Chapitre 52 : Léandro

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Cela faisait trois bonnes heures qu'elle s'était enfermée dans sa chambre. Aucun son ne filtrait de la pièce. Cela m'arrangeait. Il y avait un problème à régler au plus vite.

Cet inspecteur lui tournait autour. Il était un souci qui devait être écarté. Les fédéraux aimaient un peu trop mettre leurs nez dans les affaires inutiles. Enquêter sur le meurtre d'un enfoiré tel qu'Omarosa était indispensable. Soupçonner Lake, une erreur monumentale.

Ce type avait l'air de faire du zèle.

J'avais bien vu son regard, porté sur elle. Il ne lâcherait pas l'affaire. Il était déterminé de retrouver la personne qui avait tiré sur lui. Cet homme semblait avoir la justice cheviller aux chevilles. Cela lui passerait. Il n'était pas question de lui permettre de mêler Lake à cette histoire.

Lake était plus qu'innocente dans cette affaire.

Après avoir joué de mes contacts, l'inspecteur John Andrews allait disparaître du décor. Il n'aurait plus l'occasion de prendre contact avec Lake. Cela m'emmerdait suffisamment que ce soit à elle d'enterrer ce chien... il n'était pas concevable qu'elle ait à s'inquiéter de ce type.

Tout s'accélérait. Je n'avais pas prévu les derniers événements en faisant ce détour par les États-Unis. Cela n'en allait pas rester là, ben entendu. Ce qui s'était passé, plus tôt, n'avait été qu'un commencement.

Debout, devant elle, j'avais cessé de chercher à contrôler ce qui m'animait en sa présence. Une simple décision. Bien plus aisé que la lutte constante qui s'était emparé de moi après son départ.

Je n'aurais jamais pensé prendre pour femme, une américaine. Cela aurait été impensable avant Lake. Je m'étais, un jour, imaginé choisir une quelconque femme, avide, afin qu'elle me ponde un héritier mais, dans mes pensées, celle-ci était de ma province. Une femme latine, prête à tout pour assurer son avenir, en somme. Je ne m'étais pas non plus imaginé en être obsédé, à l'avoir dans la peau. Pourtant, Lake avait contré toutes mes pensées. Dès l'instant où elle était apparu dans cette ruelle pour en disparaître comme un fantôme, elle avait réussi à accaparer ma pleine attention.

L'embrasser avait été une pulsion brute. Une chose que je n'avais pas tenté de maîtriser. Un délicieux moment qui n'avait que trop tarder.

Défiante, comme à son habitude, elle s'était tenue droite devant moi. Je m'étais incliné face à mes envies. En un simple baiser, je lui avais montré les raisons de ma venue. Son mutisme avait été criant d'une vérité qui n'aurait échappé à personne.

Elle était terrifiée. Terrifier par mon geste. Terrifier par son passé. Terrifier par le contact de ma bouche sur la sienne mais pas seulement... j'avais vu l'étincelle dans ses yeux. Elle avait aimé cela. Cela était ce qui devait la terrifier le plus.

Il ne me fallait pas oublier ce qu'elle avait pu vivre par le passé. Lake était une femme forte mais blessée. Après des années à vivre cacher, il lui fallait guérir, à présent. Étant donné que je n'arrivais pas à me la sortir du crâne, j'allais expérimenter, pour la première fois de ma vie, à la tolérance et la douceur. Je ne pensais pas être doué en cela mais j'étais prêt à m'y efforcer, pour elle.

Il n'était pas question de la faire fuir. D'autant plus, qu'elle était douée dans ce domaine.

Une porte s'ouvrant me tira de mes pensées. Je la vis traverser le salon, sans un regard pour moi, en direction de la porte, sans ses affaires. Elle tenta d'ouvrir la porte de sortie de la suite mais celle-ci était verrouiller. Lorsqu'elle en prit conscience ses épaules s'affaissèrent. Elle n'avait, clairement, aucune envie de me prêter attention. Cependant, elle allait s'y contraindre pour demander les clés.

Elle ne sortirait pas de mes appartements mais je la laissais faire. Je voulais qu'elle vienne à moi, d'elle-même.

— J'ai des trucs à faire alors ouvres-moi, Léandro.

Elle refusait toujours de me regarder en face. Elle empruntait un air revêche qui ne lui appartenait pas. Elle cherchait à mettre de la distance entre nous. Il n'y avait pas à en douter.

Je l'observais de l'autre bout du salon, verre en main.

— Qu'as-tu à faire ?

— J'ai un enterrement à organiser, je te rappelle !

— Inutile. C'est déjà en cours de préparation.

Cette fois-ci, j'obtins sa pleine attention. Mon intrusion dans sa vie sembla l'énerver au plus haut point.

— Pourquoi as-tu fait ça ?

— Il n'est pas question que tu bouges le petit doigt pour cet homme.

Mes paroles semblèrent l'apaiser durant quelques secondes avant qu'elle n'alimente cette colère, qui semblait lui être si cher.

— Tu ne t'es pas dit que je voulais le faire, n'est-ce pas ? Cracha-t-elle, irritée.

— Pourquoi voudrais-tu te fatiguer pour cette ordure ? Balayais-je sa question.

Le contrôle. Indispensable dans ma vie. Je refusais de lui donner satisfaction en faisant parler ma propre colère face à son comportement. Je n'autorisais jamais personne à s'adresser à moi de la sorte. Seulement, elle n'était plus n'importe qui. Loin de là.

— Peut-être pour m'aider à tourner la page et avancer dans ma vie, croisa-t-elle les bras, une lueur de défi ostentatoire dans le regard.

J'avouais aimé sa façon de me provoquer. Lake avait un caractère explosif. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Une seule et unique personne lui faisait peur et celle-ci n'était plus. J'avais brisé cette chaîne-là. Il ne restait plus qu'à briser l'autre chaîne qui la retenait.

J'allais me faire un plaisir d'accomplir cette mission-ci.

Je me redressais de la chaise de bar, sur laquelle j'étais assis à son entrer, et m'avançais à son endroit.

— Tu veux t'en occuper toi-même pour quelle véritable raison, Lake ? Pour te punir ? Pour te fuir? Pour me fuir ?

Je m'arrêtais dès que mon corps frôla le sien. Elle n'était pas prête pour ce que j'attendais d'elle. J'avais fait preuve d'une patience inhabituelle avec elle. Il me faudrait continuer.

La poussée dans ses derniers retranchements sans jamais franchir la ligne rouge qu'elle s'était fixé. Elle avait été victime de la plus abjecte des trahisons. Cela me hantait. Je refusais de la brusquer au point de la détruire.

Je la laisserais venir à moi. Elle serait celle qui guiderait... à son rythme.

À l'expression de malaise et de crainte qu'elle tentait de réprimer pour me la cacher, je savais qu'il y aurait du chemin. Comme un animal sauvage, il me faudrait seulement l'apprivoiser. Cependant, Lake Thomas en valait la peine.

Elle était la seule femme à avoir les épaules suffisamment solide pour vivre auprès de moi... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant