Épilogue : Lake

603 52 1
                                    


Je me tournais brusquement, les yeux enflammés de colère. Comment osait-il se le permettre ?

Son éternel sourire en coin me salua alors que je le tuais du regard. Je n'étais déjà pas motivée par cette journée, aussi, s'il ne faisait pas les choses correctement, j'allais me barrer.

— Sors d'ici !

— Ne sois pas aussi caractériel. Je voulais seulement m'assurer que tout allait bien.

— Miguel aurait pu t'informer de mon état ! Tu n'as rien à faire ici ?

Ma colère ne semblait pas l'atteindre. Il s'approcha de moi au lieu de quitter la pièce. Je croisais les bras en signe de mécontentement, malgré tout. Léandro Chavez avait l'habitude d'obtenir tout ce qu'il voulait. Cette journée ne faisait pas défaut à ce fait. Cependant, il allait devoir composer avec mon caractère.

Devant moi, il entoura ma taille de son bras et força pour me ramener à lui. Il m'embrassa avec passion devant mes amis. Prise dans la tourmente de la passion, je passais mes bras autour de son cou et m'agrippais à ses cheveux. Il savait y faire pour faire taire ma mauvaise humeur.

Il relâcha mes lèvres et posa son front sur le mien. Je n'avais plus aucune envie qu'il parte, et encore moins d'arrêter ce moment. Cela était cruel de me laisser sur ma faim.

— Tu es magnifique !

— Tu aurais dû le découvrir plus tard, soufflais-je contre son visage.

— Tu me connais mieux que ça, ma belle. Je n'aurais pu attendre plus longtemps.

Une personne se racla la gorge dans son dos, coupant court à la bulle qu'il avait créée autour de nous. Je m'écartais, me rappelant de ma colère mais celle-ci en était amoindrie. Quant à lui, souriait toujours, content de son effet sur moi. Il ne me lâchait pas du regard alors que Lorna s'interposa entre nous, loin d'être d'aussi belle humeur. Les mains sur les hanches, elle se positionnait devant lui.

— Vous n'avez rien à faire ici, Léandro ! Vous n'auriez pas dû voir la mariée avec la cérémonie !

— Que voulez-vous, Lorna... je ne peux me passer trop longtemps de ma femme, finit-il par consentir à me libérer de son brûlant regard.

Les épaules de mon ancienne nounou se détendirent à ses paroles mais elle restait, tout de même, tendue. Lorna avait les traditions chevillées au corps. Son appréhension de l'homme, qui se trouvait devant elle, en fut oublier. Cela eut bon de ranimer, un tant soit peu, ma bonne humeur. Elle pouvait être drôle avec ses préceptes. Sa colère n'avait rien d'impressionnant. Elle était plutôt mignonne lorsqu'elle essayait de faire preuve de furie.

Elle pointa du doigt, subitement, la porte de la chambre.

— Vous ne pouvez pas rester ici. Vous aurez toute votre vie pour profiter d'elle. Pour le moment, il vous est interdit de la voir !

Au lieu de faire montre de son autorité légendaire, Léandro leva les deux mains de chaque côté de son visage, amusé, en reculant jusqu'à ladite porte. Il me lança un dernier regard, appréciateur avant de nous quitter aussi silencieusement qu'il était arrivé. Lorsque la porte fut fermée sur lui, Lorna se tourna sur moi. Apparemment, cela était mon tour d'essuyer sa colère. Je levais un sourcil, prête à écouter sa petite voix tenter de s'élever.

— Pourquoi tu l'as laissé entrer ?

— Elle ne l'avait pas vu avant de se retrouver devant le miroir, maman, intervenait Carla afin d'apaiser sa mère.

Sofia et Michaela se regardèrent sans savoir comment réagir. Silencieuses, elles se contentaient d'attendre que le nuage passe alors que je me tournais, à nouveau, devant le miroir, pour recommencer à m'admirer.

Le mariage n'était pas une chose que j'avais attendue. Je ne l'avais pas souhaité. À mes yeux, Léandro et moi n'avions pas besoin de cela pour savoir que nous passerions notre vie ensemble mais il était de tradition, dans sa lignée, d'y passer. Je n'avais pas entrepris de démarches concrètes pour ce jour. Je m'étais contenté d'essayer des robes. Une obligation pour être sûr qu'elle m'irait bien. Cependant, la vision que j'avais de moi, à ce moment, dans le miroir, était, je devais l'avouer, plaisante. Je me trouvais magnifique, et contre toute attente, j'en étais ému.

Cette tenue représentait un long chemin semé d'embûche pour arrivée à cette destination. Cette robe faite de dentelle et tissue brodée était la preuve que la vie qui m'attendait, à l'avenir, n'allait, certes, pas être tous les jours tranquilles mais ne serait plus jamais faite dans la solitude.

Léandro était un mâle alpha. Il était né pour diriger et imposer son autorité mais il était différent avec moi. L'amour qui nous unissait été puissant. Aussi, s'il fallait en passer par ce mariage pour le contenter et respecter les traditions familiales, je m'y pliais.

Le terrain verdoyant du domaine avait été transformé pour accueillir les invités, trier sur le volets. Un prêtre avait été convoquer pour officier. Quant à moi, je n'avais qu'à me préparer et suivre les instructions de la morue qui avait tout organisé.

— Comment te sens-tu, ñina ?

Je pivotais pour faire face aux quatre femmes qui m'accompagnaient.

— Je n'en sais rien. Cette journée m'ennuie prodigieusement mais j'aime bien ce qu'elle symbolise.

Lorna me prit dans ses bras, les yeux brillants de larmes de fierté. Cela provoqua des sourires attendris parmi mes amies. Je regardais ces femmes qui s'étaient déplacé pour moi en ce jour. Habituellement, l'assemblée, lors de la cérémonie, était divisée. La gauche contenait les invités du marié et la droite, ceux de la mariée. Cependant, je ne connaissais pas suffisamment de monde pour remplir mon côté. Aussi, Léandro avait fait plier l'organisatrice afin que les invités s'installent où ils le souhaitaient. Ainsi, ils se mélangeraient et je n'aurais pas l'horreur de voir à quel point ma vie était solitaire en dehors de lui.

Il faisait, encore et toujours, attention à moi. Je l'en aimais davantage, à chaque fois.

Cela n'était pas sujet à discussion mais il le savait. Il ne pouvait en douter. Mes yeux lui hurlaient ce que ma bouche n'était pas capable de lui dire. Néanmoins, oublier la maîtrise, je comptais m'en ouvrir devant l'autel. Cela ne serait pas quelque chose de récurrent mais il méritait de l'entendre, à ce moment précis. Il méritait que je dépasse mes barrières. Seulement, pour lui.

Des coups à la porte me sortirent du début de la crise d'angoisse que j'étais en train de vivre. La morue passa la tête dans l'entrebâillement de la porte.

— Vous êtes prête ? C'est le moment...

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant