Le Manque de Lui 4/4

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Un cor sonna dans le lointain

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Un cor sonna dans le lointain.

Des chevaux déterminés, secondés par des véhicules regorgeant de munitions, se dirigeaient vers la place du village de Balanthiane. Pénétrer le fief d'un fier chevalier sans y être invité était d'une audace incommensurable. Pénétrer ces terres était une folie.

Mais y voir la famille Blanchecombe était bien pire que ça.

Deux figures se démarquaient des rangs de soldats, en tête de ligne. Vêtu d'armure solide, Byron Blanchecombe redressa le menton quand il s'arrêta à l'entrée de ce village de campagne entourés par les montagnes et les champs de blés. À la vue du redouté souverain, des femmes coururent dans leurs maisons pour cacher leurs enfants, des hommes sortirent pour protéger leur famille, tandis que d'autres guettaient d'un œil craintif l'ennemi venir et porter avec lui le souffle de la guerre.

— Gardes ! Halte !

D'un cri poussé d'une voix puissante, le général Leftheris interrompit la marche de ses troupes. Un silence de mort s'était abattu sur les âmes, inquiet et flottant vers le danger imminent. Un bastion d'hommes armés de lances et de boucliers arrivèrent à leur hauteur. De sa monture, Byron étira un sourire en coin ; voilà un charmant comité d'accueil. Balanthiane savait recevoir les invités.

— Citoyens ! clama le roi, dont la voix porta dans chaque esprit. Vous connaissez notre nom et la raison de notre venue. Ramenez-moi votre dirigeant, le chevalier Dyonat, que je m'entretienne avec lui !

Seulement quelques minutes s'égrenèrent quand un homme trapu en armure se fraya un chemin à cheval parmi les soldats balanthiens. Sa barbe épaisse et son regard glacial faisait de lui un adversaire de taille face à la menace que représentait ce roi du sud et son imposante armée.

— Vous n'irez pas plus loin ! cria le chevalier. De quel droit ramenez-vous vos chars métalliques et votre autorité sur mes terres ?

— Adressez-vous à notre roi avec plus de respect, chien ! clama un soldat cassandorien secondant Leftheris.

— Je vous en prie, messieurs, l'arrêta immédiatement le général. Veuillez garder votre calme.

Il n'était pas question d'imposer de l'animosité dans l'immédiat, Leftheris en était bien conscient. Cela ne ferait qu'écourter les négociations. Les balanthiens semblaient déjà très difficiles à aborder et la suite de cette rencontre reluisait dans son esprit comme un funeste mirage.

— Le nouveau décret instauré depuis ma victoire contre Starania est on ne peut plus clair, mon cher, relança Byron, ignorant l'œil noir que lui lançait le chevalier. Chaque village autrefois allié à Starania devra rejoindre le régime cassandorien comme il a été voté.

— Cela a été voté dans votre royaume, avec votre peuple et vos hommes ! Pas chez nous ! La piété et la sécurité de mon peuple est un bien que je ne céderai pas ! Starania est peut-être tombée, tout comme Kyos, mais nous résisterons pour que nos terres gardent leurs valeurs et leur honneur !

Byron ricana.

— Je crois que vous n'avez pas bien compris, Dyonat. Vous n'avez que deux options possibles dans cette situation. Optez pour la plus sécuritaire, je vous prie. Rejoignez mon régime et voyez vos terres devenir plus belles et plus faciles à vivre. Je ferai grandir Glascalia grâce aux inventions ramenées du continent pour que plus jamais vous n'ayez à souffrir du manque. Imaginez, vous n'aurez plus à marcher des kilomètres pour aller chercher de l'eau à la rivière, je ferai installer des points d'eau courant par des systèmes de tuyauterie souterraine. Vos cultures agricoles ne se porteront que mieux. Je conçois également à des protections et le sponsor d'une armée que vous rejoindrez pour assurer votre suite et l'avenir de vos enfants. Mon royaume deviendra un empire grâce à votre participation et ensemble, nous changerons Glascalia en une version améliorée de sa beauté ! L'heure de la nouvelle ère a sonné, l'âge archaïque hérité de nos ancêtres arrive à sa fin et je serai celui qui vous guidera vers le lendemain meilleur !

Un silence mortuaire s'installa, très vite remplacé par des murmures frénétiques. Les villageois assistant à la scène réfléchirent à cette vision que leur offrait le père Blanchecombe. Certains la trouvaient aguichante, preuve qu'une vie meilleure loin de l'extrême pauvreté dans laquelle ils vivaient depuis la chute de Starania était possible. D'autres ne voyaient qu'un ramassis d'inepties totalement immoral. Leur divin Ymos n'accepterait jamais ces inventions venues de ces terres maudites du continent. C'était contre-nature, contre tout ce que leur religion leur avait enseigné.

Avançant d'un pas vers le chevalier, Byron le regarda de haut, aussi inébranlable qu'intimidant.

— Alors... Êtes-vous prêts à ployer ?

Le chevalier, les sourcils froncés de haine, posa sa main sur son épée attachée à sa ceinture. Il savait la suite inévitable, mais pour rien au monde il n'aurait fléchit devant ces monstres cruels.

— Nous n'avons pas besoin de vos améliorations, Blanchecombe ! La protection de notre dieu nous suffit ! Jamais nous ne ploierons devant une famille d'assassins et de mages démoniaques qui louent les insanités du continent. Votre place, Byron Blanchecombe, est auprès de votre fils cadet ! Dans la mort !

Byron se figea. Comment ce rat osait-il parler de Vadim ? Comment osait-il poser le mot « mage » sur le noble nom des Blanchecombe ? Sa poigne se resserra sur la bride de son cheval, son regard portait la grisaille et la violence du tonnerre qui grondait à l'horizon.

— Très bien... Vous avez fait votre choix et les conséquences seront terribles.

Byron se pencha légèrement vers Leftheris, juste à côté de lui.

— Ramène-moi sa tête.

Le jeune général eut un frisson. Les ordres du roi n'étaient guère contestables, même les plus atroces. Dégainant son épée dans un chant inquiétant, Byron la leva vers le ciel comme la main de Dieu sur ses hommes.

— Brûlez-les tous !

Un cri de guerre, des hurlements de terreur, le feu léchant les murs et les chairs dans un bain de sang. Voici comment Byron voyait son règne d'empereur ; les contestataires se verront éradiqués de la surface de l'île. Il s'en fit la promesse.

La conquête de la famille Blanchecombe ne faisait que commencer.

𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant