Chapitre 53 : Lake

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Il ne céderait pas. Je ne comprenais pas exactement ce qui était en train de se passer entre nous mais une chose était sûre... son regard ne trompait pas. Il était déterminé à ce que je ne sorte pas de cette chambre. Cela accentuait ma colère. J'étais une femme libre. Il était hors de question qu'il se permette de contrôler mes faits et gestes.

Je croisais les bras sur ma poitrine et le défiais du regard. Il voulait une réponse mais je n'étais pas disposé à lui en donner. D'autant plus que je n'en avais pas. Tout ce que je savais été que je voulais m'occuper de la sépulture d'Omarosa, moi-même.

— La clé, Léandro, exigeais-je.

Il se détourna et marcha dans le salon jusqu'au canapé. Se rendait-il compte qu'il était de nouveau mon geôlier ? Était-ce de la poudre aux yeux lorsqu'il m'avait renvoyé avec Lorna de son domaine ?

— Pourquoi m'avoir laissé partir si c'est pour revenir avec les mêmes conditions ?

— Ce n'est pas mon intention, affirma-t-il.

— Donne-moi la clé alors.

Je tendis la main en sa direction, sans espoir d'y avoir droit. Il était rare de voir cet homme sourire. Rire encore moins. Aussi, je fus surprise de l'entendre rire face à mon insistance.

— Tu sais que tu es sexy quand tu cherches à t'affirmer devant moi !

Je laissais tomber ma main, le long de mon corps. Je préférais abandonner que m'épuiser inutilement. Cependant, je ne laissais pas tomber totalement. Je trouverais un moyen de sortir d'ici. Il me revenait d'organiser les funérailles de mon père. J'en avais besoin pour mettre un point final à toute cette histoire.

— Très bien. Tu veux jouer ? On va jouer. Pourquoi je suis ici ? Qu'est-ce que tu veux de moi, concrètement ?

Il se redressa lentement, sans me quitter des yeux.

— Tu ne veux pas que je m'occupe de l'enterrement, très bien. Abordons l'autre sujet qui me préoccupe.

Il semblait réticent à ce sujet-là, aussi. Je n'y prêtais pas attention. Son apparition dans ma vie n'avait pas été prévue. J'avais l'intention de lui rendre visite pour mettre un point final à cette affaire-là, également, mais je n'avais aucune intention de le côtoyer outre mesure.

Néanmoins, je devais m'avouer avoir été extrêmement troublé lorsqu'il m'avait embrassé. Était-ce parce qu'il était mon premier baiser depuis longtemps ? Était-ce parce qu'il avait, durant un court instant, eu un statut héroïque, à mon endroit ? Ou y avait-il plus que cela ?

Explorer cet aspect de ma vie était nouveau. Je m'y autorisais depuis peu de temps. Avec Léandro, ses pensées étaient bien plus concrètes. Honteusement, je trouvais cela exaltant.

Cet homme était un mafieux. Il était de ceux que je fuyais avec résolution. Toutefois, il était la seule personne dont je me sentais réellement proche. J'avais bien essayé de retrouver cette affiliation auprès de Lorna et ses enfants mais tout avait changé. Je n'étais plus la gamine que j'étais d'antan. Elle avait continué à évoluer dans un espace sain et doux. Pour ma part, cela s'était terminé à son départ. Depuis la vie m'avait pas mal abîmé et durci. Nous n'avions, malheureusement, plus rien de similaire.

Lorna était une femme adorable et maternelle. Sa présence, à mes côtés, était douce mais cela ne me correspondait pas. Je voyais la peine que ma distance provoquait en elle mais je n'avais pas capable de lui apporter ce qu'elle attendait de moi. Les câlins, les mots doux, les souvenirs. Tout cela faisait parties de mon passé. Cela n'était plus d'actualité. Mon franc-parler était ce qui devait la faire le plus souffrir. Je m'efforçais d'être la plus douce possible, en sa présence, mais cela n'était pas toujours une réussite. Je n'avais pas l'habitude d'interagir avec une personne aussi sensible.

À son contraire, Léandro était de la même trempe que moi. Il était brut de décoffrage. Il ne passait pas par quatre chemins pour dire ce qu'il pensait. Je n'avais pas besoin de faire preuve de tact avec lui. Il ne se choquait de rien. Son menton ne tremblerait pas face à la brutalité de certains de mes mots. Il n'hésiterait pas non plus à me remettre à ma place. J'aimais cela. J'aimais la confrontation.

— Je te veux, toi, répondit-il avec une violente franchise.

— Je pense l'avoir compris mais pour quoi faire ?

Le pousser dans ses retranchements était amusant. Je le forçais à parler de ce qui l'animait au plus profond de lui. Je savais que cela l'emmerdait. Il n'avait pas pour habitude de s'ouvrir mais il voulait m'empêcher de naviguer à ma guise. Il allait payer. Avec un peu de chance, il tendrait les clés devant lui.

— Cela ne marchera pas, finit-il par dire après un moment de silence.

— Qu'est-ce qui ne marchera pas ?

— Je ne céderais pas. Tu vas rester ici. Il n'est pas question que tu t'occupes de cet enfoiré. Si tu as besoin de tourner la page, je t'emmènerais aux obsèques mais je ne te laisserais pas te fatiguer pour ce chien. Tu pourras voir cette enflure se faire recouvrir de terre mais c'est tout.

Que répondre a cela ?

Étrangement, je me sentais touché par cette attention. Il semblait prendre à cœur de protéger mon bien-être. Cela était bizarre de penser à lui de cette manière. Il avait certes tué mon père en entendant mon histoire mais, à mon sens, il aurait pu réagir ainsi pour n'importe qui. Qui ne serait pas empli de rage en sachant qu'un homme ait touché un enfant ?

Je ne l'avais pas pris pour moi mais plus comme des valeurs propres à lui. Cependant, je commençais à clairement douter de cela.

Ainsi, monsieur Léandro Chavez, le grand mafieux d'Amérique du sud, voulait prendre femme. Il avait fallu que cela tombe sur moi. Gamine des rues, complètement abîmer. Qui aurait pu croire que j'aurais pu, sérieusement, réfléchir à la question. La femme qui avait gueulé et disparut ce soir-là, aurait bien rigolé à ce propos. Elle serait déjà à des milliers de kilomètres de là.

Cela me laissait entrevoir l'évolution qui s'était opéré dans ma vie depuis ma capture. J'avais pris en confiance et la mort de mon père m'avait libéré de bien des manières.

— Que ferais-tu si ça ne m'intéressait pas ?

— Je te donnerais cette clé que tu espères tant mais je sais que ce n'est pas le cas.

— Tu es bien arrogant.

— Sûr de moi, répliqua-t-il, justement.

— Peut-être.

— Je te veux et je sais que je ne te laisse pas indifférente. Tu as peur, c'est tout.

J'ouvris la bouche pour objecter mais il ne m'en laissait pas le temps.

— Ne dis pas le contraire. Je sais que tu es une personne fière mais tu ne peux pas me le cacher alors économise ta salive. Je ne compte pas te faire de mal.

Si je n'étais pas habitué à ce genre d'homme, j'en douterais tant il était impassible. Pourtant, je savais que ses paroles étaient véridiques. Je ne serais plus de ce monde si cela en avait été autrement, ou alors attacher à son lit, contrainte et forcée.

Il n'y avait rien de romantique dans cette discussion. Cela ressemblait plus à une conversation en vue d'établir un contrat. Pourtant, cela nous correspondait. C'était en cela que je me sentais plus proche de lui, contrairement à toutes les personnes que j'avais pu rencontrer jusqu'ici.

Ce qu'il envisageait ne provoquait pas chez moi, un rejet pressant. Cela était un avancement en soi.

Il avait raison. Je n'étais pas indifférente face à lui. Son baiser avait éveillé mon corps. Cela m'avait fait peur. Depuis mon départ, il n'avait eu de cesse de hanter mes pensées. Je l'avais remercié, à ma façon, pour m'avoir libéré d'une vie difficile. J'avais cru devoir faire cela pour qu'il quitte mon esprit mais cela n'était peut-être pas ce dont j'avais besoin. Peut-être qu'il était temps d'arrêter de fuir et me confronter à mes propres sentiments.

J'avais toujours avancé seule. Cela était plus pratique mais il était, peut-être, temps d'envisager d'avancer à deux. Tant pis pour mes préceptes d'antan. J'étais affilié au milieu de mon père. La vie m'avait mise sur la route de Léandro. Peut-être que je n'étais pas destinée à le quitter mais plutôt à y trouver le bonheur...

— Je te souhaite bonne chance, Léandro... parce que je ne suis vraiment pas un cadeau... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant