Chapitre 33 : Léandro

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Omarosa et sa femme se regardaient avec d'élargir leurs yeux en les reportant sur moi.

- Je n'ai jamais rien fait à ma fille, s'indigna-t-il.

La conversation avait à peine commencé qu'il m'énervait déjà. Dans un mouvement brutal et clair, je plantais la lame de son couteau à deux centimètres de sa main. Il devait comprendre que je n'étais pas là pour plaisanter. Sa femme poussa un cri aigu.

- Ne m'oblige pas à me répéter !

J'entendais Esteban continuer à s'empiffrer, comme le gros porc qu'il était, tout en ricanant. Il se régalait de la scène.

- Tu as intérêt à parler. Il n'est pas du genre patient. Tu as fait quelque chose à sa petite protéger et ça le fout en rogne, ajouta-t-il, en pointant un morceau de pancake devant sa face.

S'il me touchait avec ses doigts pleins de gras, il aurait droit au même traitement.

- Que voulez-vous savoir ? Abandonna Omarosa, défait.

Nous allions pouvoir avancer. Je trouvais aberrant qu'il faille en arriver là pour qu'il se décide. La menace qui planait sur sa femme n'avait pas suffi. Je voyais un peu plus auprès de quelle personne, Lake avait dû grandir. Deux égoïstes préoccupaient par leurs seules personnes.

- Ta fille t'a fui. Je veux savoir pourquoi !

Il se passa une main sur son crâne rasé, visiblement embarrasser.

- Elle a vu ce qu'elle n'aurait pas dû voir.

- Ne cherche pas à te défiler !

- J'ai accidentellement tué une gamine, de son école. C'est bon ? Vous avez eu ce que vous vouliez ? S'énerva-t-il.

- Une gamine, hein ?!

- Oui ! Une petite qui venait vendre des biscuits. J'avais travaillé non stop pendant deux jours. J'étais épuisé et je n'ai pas fait attention. Tout ce qu'on m'a dit, c'était qu'il y avait une intrusion sur ma propriété. Tout, c'est enchaîner.

Lake aurait donc vu une gamine se faire tuer sous ses yeux. Il y avait quelque chose qui clochait dans son récit. Je ne le sentais pas sincère. Il ne m'avait pas tout dit. J'en étais persuadé mais j'y reviendrais, plus tard.

- Elle est partie après ça ?

- Non. Ce que je vous ai raconté remonte à ses dix ans. Après ça, elle est devenue insupportable, insolente. Elle avait l'air de nous haïr. Elle n'était plus ma petite princesse. Elle ne supportait plus que la présence de Lola. Elle était la seule à avoir droit à ses faveurs. Du moins, jusqu'à ce que je la vire pour punir Lake de son insolence.

- Qui est Lola ?

- C'était sa nounou.

- Tu travailles ? Me tournais-je vers la mère.

Elle ne sus que répondre. Elle zieuta son mari qui la pressait à m'apporter une réponse. Sans voix, elle secoua la tête.

- Tu ne travailles pas et tu ne peux pas t'occuper de ta gamine ? Tu as préféré la confier à une étrangère ?

Je n'obtiendrais rien de cette femme. Elle n'avait pas l'air d'avoir un sou de jugeote.

- Où se trouve cette femme aujourd'hui ?

- Je n'en sais rien.

- Tu ne m'as pas tout dit, Omarosa. Je ne bouge pas de Los Angeles pour un bout de temps. Nous nous reverrons. Tu as intérêt de te prépare à ce qui t'attend si tu te décides à me cacher encore toute la vérité.

Les mains posés à plat sur la table en bois massif, je le regardais droit dans les yeux. Il tenta de garder la tête haute, ne serait-ce que par fierté devant sa femme, mais cela était vain. Il ne faisait pas le poids face à moi. Il savait rester à sa place. Cela était un bon point pour lui.

Je quittais la maison, insatisfait. J'étais persuadé qu'il me cachait quelque chose. Je ne doutais pas que cela se soit passé ainsi mais il y avait plus... beaucoup plus.

- Tu sembles être en colère, mon ami.

- Il se fout de moi !

- Clairement mais tu en seras bien plus, bientôt. Tu n'es pas du genre patient, habituellement, mais tu sais faire la part des choses. Pourquoi c'est différent avec elle ?

- Ne recommence pas, Esteban, le prévins-je.

Il serra les dents pour s'empêcher de continuer. Il fallait qu'il lâche l'affaire. Je savais ce que j'avais à faire. Qu'il le veuille ou non, cela ne relevait pas de ses décisions. Alors que nous traversions les rues ensoleillées de la ville, je pensais à ce qu'elle avait pu ressentir, à l'époque, étant petite fille, lorsqu'elle avait assisté à cette scène. Cela pouvait être traumatisant. Omarosa avait dit qu'elle avait changé de comportement à la suite de cela. Cet événement avait été l'instigateur de la rébellion, qui l'habitait toujours. Pour couronner le tout, il lui avait retiré la femme qui l'avait élevé. Cet homme était le pire des enfoirés. Il n'avait pas hésité à punir sa fille pour sa faute.

J'avais dû user de contrôle face à lui. Il me servait plus vivant, que mort, pour le moment. Plus il parlait, moins cela fut aisé. Cet homme avait le don de me foutre sur les nerfs.

Le chauffeur se gara en bordure du trottoir devant l'hôtel et vint nous ouvrir. Esteban me lança un regard qui en disait long, avant de sortir, en premier de la voiture. Il n'allait pas garder sa langue dans sa poche bien longtemps.

Esteban était un homme jovial. Peu de gens se méfiaient de lui, au premier abord. Cela était une erreur. Il fallait se méfier de cet homme comme de la peste. Il était du même acabit que moi. Nous avions reçu la même éducation.

De toute évidence, il aimait bien Lake. Dès le premier jour, il l'avait apprécié. Il n'aimait, donc, pas que je puisse la garder à mauvais escient. À ses yeux, elle faisait partie des nôtres. Il faisait tout pour que j'ouvre les yeux sur mes raisons de la garder.

À mes yeux, cela était une connerie. Il voyait des choses qui n'existait pas. Il se faisait une fausse idée de la situation mais il ne lâcherait pas l'affaire tant qu'il en aurait pas les preuves sous les yeux.

Cependant, cela n'était pas pour tout de suite. Je n'étais pas prêt à laisser partir Lake dans la nature. Il allait falloir qu'il se fasse une raison. Lake était à moi, pour le moment et il n'avait pas intérêt à l'approcher de trop près... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant