Trente Roses 4/5

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Jaya n'avait pas dormi de la nuit

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Jaya n'avait pas dormi de la nuit. Même si elle avait occupé une suite d'invité au Beffroi, rester ici après la réception avait été une épreuve de plus dans sa croix. Retourner dans sa chambre conjugale lui était impossible, de toute façon, Leontine lui avait dit qu'elle avait été laissée à l'abandon depuis son départ et que plus personne n'y avait jamais remis les pieds. Ce devait être un nid à poussière et à souvenirs.

Elle n'avait pas revu Leftheris depuis leur face à face de la veille.

Tout ce qu'il lui avait dit l'avait tourmentée une bonne partie de la nuit. Cette larme qui avait brillé dans ses yeux, cet amour insensé qu'il lui portait... Il ne voulait pas comprendre. Comprendre qu'elle n'avait pas la tête à se faire courtiser, ni maintenant, ni probablement jamais. Et surtout pas par lui.

Hier soir, dans la pénombre sulfureuse du bureau, il lui avait tellement fait penser à Vadim que ce matin-là, recroquevillée dans son lit, en y repensant, son estomac se noua. Certains traits de son visage, son expression, l'étincelle dans son regard...

Ressaisis-toi, Jaya... Ils n'avaient rien à voir, tous les deux. Absolument rien.

Après s'être levée et habillée, Jaya était sortie aux premières heures du jour. Dans le couloir où était située sa chambre, les rayons ambrés du soleil s'infiltraient par les lucarnes pour la noyer de leur agréable chaleur. Il n'y avait personne en vue, seulement un objet sur le pas de sa porte sur lequel elle avait failli marcher.

Un bouquet de roses fraîches d'un rouge sanguin magnifique, maintenu par un ruban doré.

Le prenant en main, les sourcils froncés, Jaya l'observa avec méfiance. À nouveau elle jeta un œil de chaque côté du couloir ; non, tout était vide à cette heure. Un délicat parfum s'échappait des nombreuses corolles de pétales serrées les unes aux autres. Jaya en compta trente dans ce bouquet... Trente roses...

Leftheris...

Qui d'autre aurait pu lui déposer un tel présent devant sa porte ? Un souffle d'épuisement se coinça dans sa gorge. C'était une délicate attention, il cherchait probablement à se faire pardonner, mais Jaya n'y voyait qu'un moyen subreptice de s'attirer sa sympathie. Elle qui lisait dans le langage des fleurs, ne put s'empêcher d'interpréter à sa manière la façon dont Leftheris la voyait.

La rose rouge était la fleur de l'amour. Un amour passionné, déraisonné, déraisonnable. L'engagement d'un cœur envers un autre, symbolisant la fougue de sentiments sulfureux et romantiques, mais également de la ferveur et d'une puissante ardeur.

Vadim ne lui avait jamais offert de roses rouges, seules des glycines et du lilas.

La glycine signifiait la tendresse, la confiance et l'entraide, car c'était une plante qui se développait sur un support. Et le lilas blanc représentait l'innocence, la beauté juvénile et les premiers émois... L'attachement et la douceur se substituaient à la passion du rouge. Un parfum de jeunesse l'accompagnait vers la découverte du bourgeon de l'âge adulte. L'amour pur et vrai.

𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant