Chapitre 54 : Léandro

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Les traits figés, je l'observais tourner sur elle-même pour atteindre le téléphone de service. Comme toujours, j'avais gagné.

Une femme, telle que Lake, n'avait qu'une parole. Elle n'allait pas fuir mais m'apprendre ce que cela était de vivre avec elle. Je ne doutais pas qu'il y ait matière à concession. Nous avions, tous deux, de fort caractères. De plus, elle ne semblait pas prête à faire le moindre effort. Elle n'accordait pas facilement sa confiance. Aussi, je ne doutais pas qu'elle allait me tester.

Néanmoins, j'aurais tout le loisir d'y penser plus tard. Pour le moment, je savourais ma victoire. Elle était entre mes mains. À partir de cet instant, plus personne ne pourrait l'approcher sans passer par moi, avant tout.

En tentant de construire une relation plus poussée, avec elle, je la mettais au-devant de la scène, donc en danger. Mes nombreux ennemis pourraient voir en elle, une faiblesse, un moyen de pression. Tout les coups bas étaient légion dans le milieu. Il me faudrait la protéger.

Cela ne serait pas un problème.

J'allongeais mes bras sur le dossier du canapé, où je m'étais installé, et la regardais commander un repas conséquent. Lake était une peste au grand cœur. Elle avait eu la chance d'être élevée par une femme tendre mais n'avait pu échapper à la dureté de notre monde. La perversité, la violence, le sang et l'indifférence avaient fait d'elle, ce qu'elle était à présent. Une femme forte, déterminée, intelligente et loyale. Son caractère merdeux n'était qu'un plus. Lake était une battante.

Elle se posta devant moi, après avoir raccroché avec la réception, les bras croisés sur sa délicieuse poitrine. J'avais envie d'elle mais je savais que cela n'était en rien possible. Elle avait subi la pire des horreurs. Elle devait haïr le sexe. J'avais bien remarqué ses mouvements de recul lorsque je la touchais. Il me faudrait gagné sa confiance pour espérer pouvoir la prendre entièrement. Aussi, je changeais de position pour faire un peu de place à mon érection, dans mon pantalon. Cela faisait trop longtemps que je rêvais de la baiser. Il me suffisait d'un regard pour que mes fantasmes s'éveillent.

— Tu comptes m'enfermer comme au manoir ?

— Non.

Je ne cherchais pas à cacher le désir qu'elle m'inspirait. Cela serait un bon exercice pour elle. S'habituer au désir qui couvait en moi, l'habituerait à cette nouvelle perspective qu'elle avait rejeté.

— Bien ! Alors, je vais aller en ville après mon repas.

— Je t'accompagnerais.

— Pas question !

— Tout le monde sait, à présent, que tu es étroitement lié à moi, Lake...

— Je sais ce que tu vas dire et je sais que tu as mis des gardes sur mon dos. Inutile de te déranger !

— Ce n'était pas une proposition, Lake, commençais-je à m'irriter.

— Donc, je ne suis pas prisonnière mais je ne peux pas me déplacer sans toi, c'est ça ?

— Tu vois quand tu veux... me moquais-je d'un sourire en coin.

Elle me fusilla du regard avant de soupirer.

— Tu m'as voulu... je suis là... par contre, je ne suis pas une de tes potiches qui seraient prêtes à tout pour toi, que ce soit clair. Je suis indépendante et libre. Si tu commences à vouloir tout diriger, nous allons avoir un gros problème, toi et moi.

Elle avait raison, bien sûr. Cependant, nous n'étions pas sur mon territoire. La vigilance était donc de mise. Je refusais de prendre le moindre risque. D'autant plus que j'avais évincé l'inspecteur mais d'après les informations que j'avais pu récolter sur l'homme, c'était un acharné. Il ne lâcherait pas facilement l'affaire. Il allait continuer d'enquêter. Il la soupçonnait. Il devait le faire un peu plus, après m'avoir vu en sa compagnie. Je ne le laisserais pas l'approcher. Cela ne pouvait se faire que si je restais auprès d'elle. Il ne prendre pas le risque de venir à moi.

— Tu auras plus de liberté à Mendoza.

Ses yeux s'écarquillèrent et ses bras tombèrent le long de son corps.

— Mendoza ?

— Je ne peux pas rester éternellement ici. Tu viendras avec moi.

— Attends ! Quand est-ce que j'ai donné mon accord pour ça ?

— Quand tu as pris du plaisir à mon baiser. Quand tu as déposé les armes et que tu t'es enfermé dans la chambre. Quand tu n'as pas nier me vouloir.

Sa bouche s'ouvrit avant de se refermer. Je lui avais coupé la chique. Cela était une première et je devais dire être assez fier de moi.

— Je sais ce qui te fait peur. Je ne te ferais pas de mal. Nous irons à ton rythme, la rassurais-je difficilement.

— Pourquoi es-tu prêt à ça pour moi ? Je sais dans quel moule tu as été produit, Léandro.

Je refusais de répondre. Cette conversation allait bien trop loin, à mon goût. Elle savait l'essentiel, à présent. Le reste m'appartenait. Néanmoins, j'étais satisfait de la surprise qui faisait briller son regard. Elle semblait touchée. Elle tentait de le cacher mais cela n'était pas une grande réussite.

Nous fûmes interrompus par des coups à la porte. Son repas pharaonesque venait d'arriver. Elle se tourna vers la porte avant de revenir vers moi, un sourcil dressé. Je n'étais as stupide. Je savais ce qu'elle avait prévu.

— Tu ne vas pas ouvrir ?

Je me levais lentement, sans la quitter du regard. Je la dépassais d'une bonne tête. Aussi, je me courbais pour déposer un baiser sur son front avant de descendre jusqu'à son oreille.

— Ne bouge pas d'ici, Lake. Je ne plaisante pas.

Je la fixais un instant avant de me diriger vers la porte et l'ouvris. Je laissais passer le maître d'hôtel, et le suivit, gardant la porte grande ouverte. Cela était un test. Avait-elle compris que je n'étais pas son ennemi ? Comprenait-elle que j'agissais, uniquement, dans ses intérêts ?

Je fus ravi de constater qu'elle semblait, à présent, bien plus intéresser par ce que refermait les cloches que l'accès à la sortie. Aussi, je laissais le maître d'hôtel nous quitter avant de fermer la porte. Cette fois-ci, je me gardais de la fermer à clé... 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant