Prologue

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Cela faisait une semaine que mon équipe et moi le traquions. Cet enfoiré de Joâo était une putain d'anguille. Quand on croyait le chopper, il disparaissait sans que nous sachions comment il s'y prenait. Il nous avait bien fait courir. Il pouvait se vanter d'en être le seul. Seulement, en voulant me la mettre à l'envers, il s'était condamné. Jamais personne ne s'était aventuré à prendre de tels risques. On ne pouvait pas nier le courage pour avoir tenté une telle manœuvre. Aussi courageux, que fou.

Je n'étais pas un tendre. Ma réputation me précédait. Pourtant, ce connard s'était porté volontaire lorsque son patron avait proposé une forte somme pour s'immiscer parmi mes hommes. Il me manquait un élément qu'il allait devoir me confier, où il en subirait les conséquences... même sans cela, il allait souffrir. Personne ne me faisait courir sans en être puni.

Il allait subir le même sort qui avait sonné le glas de celui qui l'avait embauché, parmi mes hommes. Il pensait la mission aisée. Il avait tort. Il avait fallu à Juan, mon informateur, seulement deux semaines pour trouver toutes les informations sur cette nouvelle recrue. Deux semaines de trop, à mon goût.

Le traître était jeune. Son impétuosité allait avoir raison de lui. Jamais plus, il ne verrait le soleil se lever. Il vivait ses dernières heures.

Mes hommes avaient fini par le retrouver, dans un hôtel miteux, sous une fausse identité. Cela n'avait pas été facile de lui mettre la main dessus mais personne pouvait espérer réchapper d'une de mes sentences. Je l'aurais traqué jusqu'au bout du monde. Finalement, je n'avais qu'à franchir la frontière pour le pays voisin. Les États-Unis. Plus précisément, au Texas.

J'avais fait diffuser sa photo à tous mes indics, résidant un peu partout sur le globe et cela avait payé. Trois d'entre eux m'avaient certifié avoir déjà vu ce visage, dans trois villes différentes. Grassement payer, je savais que je pouvais me fier à leurs informations. J'avais suivi la piste du dernier à l'avoir aperçu. J'avais, alors, rassemblé mes hommes de confiance et nous étions partis pour la ville de Calhoun.

Nous étions allé le cueillir dans sa chambre mais à notre vue, il avait fui par la fenêtre menant à l'autre côté de l'hôtel. Cependant, nous n'avions pas mis longtemps à le rattraper, au port de la ville. Cela tombait bien. Nous serions tranquilles afin de régler nos petits soucis de collaboration. Il n'y avait pas âme qui vive. Quelques restaurants et maisons étaient dispersés, ici et là. La lune était haute dans le ciel. Le silence régnait. Seul, la respiration haletante de l'homme, après sa course, briser celui-ci. Mes hommes l'encerclaient d'un seul homme. Il ne pouvait plus fuir. Il était tout à moi.

Je sortis de voiture et m'approchais lentement, les yeux figer sur le traître. Il ne pouvait pas me voir dans l'obscurité mais il n'en était pas de même pour moi. Un lampadaire défectueux éclairait la scène. À mon approche, mes hommes s'écartèrent et l'homme put, enfin, me voir. Ses yeux s'écarquillèrent lorsque je finis par m'arrêter devant lui, armes à la main. Ses yeux errèrent pour trouver un moyen de s'en sortir mais il était trop tard. Personne ne pouvait m'échapper bien longtemps. J'étais partout et nulle part à la fois.

- Pour qui tu travailles ?

Le traître continua à zieuter partout. Un espoir vain. Son temps était compté. Santiago le rappela à l'ordre en projetant son pied dans les côtes de Joâo. Celui-ci se tordit sous la douleur.

- Le Boss t'a posé une putain de question ! Réponds ! Exigea-t-il.

Il avait de la force de caractère. On ne pouvait pas le lui enlever. Il plongea ses yeux dans les miens mais n'ouvrit pas la bouche. Il savait ce qui allait lui arriver mais il n'était pas prêt à céder la moindre information. Avait-il plus peur de son patron que de la mort ?

Je m'accroupissais devant lui, sans jamais braquer mes armes dans sa direction. J'attendais le bon moment. Je ne voulais pas lui offrir, si rapidement, le privilège de voir la faucheuse. Cela ne faisait pas partie de mes pratiques en ce qui concernait les taupes. Il allait souffrir. Il fallait dire qu'il le cherchait un peu en ne balançant pas le fils de pute qui l'avait envoyé.

- Tu ne veux pas parler ? Il faut, peut-être, t'aider à ce niveau-là.

D'un mouvement sec, j'abattis la crosse de mon flingue sur sa cheville et celle-ci céda sous l'impulsion. Joâo hurla. Il n'était visiblement pas résistant à la douleur. Cela était bénéfique pour moi. Il finirait par parler plus vite que je l'aurais pensé au premier abord.

- Si tu étais si bien préparé pour ta fuite, c'est que tu savais ce que tu risquais, dont que tu savais qui j'étais... en sachant ça, je te conseille vivement de commencer à parler.

Le poing dans la bouche pour étouffer ses cris, il n'était plus avec nous, se concentrant pour faire face à la souffrance dans sa cheville. Je me redressais alors et m'approchais au plus près. Je l'attrapais par la nuque et le ramenais à moi.

- Tu vas morfler. Je ne suis pas du genre à lâcher l'affaire. Si tu ne parles pas, je vais briser chacun de tes os... un à un...

La peur ancré dans ses veines, j'avais toute son attention, à présent.

- C'est Boccaro...

J'aurais du m'en douter... je le relâchais brusquement et me relevais en zieutant mes hommes. Ils étaient tous en colère à l'évocation du nom de ce connard. Ils savaient ce que cela signifiait.

Boccaro en avait toujours voulu plus sans en avoir les compétences. Dans sa tête de malade mentale, il pensait que ses nombreuses défaites étaient de mon seul fait. Il était incapable de voir la vérité en face. Il n'était pas fait pour le métier. Il ne s'agissait pas de distribuer des balles à tout va. Cela n'avait rien à voir avec les affaires. Il était simplement un foutu psychopathe sous couverture.

Il était temps que je mette fin à ses agissements. Je ne pouvais pas lui permettre de me mettre des bâtons dans les roues. S'il n'avait pas été aussi taré, il aurait su que m'envoyer ce type était la pire des idées.

Je fis signe à mes hommes de s'amuser un peu avec le traître. Après tout, ils avaient fourni énormément d'efforts pour lui mettre la main dessus. Ils avaient droit de se défouler. Du moins, le temps que je passe un coup de fil à Duardo, qui était mon bras droit.

- Pas moyen de dormir, putain !

Une voix féminine venant de ma droite. Je me figeais, téléphone en main, et les cris de douleur s'arrêtèrent aussi. Nous n'étions pas seuls.

Doucement, je pivotais en direction de la voix, légèrement rauque, qui avait protesté.

- S'il vous plaît, aidez-moi ! Ils vont me tuer ! Gueula Joâo, dans l'espoir d'obtenir de l'aide de cette mystérieuse femme. Comme si elle pouvait faire quoi que ce soit face à une dizaine d'hommes armées.

Devant moi, un petit bout de femme, habiller d'un simple débardeur noir et d'un pantalon, lui serrant les jambes comme une deuxième peau, de la même couleur, se tenait bien droite dans ses bottes, malgré la scène qui se jouait devant elle. Elle portait des boots motarde à la main. Je fis un pas en avant, dans le but de la prévenir de se barrer si elle ne voulait pas subir le même traitement mais elle me prit de court.

- J'en ai rien à foutre, mon gars. Chacun sa merde ! Tu ne veux pas crever et je voudrais dormir. Nous n'allons pas obtenir ce que nous voulons de toute évidence. Fais chier, râla-t-elle bruyamment en se retournant tranquillement, comme si elle ne venait pas de voir une troupe d'hommes armés jusqu'aux dents, sur le point d'exécuter un homme.

Nous l'observions partir sans même un mouvement, décontenancé par la présence et la réaction de la mystérieuse jeune femme, durant quelques instants, ce qui lui donna l'occasion de disparaître de notre champ de vision, en grommelant énergiquement des mots incompréhensibles... avant que je ne tourne vers Lourenco, mon commandant en chef.

- Ramène-la-moi... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant