Il y avait quelque chose qui m'avait sauté au yeux dès que Lake s'était rapproché de ce fourbe d'Omarosa. Une ressemblance sans équivoque. Je comprenais mieux le lien entre ses deux là. Lake était la fille d'Omarosa. Les deux s'étaient bien gardés de m'en informer. À croire que cela était un secret d'état .
Je fis signe à Luis d'emmener le père hors de la chambre et ce ne fut que lorsque la porte se referma sur eux que je me tournais vers ma prisonnière.
- Ainsi, c'est ton père.
- Tu parles d'un père, balaya-t-elle l'air d'un grand geste de la main.
- Pourquoi le cacher ?
- Il n'est rien pour moi.
- Tu te mens à toi-même, m'amusais-je de son déni flagrant.
Elle pivota dans ma direction pour m'assassiner du regard. Omarosa semblait être un sujet plus sensible que je ne l'avais pensé. J'avais enfin une corde à mon arc. Cela était une aubaine.
- Devrais-je te confier à la bonne garde de ton père pour que tu ne te mettes plus en travers de mon chemin ? Fis-je mine de réfléchir à cette option.
- C'est à toi de voir, mais avant de prendre ta décision, sache que si tu le laisses me prendre, je m'enfuirais et je te retrouverais, me menaça-t-elle.
- Des deux monstres qu'il y avait dans cette pièce, tu préfères rester avec le plus monstrueux.
- Je n'ai aucune attente venant de toi.
- Il en est autrement pour ton cher papa. Une petite crise d'adolescente capricieuse en sommes.
Voir la colère emplir son regard était plus que satisfaisant. Elle cherchait à garder ses distances avec la situation afin de ne rien montrer de la souffrance de revoir son père lui faisait ressentir. Pourtant, elle n'y parvenait pas. Elle était, à cet instant précis, comme un livre ouvert.
- Vous vivez, tous les deux, sur des cadavres ! J'ai fui une fois cette vie, je le referais !
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas eu l'irrésistible envie d'éclater de rire. Elle m'amusait. Son caractère affirmé était divertissant. Je ne comptais pas la remettre à son père, mais lui faire croire le contraire étais plaisant. Elle avait un feu ardent en elle. Je comprenais mieux d'où il venait. Elle avait grandi en enfer. Elle cherchait à s'en échapper depuis longtemps mais l'enfer vous rattrapait toujours. La preuve en était aujourd'hui.
- Pas si je décidais de te garder. Ton père est un petit brigand de pacotille. Tu es passé à un autre niveau ici. Tu es coincée sur mon domaine. Et tu le seras jusqu'à ce que j'en décide autrement.
Je la laissais sur ces paroles qui auront bon de la faire réfléchir. Elle ne semblait pas être le genre de femme à se laisser faire aussi facilement. Elle allait tout entreprendre pour fuir le manoir. J'avais hâte de la voir essayer.
Luis, qui retenait toujours Omarosa, referma la porte à clef après ma sortie. Je fis signe au père de me suivre jusqu'à mon bureau. Il avait besoin qu'on lui mette les points sur les I. J'étais prompte à le faire. Une fois. Et seulement une. Après cela, je ne répondrais plus de rien sur ce qui se passerait.
Je lui cédais le passage à la porte de mon bureau. Il entra avec une pointe d'appréhension. Il savait qu'il était allé trop loin. Il savait qui j'étais, contrairement à sa fille. Je m'installais dans mon fauteuil et l'observais. Il n'osait même pas s'asseoir sur la chaise, face à moi. Je le scrutais, sans un mot, un moment. J'aimais cette crainte dans ses yeux. Je finissais par lui faire signe de prendre place. Il voulut refuser mais mon expression était suffisamment parlante pour qu'il se ravise.
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Dance in the flames
RomanceLake était une jeune femme rebelle et tenace. Fuyant un passé insipide et froid, elle vivait au gré de ses envies et du chemin qui s'ouvrait devant elle. Solitaire, marginale, elle vagabondait de ville en ville de façon aléatoire jusqu'à voir ce qu'...