Chapitre 20 : Léandro

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J'étais volontairement resté dans l'ombre, misant sur la douceur de madame Carrizo. La jeune femme m'avait en horreur. Aussi, j'avais pensé que se retrouvait devant une femme serait plus favorable pour l'aider à se détendre.

Cela était un revirement. Cela ne faisait pas partie de mes plans initiaux, la concernant. Cependant, je ne pouvais pas obtenir ce que je voulais de manière satisfaisante en la brusquant. La jeune femme avait du caractère et une langue acéré. Aussi, j'avais fait un virement à cent quatre vingt degrés. Lorsque j'aurais obtenu ce que je souhaitais, il me reviendrait de revenir au destin que je lui avais prévu.

En attendant, j'attendais impatiemment la venue d'Omarosa.

Elle ne montrait pas grand-chose de ce qu'elle pouvait ressentir mais à l'évocation de ce prénom, j'avais pu voir une petite pointe de panique briller dans ses beaux yeux vifs. Ce petit trafiquant de quartier possédait une chose que je voulais. Une emprise sur elle. Qu'avait-il fait ?

Il semblerait qu'il en était de même pour lui. Lors de notre conversation téléphonique, il avait semblé plus qu'extatique à l'annonce de la capture de Lake. Je le savais marier à la dernière de salopes. Avaient-ils eu une aventure qui s'était mal terminée ? Était-il obsédé par elle ?

Quoi il en était, il serait à garder sous le radar durant son séjour sur mes terres.

Lake ne s'entendait clairement pas avec Micaela. De moins, elle se montrait extrêmement méfiante. Après avoir passé de longues heures, enfermée dans la salle de bain, elle en était sortie lorsque la nuit commençait à tomber. J'avouais ne pas avoir quitté la salle de contrôle depuis un moment. Je ne voulais rien manquer. Micaela avait bien retenté sa chance envers la jeune femme mais celle-ci restait fermée à toute approche. Elle faisait toujours en sorte de l'avoir dans le viseur. Elle ne lui faisait absolument pas confiance. Cela était compréhensible. Cependant, cela m'étonna qu'elle ne se détende pas. Micaela avait le don d'apaiser les gens. Un sourire, un regard. Il ne lui fallait pas beaucoup d'efforts pour tranquilliser la personne face à elle. Lake était complètement hermétique à sa douceur. Cela ne faisait que confirmait qu'elle n'était pas comme les autres. Cette femme était une forteresse à elle toute seule. J'étais persuadé que cela avait un rapport avec Omarosa. Que lui avait-il fait ?

Elle n'était pas crédule, ni naïve. Elle possédait une forte personnalité et ne craignait pas d'asseoir sa position, même face à un homme tel que moi. Cela me laissait admiratif, en quelque sorte. Je connaissais des hommes, trois fois plus lourd qu'elle, qui serait prêt à se plier en quatre pour ne pas faire face à ma colère.

Elle était fatiguée. Cela était évident. Mais elle ne s'autorisait pas de ferme les yeux. Trop occupé à fusiller du regard ma gouvernante. Micaela ne se sentait pas à l'aise en sa présence non plus. Plus le temps passait, plus je pouvais la voir surveiller Lake du coin de l'œil. Comment pouvait-elle inspirer la peur en un regard ?

Micaela était une femme généreuse. Elle vivait dans mon monde depuis de longues années. Cela ne lui avait jamais fait perdre son cœur pur. Elle ne méritait pas le mépris de ma prisonnière. J'envoyais, alors, Mathias retiré la garde de Lake à la pauvre femme. De plus, j'espérais en laissant Lake seule, une réaction de sa part. Allait-elle tenter l'impossible ?

La porte s'ouvrit et Micaela quitta la chambre, rapidement. Je pouvais suivre Mathias escorter celle-ci jusqu'à moi, à travers les caméras disposées dans chaque couloir. Je reportais mon regard sur la chambre de Lake. Elle fixait la caméra avec hargne et leva son majeur. Je me surpris à ricaner de sa défiance.

Mathias laissa passer ma gouvernante dans la salle et celle-ci croisa les bras, l'air mécontente.

- Cette jeune fille a besoin d'apprendre les bonnes manières. Elle parle très mal.

- Elle te fait peur ?

- Oui. Qui s'est de quoi elle est capable... mais elle possède quelque chose que je ne parviens pas à déterminer... il y a quelque chose de triste chez elle...

Je détournais le regard sur la jeune femme. Quelque chose de triste ? Je ne parvenais pas à entrapercevoir ce qu'elle pouvait voir en elle. Je ne voyais pas une femme triste mais une femme révoltée.

- Elle me fait penser à un animal blessé.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Elle transpire la peur, monsieur Chavez. Cela a effet, sur elle, de déclencher des systèmes de défense... par la colère. C'est en cela qu'elle me fait peur. Un animal battu ne fait plus confiance à l'homme, et peut attaquer tous ceux qui l'approchent. Vous comprenez ?

Si je comprenais ?! Cela était un langage que je côtoyais depuis toujours. L'analyse de Micaela ne faisait que confirmer que ce Omarosa avait causé des dégâts irréversibles sur elle. Qu'en était-il de ces méfaits ?

Étrangement, je m'investissais plus que de raison. Je ressentais une pointe d'agacement à ses suppositions. Je n'étais pas homme de cœur, cependant, je n'en étais pas dépourvu. Je savais reconnaître l'innocence. Lake était entre mes mains. Elle était, donc, sous ma responsabilité. Sa vie m'appartenait. Cela me revenait de lui faire vivre l'enfer, ou de l'épargner. Cependant, je ne comprenais toujours pas ma détermination à la retrouver. Je ne comprenais pas ma volonté à connaître la personne qu'elle était. Cet aspect de sa captivité ne me plaisait pas. Néanmoins, je ne pouvais lutter contre. La curiosité était un vilain défaut, d'après l'adage populaire. Je pouvais me vanter de l'être. Cela était insidieux et parcourait mes veines.

- Très bien ! Tu peux y aller, la libérais-je.

Elle ne se fit pas prier. Cela faisait trois bonnes heures qu'elle poirotait dans la chambre de Lake. Elle devait avoir la bougeotte. De plus, elle avait des rangs à faire fonctionner dans le manoir.

- Luis vient de me contacter, monsieur Chavez, m'informa Mathias en entrant à nouveau dans la pièce.

- Des nouvelles ?

- Omarosa Thomas vient d'embarquer.

Ainsi, il serait à ma porte le lendemain, comme je me doutais. Il semblait avoir réellement hâte à la retrouver. Avais-je fait une erreur ?

Après l'examen de Micaela, de la jeune femme, je commençais à me rendre compte des ravages qu'il avait produits chez ma jeune prisonnière. J'avais décidé de tenter de gagner sa confiance afin d'obtenir ce que je souhaitais. À présent, je soupçonnais qu'avertir Omarosa n'était pas une bonne idée. Ce type l'avait vraisemblablement détruite. Il avait fait d'elle ce qu'elle était. Une femme méfiante, solitaire, craintive et féroce. Elle ne semblait être, au premier abord, être enrager, ni en souffrance, mais je ne pouvais que me fier à ma gouvernante. Elle savait cibler et lire les gens. Rien ne pouvait lui échapper. Elle lisait les âmes. Cela était un don précieux.

Ma décision, de cette rencontre, était remise en question. Encore une réflexion que je ne comprenais pas. Pourquoi m'en souciais-je autant ? Qu'en avais-je à faire de la souffrance de la femme ? Cela n'était pas mon but premier, de la faire souffrir ? Même de mettre fin à sa vie ?

Irriter par les pensées qui me traversaient, je quittais précipitamment la salle de contrôle. Je pensais avoir Lake sous ma coupe et pouvoir faire d'elle ce que je souhaitais.... Mais je me rendais compte, que plus je l'observais, plus cela était elle qui avait le contrôle sur moi. Je ne savais pas comment elle s'y prenait mais il fallait que je m'éloigne de cette sorcière. Elle allait subir ce qui était prévu ! 

Dance in the flamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant