Chapitre 30 : Léandro

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Cette femme avait le démon au corps. Elle avait beau vouloir une vie rangée, loin de quelconque problème, elle avait l'esprit d'une conquérante digne de notre monde. Je n'aimais pas son père mais je devais avouer qu'il avait fait du bon travail dans l'éducation de sa fille. Il avait fait d'elle une femme forte.

Je prenais une nouvelle bouchée de ma viande, tout en la fixant.

Elle avait compris ce qui l'attendait. J'avais manqué d'attention durant un millième de seconde et elle avait aperçu ce qui se cachait derrière mes intentions. Sa tentative de fuite me prouvait deux choses. La première était qu'elle n'était pas attirée par moi, ce qui était frustrant, mais je mettais cela sur le compte de sa condition actuelle. Deuxièmement, elle avait peur. Elle ne semblait pas avoir réellement peur de moi mais plutôt de mon approche. Elle n'avait aucunement envie d'entendre parler de ce que j'aimerais lui faire. Je devinais qu'elle n'avait même pas envie d'être en ma présence. Cela était parfaitement logique mais cela compliquait mes affaires.

- Qu'est-ce que tu veux encore ? Soupira-t-elle.

- Mettre certaines choses au clair. À partir de maintenant, cette maison est la tienne, pour un temps indéterminé, mais il y aura des règles.

- Tu m'en diras tant. Je n'en veux pas de tes privilèges. Je ne veux pas de tes règles. Je ne veux rien de toi. Est-ce que je me suis faite comprendre ? Fit-elle référence à nos futurs relations.

- Tu n'as pas ton mot à dire. En as-tu conscience ?

- Oui, oui. Toi, grand patron, moi, petite prisonnière. Mais tu ne peux pas m'empêcher de penser à ma manière, Léandro. Je peux t'assurer que tu peux te garder tout ce qui te concerne. Tu n'es qu'un obstacle de plus à surmonter dans ma vie. Un jour, tu seras derrière moi et je m'en porterais plus que bien. Alors fous-moi la paix.

Elle était rancunière. Cette rancune attisait sa haine à mon encontre. Là était mon erreur. Il était trop tôt pour une confrontation. Mon impatience aura eu des retombés désastreuses. Je ne faisais jamais d'erreur. Voici, la première.

Je laissais tomber ma fourchette dans mon assiette et m'adossais au siège. Il fallait que je réfléchisse. Je n'avais pas pour habitude de faire face au rejet d'une femme. Je n'avais pas non plus l'habitude de devoir faire des efforts pour elles. Je ne savais pas si j'en avais la patience et l'envie. Tout cela pour une putain de partie de jambe en l'air. J'avais envie d'elle. Cela était indéniable. La douleur de mon entrejambe irrigué, ce qui m'empêcherait de l'empêcher de fuir cette pièce, en était la preuve. Cependant, est-ce que j'étais prêt à lui donner de mon temps pour arriver à la faire plier ?

D'un mouvement de main, je la renvoyais. Elle pouvait partir. Il fallait que je mette certaines choses au point. Elle ne se fit pas prier. Elle traversa le salon rapidement. Quant à moi, j'attendis que la pression redescende avant de me lever de table. Cela était une foutue contrainte. Je ne pouvais pas la laisser quitter le manoir. J'en étais incapable. Aussi, j'allais avoir besoin d'une solution au plus vite. Je n'étais pas un homme patient.

La semaine passée, je m'étais jeté sur toutes les femmes qui s'étaient présentés à moi mais aucune n'avaient su me satisfaire. Cela avait été catastrophique. Frustré et insatisfait, j'avais fini par toutes les renvoyer de ma suite. Je n'avais envie que d'une femme et celle-ci se refuserait à moi. J'étais pris à mon propre piège en sommes.

Cela venait-il du fait que j'avais dû la chasser comme un prédateur et que, maintenant qu'elle était entre mes griffes, je devais la posséder totalement ?

Je n'avais pas réponse à cette question mais cela m'en avait tout l'air. Il me fallut quinze bonnes minutes avant de pouvoir quitter la salle à manger de mes quartiers privés. Son parfum embaumant la pièce, ce qui n'avait pas aider. Mon imagination fertile non plus.

Je rejoignais le dernier étage, où se trouvaient mes appartements. Je n'avais pas dormi depuis deux jours. Je me laissais tomber sur mon lit après avoir donné ordre de libérer le couloir qui menait à la chambre de Lake et de ne plus fermer sa porte à clé. Marco en était ravi. Son job ne consistait, habituellement pas, à jouer aux baby-sitters. Il était garde du corps. Aussi, restait devant cette porte lui avait donné des fourmis dans les jambes.

Lake n'avait plus besoin de lui. Elle ne voulait pas de mes privilèges mais elle n'avait pas le choix. Pour le moment, elle était en colère mais lorsqu'elle aura goûter au plaisir de la semi-liberté, elle s'adoucirait. En attendant, je resterais en retrait. Elle avait besoin de prendre du temps sans ma présence. Elle me détestait et me rencontrer ne faisait qu'attisait cela. Je comptais de mon côté en apprendre plus sur elle et ce qu'elle avait pu vivre auprès de son père, qui l'avait tant affecté, au point de fuir tout ce qu'elle avait connu. Il fallait que je sache. Ainsi, j'apprendrais, peut-être, comment l'amadouer.

Pour cela, il fallait que je rencontre les seules personnes responsables de sa fuite. Ainsi, le lendemain, je m'envolais pour l'Amérique. Plus exactement, Los Angeles. Omarosa allait être une source d'information abondante. Du moins, il avait tout intérêt de ne rien me cachait. Je pouvais faire preuve de patience avec sa fille, mais pas avec lui. Mon voyage permettra certainement à Lake de se détendre et découvrir les lieux à sa guise. De mon côté, je me tiendrais informé de l'avancement de la jeune femme par mes employés. Avant mon départ, je ferais comprendre à ma gouvernante de mon voyage. La complicité des deux femmes fera que Lake serait vite informer à son tour.

Je me relevais dans l'intention d'enlever mes vêtements et me mettre au lit mais les réactions de mon corps étaient de plus en plus imprévisibles et incontrôlables. J'avais besoin d'une douche froide. Je refusais de me toucher. J'avais l'impression que cela était du gâchis. C'était la jeune femme qui était responsable de mon état. Cela lui revenait de régler le problème. Même si pour cela, je devais attendre. Me jeter sous l'eau glacée suffirait pour le moment.

Les deux mains posées sur le carrelage de la douche, je laissais l'eau s'écouler le long de mon corps. Les yeux fermés, je tentais de me représenter ce qu'était ma vie avant que cette sorcière apparaisse des ténèbres pour foutre ma vie sens dessus dessous.

Contrairement à ce que j'aurais pu penser, mes souvenirs s'en trouvaient presque insipides. La jeune femme avait une langue un peu trop pendue à mon goût mais, apparemment, cela semblait me plaire plus que je voulais l'avouer. Cela ajoutait un peu de piment à notre relation. Elle ne tombait pas dans mes bras avec l'espoir de s'offrir une vie plus riche. Elle s'en foutait de tout ce faste. Cela la rebutait presque, au contraire. Elle connaissait cela. Elle l'avait rejeté de son plein gré. Elle avait vécu dans la rue, sans rien. Cela avait l'air de lui convenir plus que ce que je pourrais lui offrir sur un plateau. Là était toute la difficulté avec elle. Lake était un électron libre. Personne ne pouvait la mettre en cage sans qu'elle morde.

Je la laisserais me mordre à sa guise si elle déniait baisser sa garde à mon encontre. Elle était sauvage et j'aimais cela.

Je l'avais capturé... j'avais hâte de la goûter, à présent... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant