Je ne savais de quoi était capable ce malade. Cela était le plus stressant dans la situation. Il se refusait de répondre à mes questions, tout à fait légitimes. Il était d'une arrogance sans nom. Il pétait les scores en la matière. Cet enfoiré se jouait de moi. Et le pire dans tout cela, était qu'il avait contacté mon père. Il n'avait pas fait référence au fait qu'Omarosa était mon père, ce qui m'étonnait. En avait-il, au moins, conscience ?
Je naviguais entre l'ennui, enfermer dans cette petite pièce vétuste, et la peur. Mes pensées tournaient à plein régime et je ne parvenais pas à les faire taire. Énormément de scénarios catastrophes me torturaient de l'intérieur. C'était une horreur.
Léandro m'avait averti que j'allais être transféré dans une chambre. Je ne comprenais pas pourquoi un tel revirement. Cela sentait le piège à plein nez. Je n'avais jamais été autant sur mes gardes que depuis que j'étais entrée dans ce manoir.
Je tendis l'oreille lorsque de nouveau pas vinrent se faire entendre dans le couloir mal éclairé qui menait à ma cellule. Je ne voulais pas le voir. J'aurais même aimé ne plus jamais voir ce visage fermé et dur. Il ne m'inspirait rien de bon. Pourquoi me faire prisonnière alors que j'avais la sensation d'être une épine dans son pied ?
La porte s'ouvrit sur un des gorilles de la Nouvelle-Orléans et une femme mature. Celle-ci avait le regard méfiant, mais fuyant. L'autre, la dureté n'avait toujours pas quitté ses traits. À croire qu'il avait, personnellement, une dent contre moi. Je m'en foutais. Ce n'était pas lui qui avait tout pouvoir sur mon existence. Il pouvait me haïr autant qu'il le souhaitait.
Il vint m'attraper sans douceur le bras pour me relever et me poussa en direction de la femme.
- Vous allez être transférée dans une chambre de l'étage, m'informa-t-elle. Suivez-nous !
- Pourquoi ce changement ? Demandais-je sans bouger d'un iota.
Cela sembla énerver le mastodonte car il me poussa, sans ménagement, hors de la cellule si bien que je faillis percuter le mur opposé. Je l'assassinais du regard avant de me redresser.
- Pas de question ! Tonna-t-il.
- Avancez, jeune fille ! Il n'est pas du genre commode celui-là !
Méfiance... elle bossait pour l'enfoiré qui m'avait sorti du pays.
- Vous y serez mieux mais inutile de tenter de vous enfuir. Monsieur Chavez a sécuriser la chambre. Personne ne peut en sortir !
- C'est bon à savoir mais j'aime les défis, fanfaronnais-je afin de cacher ma panique.
- Vous êtes une rebelle... soupira-t-elle. Si vous tentez quoi que ce soit, il en sera fini pour vous... c'est bien triste... vous êtes si jeune...
Peut-être avait-elle raison ?
Peu m'importait à ce stade. Cela revenait à choisir entre la vie de prisonnière, durant un temps indéterminé, ou une mort rapide. Quoi qu'il en était, je finissais entre quatre planches alors autant partir avec panache...
Ils me conduisirent au deuxième étage, au fond d'un long couloir, bien plus agréable à regarder que les murs bétonnés de mes précédents quartiers. Une double porte me fit face, et la femme l'ouvrit. Le gorille me poussa à l'intérieur. Je tombais à plat ventre sur le sol. Heureusement pour moi, j'avais atterri sur un tapis mais mes coudes, qui m'avaient réceptionné, étaient douloureux.
- Putain, tu es vraiment un connard ! Gueulais-je dans douleur.
Il hésita un instant et se ravisa lorsque l'envie de se jeter sur moi le prit. Je pouvais voir la violence dans chaque mouvement que son corps retenait difficilement.
- Monsieur Chavez vous a demandé de ne pas l'abîmer ! Il ne va pas être content ! Le remit à sa place la femme.
Il grogna et ferma les portes derrière nous. La femme voulut m'aider à me relever mais je la repoussais. Je ne lui faisais pas confiance. Elle agissait, en son âme et conscience, sous les ordres de Léandro.
- Je ne vous ferai aucun mal.
Elle avait mal interprété mon geste. Je ne la craignais pas. Elle n'était pas assez costaud pour me faire face. Je me relevais doucement et examinais mes coudes. Ils étaient rouges et me promettaient de sacré hématomes.
- Des vêtements vont vous être livrés sous peu. Vous devriez en profiter pour prendre un bon bain. Ça vous fera le plus grand bien après une telle journée.
Cela était insupportable. Elle feignait la gentillesse et je ne le tolérais pas.
- Barre-toi !
Elle fronça les sourcils.
- Tu es sourde ?! Casse-toi, j'ai dit !
- Je suis censé rester avec vous, jeune fille, pour le moment. Alors si ma présence vous ai désagréable, nous conviendrons de nous ignorer jusqu'à mon départ.
Cela m'allait. Si j'étais obligé de me la coltiner, autant qu'elle se taise plutôt que de feindre ce qu'elle n'était pas. Cependant, j'avais une question cruciale avant tout.
- Il y a des caméras ?
Elle était clairement vexée. Elle s'était assise sur un fauteuil, de couleur crème, dans un coin de la chambre, les bras croisée. À son âge, elle se permettait encore de bouder. Si la situation n'était pas aussi catastrophique, j'en aurais ris.
- Oui, mais que dans la chambre. Vous pouvez vous laver en toute tranquillité, répondit-elle, tout de même.
Elle était bonne comédienne. J'aurais presque pu croire en sa sollicitude. Presque !
Il était vrai qu'une bonne douche me ferait le plus grand bien. De plus, je pourrais être seule. Si elle jouait un rôle auprès de moi, j'en faisais tout autant. J'avais peur, mais je refusais de l'exposer. Cela reviendrait à montrer mes faiblesses. Cela serait une erreur. Cependant, il allait me falloir de taire mes répliques les plus acerbes le temps de trouver une solution de fuite. Même si cela semblait grandement compromis. Il n'y avait clairement aucune échappatoire. Excepté une... le balcon... enfin si les porte fenêtre s'ouvraient... cependant, je me trouvais au deuxième étage. Si j'essayais de passer par-dessus, cela était la mort assurée... le seul moyen était d'user dans les pires clichés de l'histoire du cinéma et nouait un tas de draps ensemble mais pas sûr que cela soit aussi efficace qu'on pourrait le croire... mon esprit tournait à pleine régime. Comment devrais-je m'y prendre ?
Pour l'heure, j'étais chaperonné. Aussi, toute tentative serait vaine. Alors, je décidais de retirer tous mes vêtements, cacher dans une serviette, parce que je n'avais aucune confiance en la parole de la femme, et fermais la porte vitrée de la douche derrière moi pour profiter un peu de douceur...
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Dance in the flames
RomanceLake était une jeune femme rebelle et tenace. Fuyant un passé insipide et froid, elle vivait au gré de ses envies et du chemin qui s'ouvrait devant elle. Solitaire, marginale, elle vagabondait de ville en ville de façon aléatoire jusqu'à voir ce qu'...