Chapitre 2 : Léandro

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Six foutue mois. Jamais personne ne m'avait fait un tel affront. Cette femme était un putain de fantôme.

J'aurais pu laisser tomber les recherches, voyant qu'elle n'était pas entré en contact avec qui que ce soit concernant ce qu'elle avait vu mais je ne pouvais laisser au hasard cette éventualité.

Quelle personne n'irait pas dénoncer un lynchage, qui allait se terminer en meurtre ?

J'étais un homme extrêmement méfiant. Cela ne pouvait qu'aller de pair avec la vie que je menais. Cette femme était une épine dans mon pied. Il fallait que je la retrouve au plus vite. Je ne savais pas ce que j'allais faire d'elle mais une chose était sûr... elle n'aurait jamais l'occasion de parler de cette nuit-là.

Plus le temps passait, plus mon imagination travaillait sur un sombre destin pour cette jeune femme à l'allure nonchalante. D'où venait-elle? Où était-elle ?

Derrière mes lunettes de soleil, on ne pouvait pas deviner l'incandescence de ma rage mais mes hommes pouvaient la sentir. Il semblait que j'étais l'homme à fuir à tout prix, ces temps-ci. Ils se démenaient pour m'apporter satisfaction afin d'apaiser les tensions. Je n'étais pas un homme doter de la vertu de patience. Je distribuais suffisamment d'argent pour ne pas avoir à attendre. Pourtant, ils ne la trouvait pas. Ils avaient à disposition toutes les meilleures technologies et les meilleurs informaticiens, détectives et traqueurs au monde, mais elle demeurait introuvable. Cela me dépassait et m'énervait prodigieusement.

J'avais une journée chargée qui m'attendait. Je n'avais pas le temps de penser à cette affaire. Pourtant, cela refusait de quitter mon esprit. Lorsqu'elle serait entre mes mains, elle allait payer pour tout cela. Elle perturbait le bon fonctionnement de mes équipes et de mes nerfs.

Lourenco devait me retrouver plus tard, afin que nous nous rendions dans le sud du pays pour rencontre de nouveaux clients. Aussi, cela m'étonna de le voir pénétrer sur la terrasse du domaine. Avant même qu'il ne parle, je sentais que les nouvelles n'étaient pas bonnes. Me préparant à entendre ce qui allait me contrarier, de nouveau, je serrais les mâchoires. Il fallait que je me calme. J'étais tellement sur les nerfs que tous mes hommes n'osaient plus m'approcher de peur de finir comme Boccaro... en morceaux.

- Parle !

- On a une piste mais elle n'est pas fiable à cent pour cent, Léandro.

- Où ?

- D'après un de nos informateurs, elle aurait pu être vue au Kansas.

- Des suppositions ne me suffisent pas.

- Je le sais mais c'est la seule piste que nous ayons eu. Ça vaut le coup d'aller y jeter un coup d'œil. J'y ai envoyé Jorge et Luis pour investiguer.

Il avait raison. Cela était la seule piste que nous avions depuis six mois. Elle serait au Kansas. Mon instinct me criait que cela était une mauvaise information. Cependant, cela n'était pas négligeable. Je devais rester ouvert mais cela ne m'étonnerait pas s'ils se déplaçaient pour rien.

Je hochais sèchement la tête, décider à laisser cette histoire de côté pour le moment. Ne pas avoir de prises sur le sujet m'enrageait mais je ne pouvais pas concentrer tous mes efforts là-dessus. J'avais un business à faire tourner.

- Je te retrouve à la voiture dans cinq minutes.

Je quittais la terrasse pour rejoindre mon bureau. J'échangeais mes armes personnelles pour mes armes de fonctions. Il fallait toujours être sur ses gardes lorsqu'on était dans ma position. Être le patron d'un cartel faisait de moi, l'homme à abattre. Autant pour mes concurrents que pour les autorités. Je n'avais pas la meilleure des positions. Je faisais autant de mal que de bien à ce pays. J'avais bon nombre de dirigeants dans la poche mais il y avait toujours des incorruptibles. Des hauts meneurs qui se prenaient pour des justiciers, luttant contre le crime.

Ils n'avaient aucune emprise sur moi. J'étais ridiculement hors d'atteinte pour eux.

Mon père avait créé un empire dont j'avais été l'héritier, à sa mort. Il m'avait laissé un royaume sur lequel régner. Je contrôlais plus de terre, et de peuples, qu'aucun de ses bureaucrates, haut gradé, ne pourrait espérer soumettre. Nous avions nos propres lois. Je ne craignais personne.

Je rejoignis Lourenco à la voiture, il m'attendait à l'extérieur de celle-ci. Il semblait aussi tendu que moi. Lourenco était un bon commandant. Dévoué et coriace, je me félicitais pour avoir su le débauché. Cela faisait plusieurs années qu'il me suivait dans mes idéologies. Il tenait d'une main de fer ses troupes. J'avais toute confiance en cet homme. Nous étions devenues, très vite, des amis. Il était rare, dans mon milieu, de donner une entière confiance mais Lourenco avait su faire ses preuves. Il m'était fidèle et le serait jusqu'à sa mort. Cela étant dit, il avait dû gagner la place qu'il avait aujourd'hui. Par ses compétences, il avait gravi les échelons avec ténacité. Ce type était une force de la nature lorsqu'il s'agissait de calme dans l'horreur.

Nous nous dirigions vers l'aéroport, où nous attendait mon jet qui nous mènerait au sud du pays. Des Espagnols, qui s'étaient lancés dans le business, il y avait deux ans, avaient leurs petites réputations. Ils menaient leurs barques avec sérieux. Alors, lorsqu'ils ont souhaité faire affaire avec moi, et après de minutieuses recherches sur leurs entreprises, j'avais accepté la prise de contact. Cependant, je restais méfiant. J'étais toujours sur mes gardes. Personne ne pouvait diriger un cartel de cette ampleur sans être constamment prudent.

Ces nouveaux clients allaient me faire une grosse commande, ce qui les rendait, d'autant plus, attrayants. Ils ouvraient une nouvelle filiale à la frontière avec la France. Ils avaient donc besoin de matériel et j'avais le meilleur qu'il y avait sur le marché, écrasant celui des Russes.

Mes armuriers étaient les meilleurs dans le domaine. Chaque Glock, mitraillette, fusil d'assaut, fusil à pompe, ou bien encore, lance-roquette étaient fabriqués dans mon usine. Chaque arme était montée et contrôler comme si elle allait toute atterrir entre mes mains. Cela n'était pas pour rien que les commandes ne cessaient d'affluer.

Je montais dans l'avion et me servais, immédiatement, un verre de whisky. Il fallait que je reste focus sur ce rendez-vous et que j'oublie cette connasse qui faisait galoper mes hommes à travers les État-Unis.

Elle aurait beaucoup de regret lorsque nous aurions la main dessus.

Elle semblait être habituée à ce genre de spectacle. Cela était la conclusion que j'en avais fait quand elle s'était simplement retourné pour retourner à sa vie, sans cris, ni crise de panique, face à la scène. De toute évidence, elle vivait à la rue. Je ne doutais pas que les personnes comme elle, devaient en voir de toutes les couleurs, mais de là à se satisfaire de partir tranquillement face à un futur meurtre... Elle était un mystère que je me devais percer, avant de lui tirer une balle dans le crâne.

Après tout ce temps, je ne pensais pas qu'elle parlerait. Cependant, elle était une prise de tête dont je me serais bien passé.

J'étais un homme occupé, bordel !

J'allais la tuer. Cela était un fait mais pas avant d'avoir les réponses à mes questions car elle était la seule personne à ne pas avoir tremblé face à moi, ni face à une éventuelle mort... et cela me laissait sur ma « faim » !

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant