Chapitre 28 : Léandro

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Je la déposais lourdement sur un des canapés du salon. Elle me fusillait du regard, peu impressionnée par mon tour de force. Elle avait du caractère et ne se laissait pas affecter. J'appréciais cela. Elle ne chouinait pas. Elle ne laissait pas la peur, que j'avais eu l'occasion de voir faire briller ses yeux quelques jours auparavant, refaire surface. C'était une battante. Était-ce cela qui exacerbait ma soif d'elle ?

J'avais vu des hommes craquait pour moins que cela. Il fallait dire que ma réputation me précédait mais elle avait eu un aperçut et se refusait de plier. Cela était distrayant, je devais l'avouer.

Elle se redressait lentement pour s'asseoir confortablement, les bras croisés et le regard en recherche. Elle ne pourrait pas fuir mais je la laissais faire. Cela pourrait être amusant de la voir tenter cet exploit. Je lui tournais le dos afin d'aller me servir un verre. Cela était ce qu'elle attendait. Je l'entendis traverser le salon à toute vitesse vers les baies vitrées. Je pus la voir se précipiter vers l'immense terrain avant que deux de mes hommes se mettent devant elle pour l'arrêter. Cela m'arracha un sourire en coin. Comme je le disais, Lake était une battante. Elle tenta de mettre un coup de poing à l'un d'eux mais il bloqua son geste d'un simple mouvement, avant de la ceinturer et la ramener dans le salon. Je n'avais pas bougé d'un pouce durant la scène, savourant son échec.

- Cesse de torturer cette demoiselle, Léandro, débarqua Esteban dans le salon alors que Lake fut jeter, pour la deuxième fois, sur le canapé.

Celui-ci se laissa tomber sur le canapé, face à celui où était installé Lake.

- Comment vas-tu, petite fleur ? Lui demanda-t-il.

- Énerver, grogna-t-elle.

- Compréhensible, hocha-t-il la tête avant de se tourner vers moi. Je reste jusqu'à demain finalement. Nous allons, alors, pouvoir avoir un bon repas familial, se réjouissait-il, ce qui me contraria.

- Non.

- Tu vas me mettre dehors, mon ami ? Joua-t-il la comédie en prenant un air miséreux. Tu as vu comment il me traite, Lake, se plaignait-il faussement auprès de la jeune femme.

- Je m'en fous, le tua-t-elle du regard. Si tu ne peux pas m'aider à me barrer d'ici, alors tu ne me sers à rien.

Cela me fit ricaner. Il n'y avait pas de doute. Elle venait vraiment du même monde que moi. Elle pouvait rejeter ce monde, il la rattrapera toujours. Elle pivota vers moi et je fus, à nouveau, la cible de toute sa haine.

- Eh bien, vous feriez un couple parfaitement assorti tous les deux, grimaça Esteban.

La jeune femme leva son majeur en direction d'Esteban sans jamais me lâcher du regard. La situation semblait faire ressortir la partie la plus mauvaise de la jeune femme. Cela était intéressant. Sans plus faire attention à Esteban, je ne détournais pas les yeux d'elle, non plus, en allant m'asseoir face à elle. Elle était franchement belle mais elle l'était encore plus lorsqu'elle se laissait aller à être celle qu'elle était vraiment. Derrière cette beauté, il y avait plus, néanmoins. Il y avait une femme qui avait un caractère qu'elle cherchait à dissimuler. Elle refusait de faire partie de son propre monde. Une conscience qui n'avait pas lieu d'être. Je me demandais toujours ce qui avait bien pu éveiller cette conscience. Cela me permettrait de comprendre un tel rejet. Quel événement lui avait fait fuir sa propre vie ?

Son regard était hanté. Je pouvais y voir la colère, la méfiance mais pas seulement. Il y avait aussi quelque chose que je ne parvenais pas à déterminer.

Je me laissais aller sur le canapé, faisant tournoyer le liquide ambré dans mon verre, et allongeant mon bras sur le dossier du canapé.

- Bien, je vois que je suis de trop, intervint Esteban après un long moment de silence, où aucun de nous deux voulait céder dans ce combat de regard.

Je sentis le corps de mon ami soulager, de son poids, le canapé en cuir sombre. Ni Lake, ni moi, le regardions nous quitter. Cela était pour le mieux. Je voulais être seul avec elle. Ce dîner avait pour but de détendre la jeune femme. Cela n'allait pas se faire en une soirée. J'en avais bien conscience mais mon plan prenait vie. La tension entre nous était électrique, presque palpable. Se rendait-elle compte des signes physiques que mon corps lui envoyait ? Serait-elle réceptive ?

Il serait difficile pour elle de ne pas se rendre compte du désir qu'elle m'inspirait si elle baissait les yeux sur moi.

- C'est quoi le piège ? Finit-elle par parler.

- Il n'y a pas de piège. Tu vas vivre ici alors il est temps que je te laisse plus de place.

Ses yeux se plissèrent. Elle n'était, inévitablement, pas convaincu par mon explication. Elle n'était pas stupide. Il ne me fallait pas l'oublier.

- Combien de temps je vais vivre ici ?

- Le temps que j'en aurais décidé ainsi, ne m'étalais-je pas sur le sujet.

Elle se décolla du dossier du canapé et me scruta plus intensément.

- Qu'est-ce que tout ça veut dire ?

C'était la question que j'aurais aimé éviter. Je n'avais aucune intention de lui parler de mes projets. Je savais que cela serait contre-productif.

Michaela apparut dans l'encadrement de l'arche qui séparait mon salon privé au dédale de couloirs qui menait au reste du manoir.

- Le repas est prêt, annonça-t-elle, le visage fermé, jusqu'à ce que son regard tombe sur Lake.

Elle fut surprise de la trouver là. Il allait falloir que je règle cette histoire avec ma gouvernante. Elle allait devoir se radoucir si elle ne voulait pas que je la vire car si elle continuait ainsi, elle serait un obstacle entre moi et mon plan. Cela était inconcevable. Je n'avais jamais eu à me plaindre d'elle. Elle faisait du très bon travail. Cependant, elle outrepassait ses droits sur mon domaine. Elle devait le comprendre une fois pour toutes.

- Allons-y ! ordonnais-je un peu trop fermement, à la jeune femme, ce qui lui fit lever un sourcil.

Michaela observa Lake, visiblement dans l'attente que cette dernière la regarde mais la jeune femme était focalisée sur moi. Non pour m'exprimer ce qui faciliterait nos affaires, mais pour m'exprimer toute la haine qu'elle ressentait pour moi. Je le méritais certainement. Depuis le début, je l'avais maltraité. Les choses allaient changer jusqu'à ce que j'obtienne ce que je voulais. Je savais que cela n'était pas seulement sexuel... je ressentais une sorte d'appropriation, la concernant. Elle m'appartenait. Cela n'était rien d'autre que cela. Le sentiment de puissance de posséder toutes emprises sur la vie d'une femme magnifique... et vouloir en profiter.

Après cela, je la foutrais dans un avion, direction les États-Unis... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant