𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 05 : Seule Face à la Nature 1/5

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La forêt s'étendait à perte de vue

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La forêt s'étendait à perte de vue.

Frigorifiée, Jaya avançait courageusement dans cette verdure devenant de plus en plus inhospitalière au fil de sa marche. Ici, l'histoire humaine s'effaçait sous la végétation et le vent d'angoisse que transportait l'horizon. Des arbres au tronc épais recouvert de lichen s'élevaient de toutes parts, probablement là depuis des centaines, voire des milliers d'années. Ils prenaient des airs mornes d'âmes en souffrance qui, de leurs branches relevées et crochues, imploraient le ciel pour retrouver leur joliesse. Touchée par leurs complaintes, Jaya enchaînait les pas peu assurés.

Vadim lui avait souvent fait visiter ces bois entourant les plages menant vers les prairies bordant le pont, mais jamais elle n'avait monté aussi haut dans ces sombres bifurcations.

Peut-être s'était-elle perdue ? Elle l'ignorait. Même si le jour était dorénavant levé, la densité des cimes bloquait l'arrivée de la lumière par endroit.

Cela faisait une heure qu'elle crapahutait sans savoir où aller, ruminant sur sa bien sinistre condition. Une heure que ses méninges surgelées en dessous son crâne mouillé tournaient à plein régime. Qu'est-ce qu'il peut faire froid... Elle claqua des dents, se frictionna un instant dans sa robe humide en voulant capturer un brin de chaleur qui se révéla inutile. Les lèvres bleues, elle avait l'impression d'être tranchée en deux à chaque nouveau coup de vent. Son ascension était d'autant plus difficile avec la douleur tiraillant son mollet.

S'arrêtant une seconde, elle souleva son jupon pour constater qu'une franche coupure lacérait sa peau. Du sang mélangé à l'eau de mer en coulait encore et la brûlait. Elle grimaça ; la falaise ne l'avait pas épargnée. 

Qu'allait-elle faire ? Où allait-elle pouvoir aller ? Ces questions la torturaient bien davantage dans son malheur. Elle imaginait sans peine que tout le monde devait être à la recherche de son corps. Ils devaient la croire morte, c'était son seul moyen de s'échapper. Or, l'angoisse de penser le contraire se révélait plus tonique encore. Byron avait une armée et un général déterminés, la branche religieuse ne leur laisserait pas le choix que de la chercher pour l'exterminer et venger leur archevêque.

Même nourri de son amour insensé, Leftheris serait forcé de l'arrêter. Il en valait de son honneur de prince et de futur roi. Les hérétiques, meurtriers de surcroît, ne méritaient aucune pitié.

Et il en serait même pour son cher père qui devait se faire un sang d'encre pour elle.

Ou peut-être qu'il voudrait la tuer, lui aussi...

Jaya secoua vigoureusement sa vieille tête troublée. Pas le temps de perdre du temps ! À cette allure, elle ne vivrait pas assez longtemps pour le savoir. S'arrêter en chemin ne ferait que raccourcir son espérance de vie, ce pourquoi, elle se ressaisit rapidement et se promit d'oublier la douleur et le danger flottant à l'horizon.

𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant