Varvara avait passé la nuit à réfléchir sans dormir, à penser et ruminer sur ses dernières découvertes. Sur la proposition de Nerva qui tournait en boucle dans sa tête jusqu'à lui en faire perdre le sommeil. Elle décida de se lever aux aurores et préparer le petit-déjeuner, afin de chasser ces yeux lavandes de sa mémoire.
Des œufs et des légumes grillaient dans la poêle, la tisane infusait dans la théière ébréchée, parfumant l'air d'un délicieux fumet qui éveillait les papilles affamées de la jeune femme. Le soleil était réapparut et vint doucement glisser ses doigts sur la joue de Varvara qui ferma une seconde les yeux pour en apprécier la douceur.
Il faisait bon vivre ici, le quartier était agréable. Même si elle n'était pas toujours un cadeau, Madame Pranpline était une dame gentille, autant avec elle qu'avec Messayah.
Ils n'étaient pas si mal ici...
Servir les autres était tout ce qu'elle avait connu durant sa vie, c'était une sécurité dans laquelle elle aimait se pelotonner comme une enfant à sa peluche. Peut-être que cette soif de liberté et de paix ressentie la veille était mal venue de sa part ? Peut-être que ces histoires de mages étaient de trop pour elle qui n'avait aucune connaissance de ce monde interdit ? Jaya était vivante et visiblement soutenue par des personnes, c'était tout ce qu'elle voulait savoir pour se rassurer.
L'idée de partir fut chassée quand elle entendit le claquement de la canne de la vieille Pranpline sur le parquet. Elle lui sourit, la lueur du jour illuminant ses yeux noirs.
— Bonjour, Madame Pranpline ! Venez vous asseoir, le petit-déjeuner est prêt.
Cela lui rappelait ces jeunes années au Beffroi, une petite fille aux cheveux courts qui courait derrière sa mère en tentant d'apprendre comment faire correctement un lit au carré. Les discussions incessantes de ses consœurs mauvaise langue en cuisine, le dressage millimétré de la table pour le déjeuner du roi, ces heures à tisser les capes pour l'automne et se piquer les doigts, les allers et venues des princes qui ne remarquaient même pas sa présence, autrefois.
Bien avant qu'elle ne s'entiche de Leftheris. Bien avant qu'elle ne se laisse approcher. Bien avant qu'elle n'apprenne la vérité.
C'était du passé. Le présent semblait avoir un meilleur goût sur son palais.
Alors qu'elles mangeaient en silence, les deux femme se mirent à discuter d'une voisine un peu trop bavarde et qui savait absolument tout sur tout le monde. Madame Pranpline la décria comme étant une « grue stupide avec une langue longue de trois mètres ». Varvara avait gloussé, elle n'avait pas tellement tort.
Soudain, les paroles de Nerva glissèrent dans ses pensées et fit disparaître son sourire.
« Ces gens avec qui tu vis ne sont pas ta famille. Ils te permettent de rester chez eux parce que tu t'occupes d'eux. Mais si tu décidais de te rebeller, ils te jetteraient sans remord à la rue... »
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𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑
Fantasia/!\ TOME 2 - ATTENTION SPOIL /!\ Jaya est rentrée à Alhora. La jeune princesse poursuit sa vie après avoir laissé Cassandore et ses souvenirs derrière elle. Cependant, Vadim ne quitte jamais ses pensées et la tue un peu plus chaque jour. Elle pourra...