Quelqu'un l'appelait dans le noir.
Elle n'avait pas fait attention tout de suite à cause de l'obscurité, mais il y avait un renfoncement sur la gauche, entre deux bâtiments, garni de tonneaux de céréales. Quelqu'un se tenait penché sur l'un d'eux, encapuchonné, et lui faisait signe. Elle ne voyait pas son visage et cela appuya une certaine appréhension dans ses tripes qui la figea sur place. Ses mollets tremblaient et s'entrechoquaient frénétiquement. Était-ce une personne qui voulait vraiment l'aider ou un villageois feignant la charité pour la livrer ensuite à la garde royale ?
Dans sa situation, elle ne pouvait accorder sa confiance aussi facilement.
— Hey ! Dépêche-toi, ils arrivent ! Viens par ici !
Mais avait-elle le choix ?
Les chevaux se faisaient de plus en plus audibles, bientôt, Leftheris et ses troupes seraient devant elle. C'était son ultime chance. Au vent l'hésitation ! Elle n'avait guère le temps d'en perdre ! Comme si sa vie en dépendait, Jaya courut vers son sauveur, Liloïa sur les talons. Jaya réussit à se frayer un chemin entre les tonneaux, mais Liloïa, plus grande et plus énergique, en renversa trois sur son sillage. Le lin, l'orge et le blé se déversèrent au sol.
Aussitôt, une main saisit celle de Jaya et la tira vers le fond du creux. Elle s'écrasa sur un corps ferme qui la maintint contre lui afin de gagner de la place dans cet endroit exigu. Liloïa réussit à les rejoindre et se caler derrière sa mère d'adoption, la poussant davantage contre le torse de son sauveur. Il n'était pas seul, elle sentait d'autres personnes avec eux. Même s'ils étaient cachés dans l'ombre, ils étaient à découvert ici. Leftheris les trouverait forcément et les arrêterait tous pour avoir tenté d'aider une fugitive.
Or, une seconde silhouette se détacha pour se dresser au devant de la garnison de fortune. Il leva une main devant lui et Jaya crut voir un flottement dans l'air. Comme si l'espace s'était distordu dans une onde de choc sans pour autant changer.
Elle avait déjà vu ça... avec Vadim...
C'était de la magie.
Ces gens étaient des mages ?
Une poignée de secondes plus tard, Leftheris entra enfin dans la ruelle où Jaya était supposée être tombée. Ses yeux habitués à la noirceur se plantèrent immédiatement dans ces tas de graines étalés au sol. Deux tonneaux étaient renversés près d'un renfoncement vide comme le néant. Il descendit de son cheval et ratissa la zone sous les yeux de ses troupes, mais aussi de Jaya et ses mystérieux bienfaiteurs.
Le sol battu portait encore la trace de la chute, les pas du dragon imprimés dans la poussière.
Elle n'avait pas pu aller bien loin. C'était un cul de sac. Or, il ne la voyait nulle part.
Derrière le sort d'invisibilité, le souffle de Jaya se perdait. Son cœur battait à en sortir de sa poitrine et elle sentait celui de son sauveur palpiter de la même façon. Derrière elle, Liloïa bougea et gratta légèrement le sol de ses griffes. Collant son museau sur la joue de Jaya, elle émit un faible gazouillement que la princesse tut immédiatement en refermant ses deux mains autour des mâchoires de la néréide. Ça n'avait été qu'un son bref, presque imperceptible, mais quand la brune regarda vers la ruelle, Leftheris était tourné dans leur direction.
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𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑
Fantasy/!\ TOME 2 - ATTENTION SPOIL /!\ Jaya est rentrée à Alhora. La jeune princesse poursuit sa vie après avoir laissé Cassandore et ses souvenirs derrière elle. Cependant, Vadim ne quitte jamais ses pensées et la tue un peu plus chaque jour. Elle pourra...