40 Kiara

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Je me gare devant l'hôpital avec les paupières lourdes. Je suis fatiguée, ma soirée a été intense. Je veux aller me coucher mais je dois aller voir mon père.

J'ai hâte d'aller me changer et de prendre une douche. J'ai ramené Tony, on a pas attendu la fin de la soirée pour partir. Dès que j'avais fini avec les deux autres agents on s'est éclipsés. Malheureusement on a rien trouvé, je m'en doutais mais au moins on a vérifié. Soit le traître n'était pas là ou il ne fait pas parti de leur gang. Il sert juste d'informateur.

J'appuie sur le bouton de l'ascenseur, j'ai pas le courage de monter les trois étages. Je suis tiraillée entre l'envie de rester ici et de rentrer chez moi. J'ai carrément annulé une semaine de travail et c'est très mauvais pour les affaires. Kessy gère très bien mais ça m'embête de la laisser seule autant de temps et j'ai pas eu le temps de constater le travail de Mathilde. Même si apparemment elle est très efficace. Je dois aussi trouver un troisième tatoueur et je n'ai absolument rien foutu.

J'avance dans les couloirs, il est tard mais j'ai encore une chance de rentrer dans sa chambre et le garde devant me laissera entrer.

Je suis contente que Derek laisse quelqu'un 24h/24h pour sa sécurité. Comme pour la fille de Fiona. Rien que de repenser à cette petite qui n'a plus sa mère me rend malade. J'ai eu beaucoup de mal à aller la voir, je suis responsable et je m'en veux horriblement. Et l'argent que je lui ai donné ne me fait pas me sentir mieux.

— Kiara Williams, je suis sa fille.

Je sors ma carte d'identité pour ne pas qu'il me fasse chier. Je n'avais pas encore aperçu celui qui était de nuit.

— Allez-y, dit-il en hochant la tête.

Une minute !

— Montrez-moi vos bras ?

— Quoi ?

— Vous avez bien entendu ? Relevez vos manches pour me montrer l'intérieur de vos poignets.

— Je ne vais rien faire. Soit vous entrer, soit vous partez.

— Très bien, dis-je en sortant mon téléphone. Je connais très bien Derek Jensen. Je vais l'appeler et me plaindre. On verra lequel des deux va moins rire.

J'en ai rien à foutre qu'il soit furieux. Je lui montre que j'ai son contact dans mon répertoire. Je l'entends marmonner en relevant ses manches. Il les remonte jusqu'à ses coudes en me montrant les deux côtés. Parfait il n'y a rien.

— Merci ! C'était pas difficile. C'est fou qu'il faut toujours menacer les gens pour avoir une réponse. C'est pas comme si je vous demandais votre arme.

J'ouvre la porte en me disant que je suis sûrement parano mais j'ai peur pour sa sécurité. Il fait sombre, une petite lumière éclair le fond de sa chambre. L'odeur médicale qui flotte partout dans la pièce me donne la nausée, ça me rappelle mon séjour à l'hôpital. Je referme derrière moi en avançant vers son lit. Il n'a toujours pas bougé. Allongé dans des draps blancs, avec une blouse. Il a toujours un pansement qui couvre le haut de sa tête avec les mêmes tubes d'oxygène dans son nez et sa bouche.

— Salut papa.

Je prends doucement sa main dans la mienne en m'installant sur le côté du lit.

— J'ai peur que tu meurs. S'il te plaît, réveille-toi.

Si je n'entendais pas son rythme cardiaque résonner dans la pièce, je penserais qu'il est mort. Sa peau est pâle, sa barbe a beaucoup poussé, ça fait bizarre de le voir comme ça. Lui qui est toujours rasé.

— Ne va pas rejoindre maman maintenant. Il faut que tu te réveilles pour m'engueuler, j'ai fait plein de conneries. Tu vas être furieux.

Oh oui il va être furax et je veux qu'il se réveille pour m'engueuler. Notre relation se passe bien depuis que je suis partie. On ne voit pas souvent mais il prend beaucoup plus de temps pour moi. Il m'appelle très régulièrement.

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