Chapitre 41 : Léandro

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Je m'étais enfermé durant trois jours dans mon bureau. J'avais pris une décision et je ne voulais pas en dévier. Cependant, je savais que si je la voyais, j'allais faire preuve d'égoïsme. Je la désirais mais il se cachait quelque chose de plus fort derrière ce désir. Esteban m'avait prévenu. Je ne l'avais pas écouté, me moquant même de lui.

Lake était un danger pour moi, autant que je l'étais pour elle.

Je n'avais peur de rien, ni personne. Pourtant, cette femme m'inspirait des choses qui n'avaient pas lieu d'être dans ma vie. Elle avait suffisamment subi pour toute une vie. Inutile de l'impliquer dans plus de problèmes. La vie au manoir ne risquait rien mais mes pensées dévorantes, de ces derniers jours, n'impliquaient pas de la garder calfeutrer entre ses murs. Là était le danger que je ne pouvais lui faire courir.

Trois petits coups retentirent à la porte du bureau. Je me redressais en invitant la personne à entrer.Une petite femme à la peau basanée, d'une cinquantaine d'années, entra, tête basse, dans le bureau.

— Asseyez-vous, je vous prie, madame Perez.

La femme approcha silencieusement pour prendre place sur une des chaises, face à moi. Elle n'était clairement pas à l'aise. Elle n'avait aucune envie d'être là. Cela me rappelait la jeune femme.

— Je suis ravie de vous rencontrer, madame Perez. J'espère que le voyage n'a pas été trop fatigant pour vous, fis-je montre de courtoisie.

— Je suis là pour elle, dit-elle d'une voix chevrotante.

Je lui avais assuré qu'elle ne risquerait rien durant son voyage. Elle était sous ma protection. Pourtant, elle semblait terrifiée par notre rencontre.

— Je m'en doute.

— Où est-elle ?

Elle parut prendre de l'assurance à sa demande. Lors de notre conversation téléphonique, il avait été de même. Elle avait voulu raccrocher mais il m'avait seulement fallu prononcer le nom de Lake pour avoir sa totale attention. Elle n'était présence que pour sa « fille ». Elle était présente pour venir la chercher.

— Vous n'allez pas tarder à la revoir. Ne vous en faites pas. D'abord, j'aimerais que nous discutions.

Elle garda bouche close, tête basse. Je voyais de qui Lake tenait son caractère. La femme semblait chercher à contrôler ses paroles mais il était évident qu'elle n'avait qu'une envie, m'envoyer balader.

— Vous n'avez plus à craindre une quelconque visite de votre ancien patron, l'informais-je.

Sa réaction ne tarda pas à se voir. Ses yeux s'écarquillèrent et son souffle s'accéléra. Cet homme avait fait pas mal de dégâts auprès de ces deux femmes.

— Vous serez libre de vivre comme vous le souhaitez avec Lake. Elle n'aura plus à craindre non plus.

— Comment... ?

— Cela ne regarde que moi. Je vais vous la remettre aujourd'hui. Je vous la confie mais sachez que je ne la lâcherais pas dans la nature comme ça. Elle sera surveillée.

— Pourquoi faites-vous tout cela pour elle ? Demanda-t-elle, méfiante.

Elle agissait réellement comme une mère. Cela me rassurait. Elle serait entourée par une personne qui l'aimerait véritablement.

— Cela ne regarde que moi, encore une fois.

N'ayant aucune envie de m'étendre sur un sujet, encore trop flou et épineux pour moi, j'ouvris le tiroir de mon bureau pour en sortir une enveloppe. Je la lui tendis mais elle n'entrepris aucun mouvement vers moi. Je la déposais donc devant elle et fis un signe de tête en sa direction.

— Ceci est pour elle. Avec ça, elle pourra reconstruire sa vie, loin du monde dans lequel elle a grandi. Auprès de vous, la femme qu'elle aimait comme sa mère.

Je ne lui laissais pas le temps de répondre quoi que ce soit et appuyais sur l'interphone qui connectait mon bureau à la salle de contrôle.

— Castro, emmène-moi Lake dans le bureau.

— Elle est partie se promener dans les jardins. Je vais la chercher immédiatement, monsieur.

Cette information me laissa perplexe. Après de longs mois à s'obstiner à rester enfermé dans sa chambre, elle décidait de profiter des lieux lorsque son ancienne nounou venait la chercher. Que pouvait-il bien se passer dans la tête de la jeune femme ?

Je me tournais vers la femme qui attendait avec une certaine impatience, et plus de liberté, Lake avec joie. Les deux femmes avaient été séparer de force au moment où Lake avait le plus besoin d'elle.

— Si vous saviez à quel point notre séparation m'a anéanti... vous me faites, aujourd'hui, le plus beau des cadeaux...

— Ce n'est pas pour vous.

— Vous semblez attaché à ma petite Layken... si tel est le cas, alors, sortait de sa vie définitivement, s'il vous plaît. Je ne veux plus qu'elle soit en contact avec ce milieu.

— Ne vous inquiétez pas de cela.

Elle hocha la tête et récupéra, enfin, l'enveloppe contenant dix mille dollars. Un compte avait été ouvert à son nom, également, si l'envie de reprendre ses études étaient envisager. Les informations nécessaires se trouveraient avec l'argent. Ainsi, j'aurais tout fait pour lui offrir une seconde chance. Je me tiendrais informé, par le biais des gardes du corps que je lui imposerais secrètement et temporairement, bien entendu, mais je n'interfèrerais plus dans sa vie.

De nouveaux coups à la porte, retinrent notre attention. Je me levais alors que la jeune femme entrouvrit la porte.

— Je n'étais que de passage dans sa vie mais c'est auprès de vous qu'est sa place, finis-je par assurer demi-voix avant que Lake n'ouvre complètement la porte et vois celle qu'elle n'espérait plus revoir.

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant