Un dernier coup d'œil dans le miroir et j'enfilais ma veste. J'avais atterri, la veille, à l'aéroport de Los Angeles. Omarosa n'avait aucune idée de ma visite. Tout résidait dans la surprise. Il ne fallait pas qu'il puisse se préparer à ma venue. J'avais laissé sa fille entre de bonnes mains. J'espérais qu'elle parvienne à se détendre durant mon absence pour prendre possession des lieux. Étrangement, je voulais qu'elle se sente libre de ses mouvements au manoir. Cela était une nouveauté. Je n'avais jamais accepté la présence d'une femme sur mon domaine. Cela relevait ma sphère privée. J'étais quand même partie sur des incertitudes.
Michaela m'avait remis sa démission, le lendemain. Elle avait évoqué ne plus pouvoir travailler dans ces conditions. Elle n'avait jamais été une bonne menteuse. Je savais qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Néanmoins, je n'avais pas changé mes plans. Lake préparait sa prochaine connerie et je comptais sur mes hommes pour contrôler ses agissements. Si elle pensait pouvoir fuir pendant mon absence, cela était vain. J'avais mis à sa disposition des hommes surentraîner. Elle ne pouvait pas s'en rendre compte mais elle serait suivie à la trace. Chacun de déplacements étaient inspecté. Elle bénéficiait d'une liberté contrôlée. Chaque voie d'accès à l'extérieur était minutieusement surveillée. Chaque recoin du terrain, que cela passe par l'étendue qui menait au lac comme la forêt artificielle. Il n'y avait aucun angle mort.
J'étais persuadé qu'elle avait éliminé Michaela du décor pour qu'il n'y ait aucun soupçon qui pèse sur la gouvernante. Cela était malin de sa part mais ce n'était pas indispensable. Elle allait se confronter à de nombreux murs dans son entreprise. Je devais avouer avoir hâte d'assister à tout cela, à distance. Son caractère grincheux était aussi divertissant qu'emmerdant. Je ne pouvais pas dire qu'elle était ennuyeuse, ce qui ajoutait un peu de piment. Ce n'était pas pour me déplaire.
Je sortis de ma chambre pour rejoindre le salon. Esteban se trouvait déjà sur le canapé de ma suite. Cet enfoiré avait insisté pour venir. Il voulait assister au spectacle qu'était devenu ma vie depuis l'apparition de Lake dans celle-ci. Cet enfoiré s'amusait à mes dépend.
- Ça y est ? Tu t'es fait tout beau pour rencontrer beau papa ?
Je lui tournais le dos pour admirer la vue, m'évitant ainsi de lui retirer la vie. Esteban était un enfant. Il n'avait jamais grandi. Je n'avais pas le temps pour les gamineries.
- J'ai hâte de voir ce que va donner cette confrontation, ricanait-il.
- Pas d'effusion de sang aujourd'hui, mon ami.
- Je demande à voir. Le sujet Lake est très sensible.
Il n'avait pas tort. Je ne comprenais pas mes réactions mais j'avais tendance à ne pas supporter qu'un autre que moi, la tourmente. Une conséquence de se sentir propriétaire, certainement. Chaque émotion qui traversait la jeune femme devait m'appartenir.
Je fis signe à Esteban de me suivre et nous quittions la suite pour rejoindre mon chauffeur. Celui-ci nous salua avant de nous ouvrir la portière. Je m'engouffrais à l'intérieur et consultais les caméras de surveillance du manoir. La jeune femme n'avait toujours pas bougé de sa chambre. Elle ne semblait ni perdu, ni abattu mais plutôt concentrer. Cela faisait des heures qu'elle était assise sur son lit à fixer le mur, si bien que j'avais demandé à Marco d'aller jeter un coup d'œil. Elle avait des compétences hors pair pour disparaître. J'étais méfiant. Il s'avérait qu'elle lui avait jeter toutes les insultes de son répertoire lorsqu'il était allé à sa rencontre. Cela m'avait permis d'être sûr qu'elle n'avait rien trafiqué à la caméra, pour se donner du temps. Ses compétences de fuite étaient un problème avec lequel je devais composer.
Omarosa vivait sur les collines Hollywoodiennes. Il ne ferait pas long feu à étaler sa richesse sans avoir d'emploi légal. Je savais de source sûre, qu'il avait déjà les fédéraux au cul. Son temps était compté. La chance était avec moi car il était encore libre et il allait devoir m'expliquer certaines choses concernant son enfant.
Le chauffeur gara la voiture dans l'allée d'une grande ville tout en fenêtres teintées. L'endroit pourrait tout aussi bien appartenir à un quelconque milliardaire ayant fait fortune dans la finance. Il aimait le faste, tout comme moi, sauf que j'avais l'intelligence de ne pas m'exposer dans les grandes villes. Il fallait savoir jouer de discrétion. Cela lui faisait défaut. En voyant sa demeure, je comprenais mieux pourquoi les autorités étaient sur ses côtes.
Esteban sortit en premier de la voiture. Il semblait plus emballer par cette rencontre que moi. Il semblait vouloir accepter Lake comme étant des nôtres, plus que la jeune femme, elle-même. Il était vrai qu'elle appartenait à notre monde mais elle l'avait rejeté. Cela constituait une faute. Cependant, elle n'avait jamais balancé, ni son père, ni moi. Cela avait une signification particulière chez nous. Elle n'avait jamais vraiment quitté sa vie. Elle n'avait pas fait, totalement, une croix dessus. Elle avait vécu quelque chose qui l'avait fait fuir. Je voulais connaître cette raison. Aussi, j'entrais dans la domaine d'Omarosa sans m'annoncer. Une femme, aux cheveux grisonnants, nous interpela avant de courir au fond du couloir, où se trouvait certainement le maître des lieux. Nous suivions son chemin et tombions sur un grand salon, donnant vue sur l'océan. Omarosa était attablé, journal en main, avec une femme, au chignon serré. À la regarder de plus près, elle ressemblait fortement à Lake avec quelques années de plus. Sa mère, à ne pas en douter. Les deux se levèrent précipitamment à notre entrer. Esteban alla prendre place autour de la table, sans gêne. Il zieuta, quelques instants, la nourriture disposée sur la table, avant de se servir une assiette de fruits et d'œufs brouillée. Quant à moi, je fis deux pas en avant et les yeux du père s'élargirent.
- Asseyez-vous ! Nous avons à discuter.
- Vous ne pouvez p...
- Assis ! tonnais-je pour couper court à ses protestations inutiles.
La femme s'exécuta machinalement. Son mari tenta de résister mais il savait qu'il n'était pas en position de force face à moi. Esteban ricana lorsqu'il plia les genoux. Ce petit con voulait du spectacle et Omarosa venait de lui en donner. Je pris place face au maître de maison. Les yeux dans les siens, je lui fis comprendre que je n'étais pas là pour déconner. Je n'étais absolument pas d'humeur. Avoir ce type en face de moi me mettait sur les nerfs.
- Pourquoi avoir fait un si long voyage ? Sans prévenir en plus ? Nous aurions pu vous accueillir en de meilleures conditions, monsieur Chavez.
Voilà qu'il s'étalait, à présent, dans un dégoulinant marasme de bienséance. Il tentait de garder la face devant son épouse mais cela était peine perdu. Celle-ci était surprise de voir son mari nous accueillir de la sorte après notre intrusion. Elle était fardée des pieds à la tête de bijoux plus chers les uns que les autres. Je comprenais mieux le choix de leur localisation. Cette femme le conduisait à sa perte par ses goûts de luxe. Durant des années, elle s'était même contenté de vêtements bas de gamme sans fioritures. Elle n'avait strictement rien à voir avec Lake. Elles se ressemblaient physiquement mais Lake avait un naturel qu'elle n'aurait jamais. Elle ne s'embarrassait pas de tout ce clinquant qui semblait tant plaire à sa mère. Lorsqu'elle vit que je la lorgnais, elle baissa le regard, les joues rosies. Je n'y prêtais attention. J'étais là pour des réponses et ils avaient tout intérêt de m'en apporter.
- Sue, pouvez-vous emmener des cafés chauds pour ses messieurs, demanda Omarosa à sa gouvernante.
Celle-ci s'exécuta. Je ne comptais pas toucher à ce café. Il était toujours bon de se montrer méfiant face à l'ennemi.
- Il va falloir m'expliquer certaines choses, Omarosa, commençais-je. Je n'apprécie pas d'être dans le flou, vois-tu... tu as fait quelque chose à ta fille... je te laisse deux secondes pour m'expliquer. Si tu le fais pas, je butte ta femme ! Précisais-je, faisant paniquer l'intéressée.
VOUS LISEZ
Dance in the flames
RomansaLake était une jeune femme rebelle et tenace. Fuyant un passé insipide et froid, elle vivait au gré de ses envies et du chemin qui s'ouvrait devant elle. Solitaire, marginale, elle vagabondait de ville en ville de façon aléatoire jusqu'à voir ce qu'...