Le hameau s'éveillait à peine lorsque Vadim le traversa, d'un pas décidé.
De délicats flocons s'étaient posés sur ses épaules, tandis que les cris discordants des villageois résonnaient tout autour de lui. Les souffles du vent emportaient les murmures de l'hiver dans les foyers. Le hameau se composait de modestes chalets en bois, chacun doté d'un toit en pente pour éviter l'accumulation de neige. Des nuages de fumée s'échappaient des cheminées en pierre, créant de petits tourbillons dans l'air glacé.
Au loin, les montagnes se perdaient dans la brume, créant une toile de fond dramatique pour ce petit coin de paradis enneigé. C'était un endroit calme, où le temps semblait s'être arrêté, et où la beauté de la nature dominait tout. Du moins, c'était ainsi que Vadim le voyait. Ici, pas de guerre, pas de tensions, seulement une terre de personnes paisibles et travailleuses fascinées, tout comme lui, par le Risen. C'était un endroit où les gens l'acceptaient tel qu'il était, sans le juger –ce qui lui avait fait assez bizarre, au début. Un endroit où il avait appris à vivre en paix, loin de ses souffrances et des tracas de sa vie de prince, qui l'avaient tant empoisonné par le passé.
Un endroit qu'il avait appris à aimer, malgré la difficulté de son périple pour y parvenir. Il savait que Jaya l'aimerait également. Il l'imaginait déjà sourire en découvrant tous les aspects magnifiques de cette communauté cachée du reste de l'île.
Il peinait encore à réaliser qu'elle était bien là et qu'elle l'attendait chez lui. Cette pensée le fit sourire, tendrement.
Dans la minuscule rue de ce village qu'il avait appris à connaître par cœur, Vadim croisa des hommes qui partaient en troupes pour la chasse. Leurs nez rouges dépassant de leurs épaisses capuches de fourrure, ils le saluèrent innocemment en passant. Heureusement, aujourd'hui, ce n'était pas son jour de participation. L'Anthaya était intransigeante sur ce point.
Il leva les yeux et aperçut le chalet de celle-ci, perché sur une colline enneigée qui surplombait une partie du village. Situé à quelques mètres seulement du sien, derrière les sapins, il se dressait majestueusement dans le paysage hivernal. Vadim grimpa la pente et frappa à la porte avant d'entrer sans y être invité.
C'était devenu une habitude à force que la cheffe le convoque pour régler quelques menues affaires.
Aussitôt, la chaleur du brasero chassa le froid mordant dans ses os. Vadim soupira de bien-être avant de retirer sa capuche. Malgré le manque de lumière dans cette pièce, l'endroit restait chaleureux. L'Anthaya adorait exposer des trophées de chasse, comme la peau d'ours brun étalée au milieu de la pièce, ou encore la tête énorme d'un lycan empaillé accrochée au mur de bois brut. Quoique peu esthétiques dans ses yeux d'ancien prince, ces décorations témoignaient de la force et du courage de cette chasseuse hors pair. Ici, chaque animal avait une histoire à raconter.
— Ah, te voilà enfin. J'allais m'impatienter.
Au fond de la pièce, une table en tronc massif était positionnée et la cheffe y avait posé ses pieds, nonchalamment assise sur une chaise. Un couteau aiguisé à la main, elle découpait des morceaux de son pain aux baies qu'elle engloutissait avec appétit. Lorsque Vadim fut assez près, elle leva les yeux vers lui, toujours cachée sous sa capuche de fourrure blanche surmontée par des bois de cerf. Elle avait une aura de puissance qui émanait d'elle. Il aurait dû s'incliner respectueusement, comme le faisait les villageois lorsqu'ils se trouvaient face à cette figure d'autorité.
VOUS LISEZ
𝐋𝐀 𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑
Fantasia/!\ TOME 2 - ATTENTION SPOIL /!\ Jaya est rentrée à Alhora. La jeune princesse poursuit sa vie après avoir laissé Cassandore et ses souvenirs derrière elle. Cependant, Vadim ne quitte jamais ses pensées et la tue un peu plus chaque jour. Elle pourra...