Épilogue : Léandro

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Je vis passer madame Cortez, l'organisatrice du mariage. Elle avait eu pour mission de prévenir Lake du début, imminent, de la cérémonie. Cette femme avait été une véritable plaie pour Lake. Voulant, à tout prix, de l'impliquer dans les préparatifs, elle avait fini par faire face au caractère explosif de ma femme. Aussi, tout ce qui se trouvait autour de moi, résultait des décisions de cette femme.

Lake n'avait pas été ravie d'apprendre qu'il nous était obligatoire de passer par le mariage. Elle s'était montré très claire. Son opinion sur le mariage resterait ce qu'il était. Elle n'en voulait pas mais s'y contraindrait pour moi. Cela était loin d'être un regret. Elle était magnifique dans cette robe princesse. Elle avait l'air si majestueuse. Cela était une fierté de montrer au monde, la femme qui allait partager ma vie.

Une main vint me rappeler le moment présent. Je me tournais vers l'homme qui réclamait mon attention.

— Votre père serait très fier de votre choix, Léandro.

Je hochais lentement la tête. Je savais qu'il aurait adoré Lake. Cela était une évidence. Il aurait aimé son caractère, son indépendance et sa beauté. Au premier abord, il aurait certainement rejeté cette relation car elle était Américaine mais dès la première rencontre, il m'aurait félicité.

— Je vous remercie d'être là, aujourd'hui, mon père. Je ne voyais personne d'autre que vous pour cette journée.

Il eut un petit rire en hochant la tête.

— Je n'aurais jamais pu rater ça... j'ai marié vos parents... je vous ai baptisé... ce n'est qu'une continuité.

— Effectivement.

Esteban se joignit à nous, verre de champagne à la main. Celui-ci était mon témoin. Je n'aurais pu choisir autre personne. Il avait assisté à nos débuts. Il avait deviné bien avant moi ce qui se passait en moi. Il m'avait poussé à me questionner. Il était celui qui devait être à mes côtés en ce jour.

— Comment va madame Chavez ?

— Toujours aussi énergique, ricanais-je.

— Elle est parfaite pour toi, ria-t-il à gorge déployer.

La musique se joua soudainement et mon attention se déporta sur l'allée centrale.

Cela était le grand saut. Je ne me voyais pas me marier dans l'immédiat. Lake était tombé du ciel, tel un ange déchu. La seule femme qui était parvenu à sortir du lot. Cela n'avait pas été difficile pour elle. Cela était naturel chez elle.

Carla apparut au bout de l'allée dans une robe beige, près du corps, tenant un petit bouquet de fleurs entre ses deux mains serrées. Lake avait laissé libre choix à ses demoiselles d'honneur en ce qui concernait leurs tenues. Elle ne s'était absolument pas impliqué. Elle voulait seulement que cette journée passe au plus vite afin que nous reprenions notre vie normalement. Cela ne serait pas pour tout de suite.

J'avais décidé de confier les affaires à Esteban pour un mois. Je voulais profiter de ma jeune épouse après le mariage. Ainsi, nous devions partir dès le lendemain, pour notre voyage de noces. L'Italie, la France, la Norvège, la Grèce et l'Islande nous attendaient. Je voulais lui faire découvrir le monde et profiter de tout ce qu'elle n'avait pu avoir. Le repos, le réconfort, la sécurité et le luxe.

Après tout, elle serait ma femme devant le monde entier. Elle porterait mon anneau. En ce sens, elle devait obtenir tout ce dont elle rêvait. Cela commencerait par le monde. Ensuite, je lui donnerais une famille.

Ce fut au tour de Sofia d'entrer en scène. Celle-ci portait une robe rose clair et le fameux bouquet des fleurs préférées de Lake. Cela pouvait paraître bizarre pour nos invités mais elle les aimait vraiment. Aussi, je me foutais de ce que penserait de cette unique touche qu'elle avait voulu apporter à cette journée. Le dahlia noir était une très belle fleur, de plus.

Lake était spéciale à bien des niveaux.

Cela faisait trois mois que nous vivions ensemble. Notre cohabitation avait demandé certains ajustements entre nous, ayant toujours été des solitaires dans l'âme. Cependant, nous prenions toujours plaisir à nous retrouver le soir venue. Je n'aurais jamais pensé qu'il me serait agréable de prendre mes repas en compagnie. Il était tout simplement étrange, de ma part, d'apprécier avoir de la compagnie.

Elle avait tout bouleversé. Je pouvais, sans honte, affirmer que je ne pourrais plus m'en passer.

Michaela entra dans une robe vaporeuse corail. Elle ne semblait pas à l'aise. Ma gouvernante avait pris une place importante au sein de notre maison. De simple employée, elle était devenue indispensable au quotidien de Lake. Les deux femmes avaient ressenti une alchimie entre elles qui les dépassaient. Cela me dépassait également. Néanmoins, j'étais rassuré de la savoir en sa compagnie lorsque je suis absent. Je ne pouvais pas toujours emmener Lake avec moi durant mes voyages. Certains étaient plus dangereux que d'autres. Je ne pouvais pas l'emmener avec moi si je n'étais pas certain de sa sécurité. Michaela avait l'air de jouer un rôle spécial pour ma femme. Une sorte de mère de substitution. Cependant, même Michaela ne pouvait détrôner Lorna.

Cette femme avait élevé Lake. Elle lui avait apporté un peu d'amour et de tendresse dans ses jeunes années. Elle avait été la mère qu'elle n'avait pas.

Lake m'avait avoué ne plus se sentir en phase avec la quinquagénaire mais que cela n'enlevait en rien le lien qui subsistait entre elles.

Il était rare qu'elle s'ouvre à quiconque. Ses pensées étaient si bien cachées par moments qu'elle semblait être à mille lieues de moi. Pourtant, je savais qu'elle me reviendrait toujours. Lake avait un passé. Cela la tourmenterait encore longtemps, voire toute sa vie, mais elle n'était plus seule.

Elle ne serait plus jamais seule.

Le visage impassible, droit comme un I et les mains dans le dos, je la vis enfin. Le bras entrecroisé à celui de Lorna, elle s'engageait dans l'allée pour remonter jusqu'à moi... malgré sa peur, elle n'avait pas fui. Elle venait à moi de son plein gré. J'aimais cette femme.

Énergiquement possessif, je la couvais d'un regard ardent, empli d'une dévotion qui n'appartenait pas au Léandro du passé.

Notre vie ne faisait que commencer et j'avais hâte de la partager avec elle. Pour sûr, cela n'allait pas être de tout repos mais je n'avais jamais aimé la simplicité. De plus, si cela était avec elle, j'étais prêt à vivre notre histoire, jusqu'à ce que la terre s'effondre... car cela était elle et moi... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant