BRISÉE

54 Alec

Je grimace en sentant mon café froid couler dans ma gorge. Je repose ma tasse en me laissant tomber sur mon dossier en claquant mon stylo sur les feuilles étalées devant moi. J'ai la tête remplie d'informations et pourtant je n'ai aucune piste, rien. Ça fait des heures que je suis assis à essayer de trouver qui veut s'en prendre à Kiara. Depuis qu'elle m'a montré cette carte je pète les plombs, j'arrive pas à rester calme, ni à dormir.

J'ai les identités de tous les Irlandais, j'ai fouillé toute leur vie, que ce soit de leurs familles aux amis mais j'ai que dalle et quand je regarde les menaces étalées devant moi je me demande si ce sont les mêmes personnes.

La quatrième qu'elle a reçu n'a aucun sens. Pourquoi elle doit payer de l'avoir tuée ?

Ça ne peut pas être quelqu'un de ma famille, ni de la sienne, il ne lui reste que son père. J'ai cherché aussi du côté de Fiona mais personne ne sait que c'est Kiara qui a découvert son corps et elle n'est pas responsable de sa mort. Qui est ce putain d'enfoiré qui la menace ?

J'ai eu la trouille de ma vie quand j'ai entendu le coup de feux par téléphone, je croyais l'avoir perdue et encore une fois quand Marco avait son arme sur elle, je ne pouvais rien faire pour la sauver. J'avais aucun angle de tir. Je ne pourrais jamais oublier ce jour et je ne veux plus ressentir ça, cette douleur de perdre la femme qu'on aime, de sentir tout son corps s'arracher. C'est horrible.

Je passe mes soirées à chercher, à trouver un lien sauf qu'il n'y a rien ! Et pourtant dans ce genre d'enquête c'est toujours quelqu'un proche de la victime. Avec Brett on a commencé à vérifier chacun des clients qui viennent dans son salon et ça prend énormément de temps. J'ai même vérifié le casier judiciaire de Kessy ce matin. Elle vit avec Kiara, elle peut jouer à un double jeu mais je pense qu'elle est sincère, elle aime vraiment Kiara. Ça me fait chier qu'elle soit aussi loin, j'ai envie d'être avec elle mais je me rattraperai plus tard, il faut que je trouve ce qu'il se passe.

Il faut que je l'appelle, je veux entendre sa voix, qu'elle me raconte sa journée, qu'elle me dise qu'elle va bien. Je soulève toutes les feuilles à la recherche de mon téléphone, je ne sais même pas quelle heure il est. Je remets la main dessus en tapant sur l'écran mais je n'ai plus de batterie. Et merde ! Je le pose sur la base de chargement qui est posé sur mon bureau en me relevant avec ma tasse, je l'appellerai après. Je vais avoir besoin d'énergie, je vais sûrement rester ici pour la nuit.

Les couloirs sont vides, je regarde l'horloge en voyant qu'il est 20 h passé. La plupart sont déjà rentrés. J'entre dans la salle café en vidant le reste de mon café froid dans l'évier avant de m'en resservir un autre.

— Salut Alec, j'allais venir te voir, dit un de mes collègues qui entre avec sa tablette. J'ai quelque chose qui risque de t'intéresser.

— Je t'écoute ?

— J'ai fait une recherche sur la liste que tu m'as demandé et il y a qu'un nom qui est ressorti, Dominic, et il n'existe plus.

Oh bordel ! J'ai soudainement très chaud.

— Comment ça il n'existe plus ?

— Il est mort depuis plus de deux ans, à l'âge de 65 ans. Je ne sais pas qui est ce type mais c'est pas sa vraie identité.

Oh putain Kiara ! Je claque ma tasse avant de sortir en courant. Je choppe les clés d'une des voitures de patrouille avec le cœur qui va exploser. Elle m'avait parlé de son nouveau voisin qui la mettait assez mal à l'aise. C'est lui putain ! Je démarre en mettant la sirène, deux heures c'est trop long ! Je cherche mon téléphone dans ma poche en me rappelant que je l'ai laissé sur mon bureau, merde, fait chier ! J'appuie sur l'accélérateur en espérant qu'elle aille bien.