-même.

Tout ça c'est de ma faute, j'arriverai jamais à me pardonner.

Il faut que je sorte d'ici Je saute de mon lit pour me changer rapidement, j'attache mes cheveux, je connecte mes écouteurs avant de ranger mon téléphone dans ma poche. Je descends les escaliers en courant, j'ai besoin d'aller courir.

Dehors je prends une grande inspiration avant de m'élancer, ça va m'aider à me libérer l'esprit, c'est soit ça où la drogue et je refuse de repartir en désintoxication.

Deux heures après je suis de retour devant le portail, je rentre pour aller boire un grand verre d'eau avant de sortir le plat du four, Anita prépare des bons petits plats comme toujours.

Je m'installe à table, j'allume même pas la lumière, il fait presque nuit dehors mais je suis seule ça ne sert à rien, je mange sans vraiment d'appétit.

Je débarrasse et passe un coup d'éponge avant de remonter pour aller directement sous la douche. Après avoir enfilé un pyjama je me mets aussitôt dans mes couvertures, je prends la photo sous mon oreiller de mon frère et ma mère. Je la garde contre moi avec ce vide qui me broie le cœur et je m'endors en pleurant, comme toutes les nuits.

BRISÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant