À travers la brume, Jaya sortit de son bain. Le silence régnait à nouveau et filait au rythme des gouttes d'eau glissant sur sa peau blanche. Enfilant son peignoir, la jeune femme soupira en regagnant sa chambre. Elle y déplora le vide sans saveur, ce calme qu'elle ne supportait plus. Éclairée par la seule lueur d'une bougie presque entièrement fondue, elle alla s'asseoir sur son lit où elle se recroquevilla.
Le cliquetis incessant de l'horloge était une torture. Personne n'était venu la voir après le dîner, pas même son père. Seule une servante avait été envoyée pour lui remplir son bain ; celle-ci s'était éclipsée aussitôt son travail terminé. Presque tout le monde la fuyait depuis son retour. Savoir qu'elle était la veuve d'un mage sanguinaire forçait la crainte chez certains, le mépris chez d'autres, comme Evanora et sa mère. Ils devaient tous penser qu'elle était dorénavant maudite, elle aussi, peut-être ensorcelée ou tout autre bêtise. Ils étaient tous stupides ! Stupides et enrôlés par leur religion sans âme !
Elle aussi était stupide... Comment avait-elle pu croire qu'Evanora accepterait cette demande de trêve amicale. Sa cousine avait pris un malin plaisir à savourer son malheur et sa misérable recherche de réconfort. Oui, misérable était le bon mot. Elle était misérable, lamentable, bien trop naïve... et ça lui faisait mal d'y avoir cru.
Jaya se crispa. Cette horloge allait la rendre folle.
Se penchant vers sa table de chevet, elle ouvrit d'une main délicate sa boîte à musique qui chanta les notes cristallines de sa berceuse.
Fa, La, Fa, Fa,
Si, Mi, Do, Re...Écouter ce son si délicat la ramena à Vadim. Le manque était de le voir partout alors qu'elle n'était nulle part. C'était dormir avec l'odeur de sa peau. Son sourire, son parfum, son regard... tous ces petits détails qui lui faisait prendre conscience de son immensité. Des images revenaient en boucle, des souvenirs surgissaient et se répétaient, redondant comme un battement de cœur.
Cette nuit en particulier dans leur chambre au Beffroi se grava sous ses paupières, dans ce bain où elle lui avait fait entendre cette mélodie pour la première fois. Là où elle lui avait chanté, là où ils avaient échangé leur amour au plus brut de leur désir.
Puis venait la dernière fois... sur ce lit de mort, entouré de ces fleurs si belles, mais pourtant funèbres.
Son cœur se serra ; elle ferma les yeux pour chasser cette image insoutenable.
Quand elle les rouvrit, Jaya vit un livre posé juste à côté de la boîte à musique. Les Contes du Fjord de l'Oubli... Le prenant en main, la brune observa longuement sa couverture bleue délavée dégageant une aura presque ésotérique. Elle aimait la douceur granuleuse de ses pages et son odeur particulière qui la ramenait tout droit en enfance. Les alhoriens portaient un amour tout particulier à la littérature et la reine n'en faisait pas exception. Jaya se souvenait de ces soirs où sa mère lui racontait un conte provenant de ce livre. Il y en avait une dizaine à l'intérieur, des histoires courtes parlant des montagnes lointaines et de magie.
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𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑
Fantasy/!\ TOME 2 - ATTENTION SPOIL /!\ Jaya est rentrée à Alhora. La jeune princesse poursuit sa vie après avoir laissé Cassandore et ses souvenirs derrière elle. Cependant, Vadim ne quitte jamais ses pensées et la tue un peu plus chaque jour. Elle pourra...