30 Kiara

2.6K 174 14
                                    

Je me gare devant chez mon père quand je repars du commissariat. Il fait chier Jensen, il m'a grillé aussitôt mais au moins j'ai pu y aller et lui parler. Maintenant je ne pourrais plus y retourner. Il surveille ses visites. Quand j'ai répondu à son appel et qu'il m'a demandé de venir, j'ai cru que c'était par rapport à mon père, mais non. Il était furieux mais tant pis. Je sursaute quand j'entends frapper à ma vitre, j'avais la tête plongée dans mon sac. Quand je vois que c'est Tony, je range immédiatement mon étui avec ma drogue. J'ouvre la porte en prenant mon sac pour descendre.

— Je te manque déjà ?

— Tu m'as dit de passer.

Ah ouais, c'est vrai. Je lui fait signe d'avancer en verrouillant ma voiture. Je me dépêche de taper le code de l'alarme en lui disant de faire comme chez lui. J'ai besoin d'une minute. Mes mains tremblent, de la sueur coule dans mon dos. Il me faut une dose.

Je me dépêche d'aller dans la salle de bain, je m'enferme en sortant ma cocaïne. Je veux oublier Alec, son baiser. Son corps contre le mien, son parfum, son existence. J'aurai dû lui mettre un beau coup de pied dans les couilles au lieu de l'embrasser, et pendant ces cinq minutes j'étais heureuse, j'avais presque oublié toutes les sensations que c'était d'être dans ses bras.

J'augmente légèrement ma dose, je sens mes larmes couler pendant que j'inspire toute cette drogue. Putain je le déteste. Pourquoi il fait ça ? Il m'a laissé, il m'avait promis de ne pas partir.

Je me laisse tomber contre le meuble en lâchant un cri de douleur et de soulagement. Mon cœur s'accélère rapidement, j'ai dû mal à respirer, je m'allonge contre le carrelage en frottant ma marine. L'effet est très rapide, une vague de bien être monte. Maintenant ça va mieux. Mon nez me chatouille quand je me relève, avant de refermer le sachet je plonge mon doigt dedans pour en récupérer encore un peu en le frottant contre ma gencive. J'efface tous mes traces et je range tout dans mon sac avant de ressortir. Tony m'attend sagement assit dans un canapé.

— On commande des pizzas ?

Je pose mon sac sur le tapis en allant récupérer un feutre noir dans le tiroir.

— Si tu veux, répondé-je en allant vers le mur.

Je décroche tous les cadres. Un à un je les dépose contre le mur en me retournant vers Tony avec un grand sourire.

— Demain soir, tu sors avec moi.

— Où ? m'interroge Tony en me regardant bizarrement.

— En boîte.

— Ok... Kiara, tu saignes du nez.

Merde ! Je passe le dos de ma main sous mon nez en détournant le regard. Je regarde mon sang en attrapant un mouchoir sur la table.

— C'est pas grave, marmonné-je en essuyant le reste.

Ça m'arrive en ce moment. Mes parois nasales sont fragiles avec tout ce que je prends.

— Tu es sûre que ça va ?

Je hoche la tête en enlevant mon cuir, j'ai chaud. Aussitôt je vois son regard se porter sur mes bras, comme si il cherchait des traces de piqûres, mais il ne trouvera rien. Je lui balance mon bloc note pour qu'il puisse le lire en même temps et j'ouvre mon feutre en me tournant vers le mur beige et je commence à écrire.

— Fanny Denver avait 27 ans, elle travaillait depuis plusieurs mois au Platinium. Une boîte très tendance à San Diego. Je suppose que tu connais.

— Ouais. C'est là-bas qu'on va ?

— Exact. Au début tout se passait bien. Elle était serveuse. Puis elle a commencé à s'occuper des zones VIP, c'est là que tout a changé. Elle a commencé à rentrer plus tard. Parfois elle ne rentrait pas de la nuit, d'après Spencer.

BRISÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant