Chapitre 40 : Lake

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Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque j'ouvris les yeux. Ébloui, je les refermais aussi sec et me tournais pour ne plus faire face à la baie vitrée.

Les souvenirs de la veille me laissaient perplexe.

Omarosa était mort. Il n'était plus de ce monde. Je n'avais plus à me cacher de lui. Cela était étrange après toutes ces années à disparaître de la surface de la terre. Léandro m'avait donné l'opportunité de pouvoir me construire une vie sans avoir peur de retomber entre les mains de mon père. Je n'aurais plus à avoir peur qu'il ne me réduise au silence.

Je posais ma main sur le front et pivotant pour allonger sur le dos. Je n'en revenais toujours pas. Cela était une réalité que je ne parvenais pas à croire totalement. Qu'en était-il de ma mère ? Qu'avait-il fait d'elle ?

— Comment te sens-tu ? Demanda une voix trop familière.

Je n'avais pas besoin de le regarder pour savoir qu'il me fixait avec précaution. J'avais eu affaire à ce regard jusqu'à tomber d'épuisement dans un lourd sommeil.

— Je n'en sais rien...

Je détournais le regard du plafond pour reporter mon attention sur lui. Il était toujours installé dans le fauteuil du coin de la chambre. Avait-il passé la nuit ici ?

— Il est vraiment mort...

— Il n'y a pas à en douter. Il a pris une balle dans la tête, confirma-t-il gravement.

Je hochais la tête. Je supposais que je lui étais redevable pour avoir pris en considération mon histoire et m'avoir vengé. Cependant, je gardais l'idée de vouloir être libre de partir. Il ne m'avait pas libéré d'un tortionnaire pour en devenir un, à son tour. Du moins, je l'espérais.

— Qu'est-ce qui va se passait maintenant ?

— Il faut que tu reprennes des forces. Ce n'était pas très malin de passer les dernières nuits à guetter sur le balcon. Tu n'as rien manger non plus. Le médecin préconise du repos et une bonne alimentation.

— Tu sais très bien de quoi je parle.

— Ne te préoccupe pas de ça pour le moment.

Était-il sérieux ? Comment ne pas m'en préoccuper ? Il s'agissait de ma vie. Il était normal que je souhaite en parler !

— Je dois me rendre à un gala, ce soir. Je vais, donc, être très occupé. Tu n'auras, donc, pas à te soucier de ma présence. Il faut que tu manges et que tu te détendes, Lake.

Je plissais les yeux, soupçonneuse.

— Pourquoi es-tu différent ? Ce n'est quand même pas mon histoire qui aurait attendri le grand mafieux...

Je ne savais pas pourquoi j'avais besoin de le provoquer mais cela était un fait. Léandro était presque complaisant envers moi. Cela était perturbant. Au vu de sa réputation, il était étrange qu'il puisse être touché par mon passé et agisse de manière différente.

Michaela m'avait longuement parlé de la notoriété de son patron. Il semblerait que celui-ci ne connaisse pas la compassion. Il était craint pour ne pas être miséricordieux. Pourtant, dans ses yeux, je ne voyais plus rien de dérangeant, ni d'effrayant. Il n'y avait plus que pitié et indulgence.

Il soupira en s'enfonçant dans son siège.

— Tu ne resteras pas au manoir éternellement, si ça peut te rassurer, annonça-t-il.

Cela devrait me convenir. Je devrais être contente d'apprendre cette information mais cela ne fut pas le cas. Je mettais cela sur le compte de l'inconnu.

Avant Léandro, j'avais un but bien précis. Me cacher et mener ma barque comme je le pouvais. Savoir que je pourrais circuler à ma guise, et récupérer mon identité, aurais dû me soulager.

Je ne comprenais pas cette nouvelle réticence. Cela avait été ce que j'avais voulu dès le départ. Je voulais que ce moment arrive. J'avais longtemps pensé au moment où mon père perdrait la vie et de l'avenir que cela m'octroierait. Cela était des rêves lointains mais envisageables. Mon père avait beaucoup d'ennemies. J'avais espéré que cela arrive. Cependant, je n'avais jamais imaginé de rencontre fortuite.

J'avais détesté Léandro pour avoir pris la place de mon père mais je l'avais haïs lorsqu'il m'avait laissé entrevoir ce que je redoutais.

Il y avait si longtemps que je ne m'étais plus laissé aller à la confiance. Il était difficile de donner du crédit aux autres quand mon propre père n'a pas été capable de me traiter avec amour et respect. Je voyais les gens comme des dangers potentiels.

Pourtant, je ne me battais pas de toute ma hargne contre lui.

J'aurais eu le temps de le poignarder à de multiples reprises avant qu'un de ses hommes de main m'attrape par-derrière. J'aurais pu, aussi, courir dans n'importe quel sens, pour trouver une percer et parvenir aux arbres mais en le voyant apparaître sous mes yeux, je m'étais figée.

La peur que tout recommence, sûrement. La promesse dans ses yeux, avant son départ, m'avait suggéré qu'il n'y avait plus d'échappatoire s'il était présent. Du moins, cela était ce que je supposais, à tête reposée.

Néanmoins, il n'était plus question de cela, à présent.

Étrangement, cela était son regard qui m'empêchait de ressentir du soulagement à sa décision. Il ne comptait plus me faire de mal. Il ne cherchait même plus à m'effrayer. Cela était même l'opposé. Il était précautionneux dans ses paroles. Il ne cherchait pas à s'approcher. Il restait dans son coin et il veillait sur moi. Cela était trop étrange après notre vécu.

Scandaleusement, je trouvais sa présence, presque, rassurante.

J'avais beau tenter de me fustiger pour cela, je n'y pouvais rien. Il avait tué mon monstre et veillait sur moi comme si j'allais me casser à tout moment. Je n'étais pas une petite chose fragile mais il était agréable d'être traité ainsi. Cela faisait si longtemps...

Néanmoins, je ne pouvais pas laisser passer cette chance. Il m'offrait ce que j'avais toujours voulu. J'allais saisir cette chance, même si mon instinct me crier que cela n'était pas une bonne idée.

J'allais me remettre afin de récupérer suffisamment d'énergie pour commencer une toute nouvelle vie, loin de cet air vicié dans lequel mon père et Léandro avaient toujours baigné.

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant