Chapitre 8 : Léandro

631 71 1
                                    


Impassible, j'observais le jeune homme, face à moi. Je lui avais dit de venir me voir, la veille. Il était là.

Tadeo était entré dans mon bureau, cinq minutes plus tôt. Madame Diaz l'avait emmené à moi et était partis nous chercher des cafés à ma demande. Attendant son retour, je restai stoïque. Sans un mot prononcé, je testai le jeune homme devant moi. J'avais décelé un potentiel chez ce jeune. Un potentiel qui pourrait me servir à profit.

Depuis qu'il avait mis un pied dans ce bureau, il n'avait pas bougé. Pas un seul mouvement. Il ne s'était pas permis de s'asseoir sans mon consentement. Il n'avait pas relâché la tension, une seule seconde. Était-ce de la peur ou de la rigueur ?

Madame Diaz porta un coup à la porte avant de se permettre d'entrer dans la pièce. Lourenco, et elle, avaient certains privilèges, dont cet affranchissement de courtoisie. Ils possédaient un statut propre à eux, dans cette demeure. Neutre, elle déposa son plateau et posa une tasse devant moi, puis l'autre devant une chaise vide. Sans un mot, elle quitta la pièce.

Enfin, je fis signe à Tadeo de prendre place devant son café. Il quitta sa posture rigide, pour s'asseoir, sans jamais me quitter du regard. Il était méfiant.

- Comprends-tu ta présence ici ?

- Non.

Je me renfonçais dans mon fauteuil, sourire en coin. Pensait-il que j'avais quelque chose à lui reprocher ? Était-ce pour cela qu'il était aussi tendu ?

Il ne paraissait pas être un homme impressionnable. Il n'avait pas le physique d'une personne qui avait eu une vie lisse. Il en avait vu et subit. Je pressentais une hargne brutale en lui.

- Parle-moi de toi.

Il resta silencieux. Je pouvais que comprendre sa réticence. Partager des histoires d'ordre privé, à un homme de mon acabit, n'était pas recommencé, s'il ne savait pas la raison de sa présence en ces lieux.

- Tu ne vas pas mourir, aujourd'hui, le tranquillisais-je. Ta famille, non plus, ajoutais-je.

- Que voulez-vous savoir ?

J'étais un homme de parole. Cela faisait autant écho, que mon goût pour le sang de mes ennemis.

- Ton avenir va dépendre de cet entretien. Tu m'as l'air d'être un homme qui a eu l'occasion de montrer de quoi il est capable, par le passé, fis-je référence à la cicatrice qui barrait sa bouche. Que s'est-il passé ?

Sa main se leva sur le spectre d'un passé qui semblait encore frais dans son esprit. La colère faisait briller ses yeux verts.

- Un homme qui a voulu s'en prendre à ma sœur.

Je me redressais, intéresser. Je l'invitais à continuer d'un geste de la main.

- Il faisait partie d'un gang. Il a essayé de la violer. Il n'aurait pas dû...

- Il est mort ?

- Comment pourrait-il en être autrement ?

Il avait un bon vocabulaire. Cela n'était pas le cas de tous mes hommes. Cela rendait la conversation plus agréable.

- Quel âge as-tu ?

- Dix-neuf ans.

- Ta sœur ?

- Seize ans.

- Ta cicatrice est ancienne. Quand cela s'est-il passé ?

- Il y a deux ans.

Je hochais la tête, compréhensif.

- Tu as eu des problèmes avec ce gang à la suite de ce meurtre ?

- Ils ont tentés de me recruter. J'ai refusé. Ils ne nous retrouveront pas.

- Que ferais-tu s'ils te retrouvaient ?

- Je ferais tout pour elle. Si je dois mourir, je ne mourrais pas seul. Ils seront du voyage, avec moi.

Dans un sourire ravi, je me levais de mon siège et contournais le bureau pour m'asseoir sur celui-ci, près de lui.

- Que dirais-tu de travailler pour moi ?

Il resta silencieux, durant un moment.

- Pourquoi me le proposer à moi ?

- Tu as du potentiel... tu n'as pas voulu de leur proposition... pourquoi ? Travailler pour une organisation criminelle te rebute ?

- Ce gang n'a aucune morale. Ils s'en prennent à des enfants, à des femmes, pour les mettre sur le trottoir. Jamais, je n'aurais accepté.

- J'en conclus que tu n'es pas fermé à ma proposition. Tu pourrais offrir une meilleure vie à ta sœur. Vous seriez protégés. Personne ne touche à mes hommes, et leur famille, sans vouloir la mort.

- Vous jouez sur mon instinct de protection envers ma petite sœur ? Sembla-t-il s'irriter.

Dans un haussement d'épaules, j'acquiesçais.

Il ouvrit la bouche pour répliquer mais nous fûmes interrompus par Luis qui entra sans permission.

- Je suis désolé de vous déranger, Boss, mais on l'a trouvé...

oubliant ma colère, je compris immédiatement le sujet de ce délit. Un petit sourire malsain étira, doucement, mes lèvres. Je tournais le regard vers Tadeo.

- Acceptes-tu l'offre ?

Il se leva et me tendit la main. Je la pris et la serra, dans un accord tacite.

- Rassemble vos affaires et va à l'adresse que je t'enverrais par message, sur ce téléphone, lui tendis-je son nouveau bien. Ce sera votre nouveau logement. Tu as fait le bon choix, petit.

Il quitta la pièce, plus détendu. Je pouvais, enfin, me concentrer sur un sujet, encore plus distrayant.

- Où est-elle ?

- À San Antonio mais elle s'apprête à quitter la ville. L'informateur ne nous est pas directement lié. C'est un ami de l'une de nos taupes. Il travaille pour les services administratifs mais il a son petit business à côté. Il a eu la visite d'une femme qui souhaitait une nouvelle identité.

- Comment a-t-il su que nous la cherchions ? Me méfiais-je.

- Notre enquêteur lui a rendu visite et a vu le visage de la femme sur son bureau.

- Sait-il où elle va ?

- Non. Il ne pouvait pas demander sans paraître suspect. La femme n'est pas très causante et docile, d'après le bureaucrate.

- Il me semblait bien qu'elle avait son petit caractère, m'en amusais-je. Son nouveau nom ?

- Lana Murphy.

- Parfait... elle ne va pas tarder à utiliser sa nouvelle identité. À ce moment-là, nous pourrons aller la chercher...

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant