Après une longue nuit sans sommeil, je pensais de plus en plus à quitter San Antonio, me rappelant, à présent, pourquoi j'avais quitté cette ville, il y avait quelques mois. La circulation nocturne était un calvaire. La fatigue s'abattait sur moi, tel un poids mort. Je me sentais sans énergie.
Assise sur l'herbe d'un des parcs de la ville, je tentais de ne pas me faire remarquer, de ne pas attirer l'attention. J'essayais de passer pour un citoyen lambda profitant du soleil, et non à une sans domicile, ce qui attirerait la police à me virer de là. Pire, à me demander mes papiers d'identité. De toute manière, je m'en étais débarrassé depuis bien longtemps.
Je me retrouvais seule depuis que le groupe, qui traînait avec moi, avait pris la décision de voyager vers la Californie. Je n'avais pas souhaité les suivre, même après leurs insistances. Il était vrai qu'il était préférable d'être constamment en groupe lorsqu'on vivait à la rue mais la Californie était prohibée pour moi. Cela reviendrait à me jeter dans la gueule du loup en retournant dans la ville où mes parents vivaient.
Seule, j'étais bien plus vulnérable. La nuit de la veille, j'avais été approcher par des petits dealers de quartier. Heureusement pour moi, ils n'avaient que de la gueule. Des petites frappes qui se prenaient pour de grands trafiquants. Ils étaient pathétiques. Ils se surestimaient beaucoup trop. Cependant, je ne tomberais pas toujours sur des petits joueurs. Il fallait que réintègre un nouveau groupe, ou que je quitte la ville pour aller retrouver certains groupes, que j'avais pu côtoyer par le passé, dans le nord du pays. La deuxième option était assez tentante, aimant parcourir les petites routes à bord de voiture d'usager. Cependant, je venais d'arriver. Je n'avais donc pas suffisamment de fond pour entamer une traverser. J'avais besoin de travailler pour madame Clark avant d'envisager un départ. Aussi, j'avais demandé celle-ci de me mettre sur le service du soir, également. Cela me permettrait de réunir l'argent nécessaire plus rapidement. Elle avait compris que je comptais quitter la ville et avait accepté sans mal.
En attendant, je cherchais à ne pas m'exposer, étant désormais, seule. Cela était un jeu équilibriste afin de rester invisible pour les autorités et les voyous. Cela était mon enfer personnel, en sommes.
Des enfants jouaient non loin de là, surveiller par leurs parents. Je les observais dans mon coin, les enviant. Ils jouaient tous ensemble. Ils avaient droit à une enfance normale. Une enfance, à laquelle je n'avais pas eu droit. La mienne avait été très solitaire. Personne ne pouvait m'approcher, excepter mes parents et Lorna, ma nounou.
Cette femme avait été une bénédiction. Bienveillante et maternelle, auprès d'elle j'avais eu la chance d'avoir une mère. Elle avait pris soin de moi, comme personne ne l'avait jamais fait. De mon réveil à mon couché, elle était toujours présente. Du moins, jusqu'au jour, où mon père avait décidé de se séparer d'elle, estimant que je n'avais plus besoin d'elle dans ma vie, que j'étais assez grande pour m'occuper de moi-même. Cela avait été le déclencheur de ma révolte. Ce connard m'avait enlevé la seule personne qui m'avait aimé. Suite à cela, j'avais découvert beaucoup de choses sur les activités de mon père qui m'avait ulcéré.
Il m'arrivait encore de vouloir reprendre contact avec Lorna mais cela serait trop évident pour mes parents. Je supposais qu'ils l'avaient mise sous écoute, et la surveillait de près. Aussi, je me gardais de ses envies, aussi fortes soient-elles. Reprendre contact serait dangereux pour elle, également. Elle ne méritait pas le malheur qui pourrait lui arriver si mon père apprenait que je cherchais le contact de mon ancienne nounou.
Cette femme serait la seule personne de mon passé que je n'aurais aucun mal à revoir.
Tirer de mes rêvasseries j'attrapais au vol un ballon bleu et rose avant qu'il ne m'atterrisse dans le visage. Un petit garçon et une petite fille vinrent en courant vers moi. Quand ils s'arrêtèrent devant moi, ils eurent l'air gêner, ce qui me fit sourire. Ils étaient adorables.
- Excuse-moi, tu peux me rendre mon ballon, madame ? Demanda la petite fille.
- Lequel de vous deux qui la tirer ?
- C'est moi, répondit la petite, courageusement.
- Tu es douée, la complimentais-je en lui tendant la balle.
Elle le récupéra et tira, ce que je pensais être son petit frère, pour retourner vers leur maman. Cette petite avait de très bons réflexes. Leur parent faisait de bon travail avec eux.
Ne voulant pas éveiller des soupçons infondés à cette mère, je m'allongeais dans l'herbe, l'air de rien, afin qu'elle ne pense pas que j'allais kidnapper ces petits et n'alerte pas la police. Cette conversation avait été imprudente. J'aurais dû leur donner leur jouet et m'abstenir de leur parler.
Je fermais les yeux, et profitais du soleil, qui venait réchauffer ma peau, en ce début d'après-midi. Je venais de finir la plonge du midi, au restaurant. Étant donné que je devais travailler, çà nouveau, le soir même, j'avais décidé de rester à proximité. Réfléchir à ma prochaine destination me permit à faire passer le temps plus vite. J'hésitais entre aller rendre visite à Hector au Nebraska, ce qui me demanderait une logistique de plusieurs semaines, ou partir en direction de la Louisiane, bien plus accueillante et festive. Je savais que je pourrais créer des contacts rassurants, là-bas, mais il y avait un petit hic... la criminalité exacerbée était présent. Je ne connaissais pas les spots sûrs de cet État. Malgré cela, l'envie d'aller découvrir la Nouvelle-Orléans me tentait beaucoup. J'étais une débrouillarde, après tout. J'avais échappé à l'horrible éducation d'un trafiquant de drogues et avais semé un enfoiré de la même espèce que mon père. Je pouvais m'en sortir. Ce que je craignais le plus, était la chaleur excessive. Habituellement, lorsque l'été arrivait, je me déplaçais vers le centre du pays et migrais vers le sud, en hiver. Cela me permettait de ne pas trop souffrir de la météo.
J'avais envie de nouveauté. Jusqu'à présent, j'avais un schéma de circuit très bien ficelé. Cela faisait un moment que je n'étais pas sorti de ce rythme. Pourquoi ne pas casser cette routine ?
L'été était à notre porte. Le mois de juin serait bientôt là. Cela annonçait ma migration. Normalement, je serais retourné dans le Nebraska ou dans l'Iowa, d'ici trois semaines. Je ne savais plus trop quoi faire. Cela me ferait, peut-être du bien de changer de décor et rencontrer de nouvelles personnes.
Je n'avais pas à prendre de décision, tout de suite, mais j'aimais que tout soit clair dans ma tête. Aussi, pour ne plus tergiverser et profiter pleinement de mon après-midi printanier, je me redressais et ouvrais les yeux sur le petit chemin de terre, qui séparait l'espace vert où j'étais, et l'espace de jeux pour enfants, qui était face à moi. J'étais assise près d'un buisson qui m'obstruait la vue du chemin, à ma gauche. Si une femme était la prochaine à passer devant moi, par ce côté du chemin de terre, je partirais pour le Nebraska. Si c'était un homme, cela serait la Nouvelle-Orléans.
Il était deux heures de l'après-midi. Les passants se faisaient plus rares. Je comptais sur les parents, les nounous, ou encore les retraités, pour m'aider à faire un choix.
Je n'attendis pas longtemps. Il y avait toujours du passage dans les parcs, de jour comme de nuit. La personne traversait mon champ de vision avec lenteur. C'était une personne âgée, qui allait s'installer sur un banc, qui faisait face aux jeux pour enfants. Je la regardais s'asseoir avec difficulté en remerciant intérieurement cette personne, pour m'avoir libéré d'un choix qui m'empêchait de profiter de la tranquillité ambiante, bercer par les rires, et les cris, des enfants qui jouaient joyeusement, avant de me réinstaller paisiblement dans l'herbe, pour me satisfaire de ses quelques heures de quiétude que m'offrait le jour.
Cela serait donc, un été mouvementé... mais j'aurais besoin de moins d'argent que prévu, finalement... car la Louisiane n'était pas aussi loin que le Nebraska...
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Dance in the flames
Любовные романыLake était une jeune femme rebelle et tenace. Fuyant un passé insipide et froid, elle vivait au gré de ses envies et du chemin qui s'ouvrait devant elle. Solitaire, marginale, elle vagabondait de ville en ville de façon aléatoire jusqu'à voir ce qu'...