Chapitre 21 : Lake

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Je me savais observer. J'avais l'impression d'être un foutu rat de laboratoire. Après que la femme se soit barré, j'ai, néanmoins, pu me détendre. Se douter que nous n'étions pas complètement seuls, et l'être pour de bon, n'était pas la même situation. J'avais l'habitude de me sentir scruter lorsque je dormais à même le sol, dans la rue. Les gens préféraient détourner le regard lorsqu'on leur renvoyait la pareille, mais certains pouvaient se montrer intrusif lorsque nous dormions.

Je m'étais occupé, en premier lieu, à fouiller la chambre. Pas pour trop une porte de sortie dérobée, car je n'étais pas suffisamment stupide pour penser qu'elle existe, mais pour occuper mon esprit avant que je ne commence à me taper la tête contre un mur.

Je ne savais pas, par contre, le temps qui s'était écoulé depuis qu'ils m'avaient emmené dans cette chambre. J'étais purement dégoûté par la situation. Je détestais le faite d'être entourée de cette opulence. J'aurais préféré rester dans ma cellule. Cela m'aurait, au moins, accordé le droit de savoir à quoi m'en tenir. Assise sur ce lit à baldaquin, au matelas le plus confortable que je n'avais jamais pu tester, je ne savais pas à quoi il jouait. L'incertitude était une garce, qui s'amusait à se jouer de vous. Je ne voulais pas me prendre au jeu. Les pensées qui me faisaient ressentir l'espoir qu'il ne voulait pas me tuer et qu'il y avait une petite lueur au bout du chemin pour que je puisse repartir en Amérique, devaient être étouffé dans l'œuf.

Cela devait faire partie de son plan, aussi tordu que lui-même. Plus l'espoir avait grandi en moi, avant que j'y mette fin, plus ma haine envers lui devenait incontrôlable. Il disposait de ma vie comme bon lui semblait. Je le haïssais pour cela. Il ne méritait, tous, que mon mépris.

J'avais passé la nuit à fermenter ma colère. Ne parvenant pas à dormir, il ne me restait plus que cela.

La veille, la femme m'avait apporté un plateau-repas, sous cloche, que je n'avais même pas regardée du coin de l'œil. Pourtant la faim menaçait de me tordre, pour de bon, l'estomac. Les senteurs de ce repas m'avaient, un long moment, torturé, mais je refusais d'y toucher. Premièrement, je ne savais pas ce qu'il avait pu glisser dans l'assiette. Deuxièmement, plutôt mourir qu'accepter quoi que ce soit d'eux. Le plateau était toujours sur la petite table, qui se trouvait dans le coin gauche de la pièce, devant un miroir sur pied qui devait valoir plus cher que tous les salaires que j'avais pu toucher toutes ces années.

La femme n'était pas revenue le chercher. Cependant, cela ne semblait pas le plus être le cas.

J'entendis la serrure de la porte s'enclencher et elle apparut devant celle-ci, ouverte, accompagné de l'enfoiré qui m'avait fait tomber dans les geôles. Elle portait un nouveau plateau dans les mains. L'odeur me parvint jusqu'aux narines et ce fut une nouvelle torture. J'avais si mal à l'estomac que la pression aurait pu me faire céder si je n'étais pas aussi obstinée.

Je les fusillais du regard et le mastodonte me le rendit, alors que la femme se contenta de déposer le nouveau plateau, tout en récupérant l'autre. Lorsque vit qu'il était toujours plein, elle se tourna vers moi. Ses traits exprimaient de l'inquiétude, mon cerveau se battait pour l'interpréter comme faux.

- Il faut que vous mangiez !

N'ayant aucunement envie de lui faire la grâce de leur laisser entendre, à nouveau, ma voix, je me détournais d'elle pour aller me rafraîchir, une nouvelle fois, dans la salle de bain. Je me passais un peu d'eau sur le visage et en bus un peu. La salle de bain était le seul luxe dont je m'autorisais. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas pu profiter de ce confort. Jamais, je ne m'étais autant douché. Les toilettes étaient aussi une merveilleuse invention. Pour les gens derrière la porte de ma fastueuse chambre, n'avait aucune conscience de la chance que nous avions de posséder cela. Dans mon malheur, je ressentais un certain contentement. Cela était horrible. Je détestais ce sentiment.

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant