56 Kiara

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2 mois plus tard.

— Il est 6 heures 30 Kiara ! râle Teresa ma camarade de chambre, qu'est-ce que tu fous.

Je suis trop excitée et sa mauvaise humeur ne sera pas contagieuse. Je claque toutes mes affaires dans ma valise sans me soucier de les froisser. Je tasse tout en appuyant bien pour pouvoir la fermer.

— Je pars. Enfin. Je vais retrouver Alec. T'as pas oublié ? Pourtant maintenant tu ne planes plus.

— Personne n'a oublié Kiara. Tu nous prends la tête depuis des semaines. Je te déteste.

Elle remonte sa couverture en marmonnant que je suis chiante. Je saute dans son lit pour la secouer par les épaules en riant.

— Tu détestes tout le monde. Aujourd'hui c'est le plus beau jour de ma vie. Je vais retrouver...

— Ton mari, oui on sait. Tu es mariée. Et ton mec est canon.

Oh ça oui. Il me manque trop putain.

— Sois pas jalouse. Je t'ai laissé mon numéro. Appelle-moi et fait attention à toi. Je t'adore. T'es une guerrière !

Je lui claque un bisou sur la joue en me relevant, j'espère qu'on restera en contact. Elle a aussi des problèmes de drogue, à cause de son passé et malheureusement elle n'a pas de famille sur qui compter. Et j'espère vraiment qu'elle va réussir à se reconstruire. J'éteins la lumière de la chambre en traînant ma valise derrière moi.

Je suis prête, habillée, coiffée, maquillée, en forme et pressée de me barrer d'ici après 60 jours de cure. J'avais peur de rester plus longtemps mais finalement mon psychiatre et toute l'équipe m'ont autorisée à sortir, à condition que cette fois je fasse vraiment le suivi à ma sortie. Donc je continuerai de voir un psychologue et je vais le faire sérieusement. Alec et Kessy sont ma force et pour eux je ferais n'importe quoi. J'avance dans les couloirs vides avec cette sensation de liberté. J'ai plus ce poids sur la poitrine. Je vais bien. Je lâche ma valise en sautillant jusqu'à l'accueil où sont Daniel l'infirmier et Jonathan le médecin psychiatre.

— Allez ouvre les portes !

Daniel me montre l'horloge du doigt avec un sourire.

— Il n'est pas encore 7h Kiara.

— Déconne pas ! C'est pas comme si j'allais me barrer pour me shooter. Je vais retrouver mon...

— Ton mari, disent-ils en chœur. On sait.

Je pose mes coudes sur le comptoir en souriant. Ouais je suis mariée, putain c'est dingue. Je crois que tout le monde en a marre de moi, mais je suis trop contente de le dire.

— J'espère ne plus jamais vous revoir, bande de psychopathe du cerveau.

— Ça va être calme sans toi, dit Jonathan en posant un papier devant moi. Signe bien les trois feuilles.

Ce sont les papiers pour ma sortie et je confirmerais en même temps que je vais continuer mon suivi. Je récupère un stylo avec ce sentiment de soulagement, de fierté et d'angoisse. J'ai pleuré, beaucoup pleuré, j'ai cru mourir, j'avais peur et j'étais seule mais petit à petit mes angoisses ont disparu, je me suis battue contre moi-même et même si mes cauchemars seront toujours présents, ça ira. Je pose ma signature sur les feuilles avec les larmes aux yeux. Je suis contente de l'avoir fait. C'était ce qu'il fallait.

— Allez laisse-moi sortir Jonathan !

Il se met à rire en disant que je peux patienter encore un peu. Je soupire en regardant le micro. Je me décale sur le côté pour l'attraper en appuyant sur le bouton, sous le regard noir de Jonathan. Il va encore avoir toutes les plaintes des gens que je vais réveiller.

BRISÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant