- Quelles sont les nouvelles ?
- RAS. Ils étaient clean. Apparemment, ils avaient réellement besoin d'un nouveau chargement.
- Ils préparent quelque chose.
- C'est ce que je me disais aussi. On va entendre parler d'eux.
- Ça m'étonne que tu n'es pas laisser traîner tes oreilles, mon ami.
- Tu me connais, Léandro. Un petit problème de compréhension avec les Yougoslaves.
Cela ne m'étonnait pas. Il y avait toujours eu une concurrence entre ses deux voisins. Cela couvait depuis des années. De toute évidence, les choses allaient, enfin, être conclues. Ce qui m'étonnait, en revanche, était que les Yougoslaves ne m'avaient pas contacté, de leur côté. Étaient-ils au courant de ce qui se préparait ?
Cela étant, ce n'était en rien mes affaires. Je raccrochais sur le ricanement de Lourenco, se réjouissant du futur bain de sang. Ce type était un véritable carnassier. Ce n'était pas pour rien qu'il prônait à mes côtés.
La veille, j'avais reçu l'appel de Jorge. La piste du Kansas n'avait rien donner en ce qui concernait le fantôme de Calhoun. Je n'étais pas surpris par ce constat. Une piste peu fiable, ne donnait jamais rien. Cette affaire traînait un peu trop à mon goût. De toute évidence, on n'était pas mieux servi que par soi-même. J'allais devoir me déplacer et m'en occuper seul. Cependant, j'avais besoin que Lourenco rentre d'Italie avant cela afin de lui confier la direction des affaires, le temps de mon absence. Il était censé rentrer deux jours plus tard. Il avait souhaité rester un moment afin de s'amuser des oppositions qui couvaient entre ces deux clans. Cela était ses vacances à lui. Je pouvais lui accorder cela. Il était le meilleur de mes hommes.
Madame Diaz vint débarrasser la table, sur la terrasse, où j'avais petit déjeuner.
- Avez-vous besoin d'autres choses, monsieur ?
Je lui fis signe par la négative en consultant mon agenda. Je devais me rendre dans un de mes clubs. Le gérant m'avait rapporté des vols au sein de son équipe. Il avait décidé de régler, par lui-même, cette histoire. Il en serait autrement. Un de mes employés avait décidé de me voler de l'argent. Cela me concernait personnellement. Castro avait convoqué tous les serveurs, et barmans, afin de faire de cet enfoiré, un exemple. Il ne se doutait pas de ma venue.
Je sortis de ma Bentley trente minutes plus tard, devant le Desviado. Tout le monde devait être arrivé. Aussi, je n'attendis pas pour pénétrer dans le club. Les lumières étaient allumées dans la pièce principale et je pouvais entendre le brouhaha que faisaient la vingtaine d'employer rassembler. Je me fis discret afin de laisser le temps à Castro d'attirer leur attention. J'observais l'homme, à l'allure sombre, les zieuter, contrarier.
Castro était un homme autoritaire et droit dans ses bottes. Cette histoire l'énervait clairement. Je pouvais le voir tenter de se contrôler afin de ne pas exploser. Il savait pour qui il travaillait. Il connaissait, donc, les conséquences pour les personnes qui travaillaient pour lui avec cette affaire.
- Qu'est-ce qu'on fait là, Boss ? Gueula une voix masculine par-dessus les autres.
Je repérais le jeune homme qui avait parler. Il tenait droit, les bras croisés, le regard sévère sur son patron. Le silence se fit à l'intervention de l'homme. Celui-ci m'intrigua par sa posture et son sérieux. Il détonnait par rapport aux autres.
- Il se passe des fourberies au sein de mon club et je n'aime pas ça, déclara Castro avec froideur, ce qui permit au calme de s'installer.
Je restais dans l'obscurité. Je voulais observer, secrètement, les réactions à cette annonce avant d'interférer dans le groupe. Chacun se scrutait suspicieusement. Tous étaient méfiant les uns avec les autres. Je tentais de repérer les brebis galeuses du groupe afin de les éjecter de mon affaire. Cela serait la dernière fois que je devrais intervenir pour ce genre d'histoire.
- L'un de vos s'est permis de se servir allègrement dans les caisses...
Ce fut le moment où je décidais de me montrer. Castro fut le seul, dans un premier temps à m'apercevoir. Ses yeux s'écarquillèrent et la nervosité s'imprégna de chacune de ses terminaisons nerveuses. Je pouvais presque goûter à sa peur. Castro était un homme consciencieux, et de conviction. Il aimait que les choses tournent comme il le voulait. Le fait que son employer le trahisse lui coûtait. Cependant, il tenait à ces personnes. C'était des petits jeunes qu'il prenait sous ses ailes. Il craignait, visiblement, la réaction que je pouvais avoir face à mon voleur.
À sa soudaine paralysie, le groupe se tourna vers moi. Ils eurent la même réaction que leur patron. Il fallait dire que ma réputation me précédait. Leur instinct de survie devait s'être déclenché. Cela m'apporta une certaine fierté. La peur, qui brillait dans leurs yeux, nourrissait mon estime. J'aimais cela.
Castro sortit de sa transe et dépassa ses employés pour venir à ma rencontre avant que je n'atteigne ceux-ci.
- Vous n'aviez pas besoin de vous déplacer, monsieur Medina. Je vous avais dit que je m'en occupais...
- Qui ?
- Je peux vous assu...
- Qui ? Répétais-je plus fortement.
Cependant, il n'avait plus besoin de répondre. Je pouvais voir l'homme trembler parmi ses collègues. Le type essayait de se faire plus petit. Il reculait doucement.
- Viens ici, ordonnais-je.
Il se figea, les yeux dans les miens. Il venait de comprendre que je l'avais repéré. Ses tremblements se transformèrent en spasmes. Il fut incapable de faire le moindre pas vers moi.
Il me volait de l'argent, et en plus, il m'obligeait à me déplacer à lui.
Mécontent, je le choppais par le col et le tirais à moi.
- Tu vas devoir me rembourser les onze milles pesos. Comment comptes-tu t'y prendre ?
Il bredouilla sans répondre, incapable de parler, non plus. Il était terrifié et il avait de quoi l'être. Je ne plaisantais pas avec l'argent.
- Tu vas bosser pour moi, directement, jusqu'à me rembourser chaque pesos, voler. Je t'aurais à l'œil. Aux moindres écarts, je te tuerais de mes mains.
Il acquiesça frénétiquement de la tête. Je le relâchais brutalement.
Je n'avais pas encore fini en ces lieux avant de partir en emmenant l'enfoiré tremblotant. Je me tournis vers le jeune homme qui m'avait intrigué. Celui-ci ne tressaillit même pas lorsque je le fixais. Il avait du cran. J'aimais cela. Il n'avait pas sa place ici. Je pressentais qu'il avait un potentiel qui pouvait servir ma cause.
- Comment tu t'appelles ?
- Tadeo.
Il ne bronchait pas. Il se contentait de répondre sobrement. Il était d'un calme olympien. Je le scrutais de haut en bas. Il semblait être sportif. Sa carrure, et sa posture, montrait qu'il était exigeant envers lui-même.
- Dans mon bureau, demain, à dix heures, exigeais-je avant de tirer brutalement, avec moi, le voleur.
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Dance in the flames
RomanceLake était une jeune femme rebelle et tenace. Fuyant un passé insipide et froid, elle vivait au gré de ses envies et du chemin qui s'ouvrait devant elle. Solitaire, marginale, elle vagabondait de ville en ville de façon aléatoire jusqu'à voir ce qu'...